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La sexualité dans la civilisation et ses mythes

Les vestiges d’Hohle Fels, de Vogelherd ainsi que de la grotte voisine de Geissenklösterle attestent l’existence d’une tradition musicale au cours de l’Aurignacien, lors des toutes premières installations des humains modernes dans la région du Danube septentrional. Le développement d’une tradition musicale à l’Aurignacien s’est fait conjointement à l’apparition d’un premier art figuratif et de nombreuses innovations, incluant une large collection d’ornements personnels, ainsi que de nouvelles techniques lithiques et organiques. Aucun effet direct sur l’économie ou la reproduction ne peut être imputée à l’existence d’une tradition musicale chez les populations du Paléolithique supérieur, mais la musique aurait sensiblement contribué à améliorer la cohésion sociale et de nouvelles formes de communication. Indirectement, cela aurait ainsi favorisé l’expansion démographique des humains modernes contrastant en cela avec les traditions culturelles plus conservatrices des populations néandertaliennes.

 

Sur le site de Hohle Fels la vallée de l'Ach (dans le sud-ouest de l'Allemagne), on a découvert une statuette sculptée dans de l'ivoire de mammouth datée d'environ -33 000 ans (dépôts de l'Aurignacien, période culturelle d’il y a 37 000 à 29 000 ans), la plus vieille représentation connue du corps féminin. Avant cette découverte, les animaux et les images thérianthropiques (d'humains-animaux, notamment la femme-lionne) dominaient dans cette région : les images de femmes étaient complètement absentes dans l'Aurignacien souabe et rares au Paléolithique supérieur (d’autant plus que cette œuvre d'art est antérieure d'au moins 5 000 ans aux Vénus bien connues du Gravettien – il y a 29 000 à 22 000 ans – comme la Vénus de Lespugue, découverte en Haute-Garonne et qui est vieille d'environ 25 000 ans). Cette Vénus du Jura souabe a été retrouvée à 20 mètres de l'entrée de la grotte, mesure près de 6 cm de long, 3,5 cm de large, un peu plus de 3 cm d'épaisseur et pèse 33 grammes. Ce corps de femme est doté d'une opulente poitrine et de larges hanches, les fesses et les parties génitales sont disproportionnellement grandes et détaillées. Ainsi, la clarté des attributs sexuels fait penser qu'il s'agit d'une expression de la fertilité.

 

La localisation d’une flûte en os à seulement 70 cm de la figurine féminine du même âge suggère l'existence d'un lien contextuel entre ces deux vestiges.

Cette grande flûte à cinq trous avait été fabriquée dans un radius (os long de l’extrémité de l’aile) de vautour fauve (sachant qu’on a également retrouvé une flûte en ivoire a été retrouvé dans la vallée de Lone, la technique de confection à partir de cette matière étant autrement plus complexe que celle à partir d'un os d'oiseau) et témoigne du fait que les tout premiers Homo sapiens jouaient déjà de la musique (des flûtes en os d'oiseaux avaient également été exhumées sur le site d'Isturitz dans les Pyrénées françaises).

 

Plus proche de nous, la tradition sémitique nous apprend que d’origine divine, la musique serait directement liée à la création du premier Homme, Adam.

Au début de la Genèse (de source notamment suméro-sémitique), Caïn (« forgeron » ou encore « j'ai acquis »), fils aîné d'Adam et Ève, tue son frère cadet Abel (souffle, vapeur, existence précaire) par jalousie. Cultivateur, l'offrande agricole qu'il fait à Dieu n'est pas agréée, à la différence de celle d'Abel (des premiers-nés de son troupeau et leur graisse : don de la vie et du sang, liés à la fertilité humaine). Caïn en est irrité, Dieu le lui reproche, et l'invite à changer d'attitude. Cependant Caïn tue son frère dans un excès de jalousie. Cela pourrait représenter des conflits anciens entre des cultures de type Chasseur-cueilleur ou d'éleveurs nomades, face aux cultures nouvelles se développant chez les peuples se sédentarisant grâce à l'agriculture et à un élevage non nomade. Le mythe pourrait décrire symboliquement le fait que l'agriculteur interdise à son frère nomade l'accès aux terres (et eaux) les plus riches, désormais de plus en plus exclusivement réservés et dédiés à l'agriculture, à la pisciculture et à la coupe du bois puis à la sylviculture... au détriment de l'itinérance vitale aux nomades et possesseurs de troupeaux itinérants. On pourrait alors parallèlement voir dans ce mythe l'opposition entre d’une part les cultures nouvelles de l'espace privatisé (marqué par les clôtures, les contrats de propriété et une gestion défensive de l’espace) et d’autre part les cultures de l'espace partagé (géré selon la coutume et d’autres modes de gestion des conflits). Caïn sera souvent représenté vêtu d'une peau de bête, évoquant l'animal, le chasseur, ou un caractère « sauvage », voire la violence potentiellement explicative de ce mythe du premier meurtre. Le mythe pourrait alors - de ce point de vue - être à la fois l'expression d'une culpabilité refoulée (Cf. la colère de Dieu, l'Œil de Dieu, etc.), et de deux tendances intérieures - individuelles et collectives - qui chez l'homme s'opposent encore : le civilisé sédentaire, et l'itinérant (doublement refoulé selon cette interprétation du mythe).

Caïn prit le chemin de l'exil et se fixa au pays de la fuite, à l'est d'Éden (dans la Terre de Nod). Il emmena avec lui sa femme, une fille non nommée d'Adam et Ève. Après la naissance d'Hénoch (l’initié), Caïn se mit à bâtir une ville (plutôt le premier village fortifié), qu'il appela d'après le nom de son fils. Ses descendances sont citées en partie et se distinguent par une vie de nomades et d'éleveurs de troupeaux, mais aussi par le maniement d'instruments de musique, dans le martelage d'outils, et dans la pratique de la polygamie et de la violence.

Suivons la Genèse (4:15). « Yahweh répondit : Aussi bien, si quelqu'un tue Caïn, on le vengera sept fois et Yahvé mit un signe sur Caïn, afin que le premier venu ne le frappât point. Caïn se retira de la présence de Yahvé et séjourna au pays de Nod, à l'orient d'Éden. Caïn connut sa femme, qui conçut et enfanta Hénoch. Il devint un constructeur de ville et il donna à la ville le nom de son fils, Hénoch. À Hénoch naquit Irad, et Irad engendra Mehuyaèl, et Mehuyaèl engendra Metushaèl, et Metushaèl engendra Lamek ».

Caïn fut ange de la mort durant 130 ans, errant, pourchassé par la malédiction. Il se présente sous la forme d'un animal ou d'un demi-dieu (comme les Satyres, Dionysos ou Pan, tous liés à la fête et à la sexualité/fertilité). Son aspect signifierait en fait qu'Ève (voire Lilith, la première femme avant Ève, qui aurait copulé avec le serpent) l'aurait eu d'un rapport sexuel avec le démon.

Caïn gémissait et tremblait vu son grand âge. Un des ses descendant devait l'aider à marcher. Lamek qui n'y voyait pas très clair pris Caïn pour un gibier en entendant un animal errant dans la forêt et lui décocha une flèche. Il tua ainsi autant Caïn que son accompagnateur, l’un de ses fils.

Comme les filles de Caïn ne pouvaient pas s'unir aux fils de Seth (suite à la honte jeté sur Caïn), et à cause de la terre restée incultivée (Lamek doit restituer ce que Caïn a perdu, la fertilité du sol), Lamek mit fin à l’autre lignage voisin issu de Caïn afin de préserver son patrimoine, en pratiquant l'inceste (nombres de peuples interdisent l’inceste, sauf pour les dirigeants, afin justement de conserver la communauté au sein d’un même clan royal). Dans la même heure, la terre ouvrit sa bouche et avala les quatre familles (celle d’Hénoch, Irad, Mehuyaël, Metushaël) et Lamek devint l'ange de la mort.

Il s’agit là d’un vieux chant guerrier appelé « le chant de Lamek », premier exemple que nous ayons de poésie hébraïque. C’est un appel à la vengeance. Il revendique, pour une offense faite, une vengeance sans limite. À cette époque, on pouvait exercer une vengeance largement supérieure à l’offense. La loi du Talion, provenant du Code de Hammourabi, limitera cette vengeance en demandant de ne pas exercer une sanction qui la dépasse. C’est ce que nous avons dans le fameux dicton : « Œil pour œil, dent pour dent » (Exode 21,24). Caïn étant l’ancêtre des forgerons, ils ne manqueront effectivement d’armes pour qu’il soit vengé. Lamek dit en effet à ses femmes : « J'ai tué un homme pour une blessure, un enfant pour une meurtrissure ». C'est que Caïn est vengé sept fois, mais Lamek septante-sept fois ! ».

Ce récit pointe donc le développement du mal dans le monde autant que son partenaire (en tant qu’alliance du sabre et du goupillon), la religion (sous l’arbre d’Adam, arbre de la connaissance du bien et du mal, les « descendants de Seth commencèrent d’invoquer le nom de l’Eternel au son du kinnor »).

 

Lamek prit deux femmes (premier cas de polygamie dans la Bible) : le nom de la première était Ada et le nom de la seconde Tsilla. Ada enfanta Jabal : il fut l'ancêtre de ceux qui vivent sous la tente et ont des troupeaux. Le nom de son frère était Jubal : il fut l'ancêtre de tous ceux qui jouent du kinnor (une lyre-cithare horizontale à 9 cordes, présente chez les Sumériens et les Akkadiens) et de la flûte. De son côté, Tsilla enfanta Naama et son frère Tubal-Caïn : il fut l'ancêtre de tous les forgerons du cuivre et du fer.

Yahweh donna pouvoir aux fils de Lamek de fabriquer des instruments de musique : Jubal fut la souche de ceux qui jouent du kinnor, inventé par Lamek lorsqu’il fabriqua le luth [Lamek aimait tendrement son fils Jubal. À la mort de celui-ci, il suspendit le corps à un arbre. Avec le temps, les jointures des articulations cédèrent l'une après l'autre et bientôt du fils bien aimé, il ne resta plus que la cuisse, la jambe et le pied avec ses doigts. Lamek voyant ce spectacle fut saisi d'une étrange inspiration. Il prit un morceau de bois, le tailla et le rabota avec soin pour en faire un instrument dont le corps avait la forme de la cuisse, le manche, la forme de la jambe et le bec celle du pied. Quant aux chevilles, elles imitaient les doigts et les cordes que Lamek fixa formaient les vaisseaux. Il regarda l'instrument et l'appela le luth/kinnor], Tubal-Caïn inventa le tambour et les cymbales fabriqués en bronze et fer, Dilal (une des filles de Lamek) créa la harpe.

Ces descendants de Caïn ne savaient rien de Yahweh. Pire, eux qui jouaient des cithares et des lyres et se mirent à forger des armes de guerre, furent les premiers à commettre l'adultère.

La chute des enfants de Seth (lui-même troisième fils d’Adam et Ève ; enfanté juste après la mort d’Abel, son nom signifie « fondation du monde »), qui mènera au Déluge, commence par la fabrication des instruments de musique. Les filles de Caïn (via Lamek, les fils de Caïn ne jouant ici aucun rôle) sont directement liées à la musique et à la cause de la débauche, par leur union avec des fils de Seth. En effet, depuis que les fils de Lamek ont inventé la musique (notamment Jubal qui créa la flûte Abbuba, instrument qui aurait donné le nom « Ambubaiae » aux prostituées syriennes), le culte et la justice de Yahweh furent corrompus par la plupart des gens : en organisant des banquets et des festins, en jouant de la musique, ils se livrèrent à l'ivresse et à la luxure, ceci lié au culte des astres et du feu (sexuel) ainsi qu'à celui des statues (notamment Inanna/Ishtar lors du mariage sacré et de la prostitution sacrée).

 

 

Depuis toujours, le groupe socioprofessionnel des musiciens et chanteurs a eu une importance particulière et souvent même extraordinaire. Chanteurs et chanteuses transmettent un savoir, et peuvent fréquemment être définis comme une élite proche du pouvoir politique : dans des civilisations où le Peuple est maintenu dans l’ignorance et l’illettrisme, les chanteurs véhiculaient des informations importantes, des histoires, des mythes, des hymnes, des incantations ou prières. En effet, dans l’Orient ancien, les épopées, les mythes et hymnes royaux ainsi que d’autres productions ont été créés pour être écoutés (les auteurs d’œuvres littéraires du –IIIè millénaire étaient des musiciens), que les chanteurs récitaient, accompagnés par différents musiciens et instruments (le lien étroit entre technique d’écriture et de chant peut être observé grâce aux sagesses sumériennes, dont la tradition remonte jusqu’à l’époque prédynastique, vers -2 600). Ainsi, le gala/kalû et le nar possèdent toute la science, ce qui indique des études à la fois étendues (l’apprentissage s’étalait sur trois ans, au sein du temple ou du palais royal) et approfondies, pour cette raison, les musiciens sont souvent énumérés parmi les savants. Lire et écrire était la base du savoir des savants, comme les astrologues, les exorcistes, les devins ou les poètes. Ainsi, les musiciens appartenaient à l’élite (alors que les poètes non), au contraire de nombreux scribes qui exerçaient une activité plutôt artisanale et qui ne jouissaient pas tous d’un rang social très élevé. En effet, la récitation régulière de la musique était comprise comme l’enracinement de la religiosité dans la vie quotidienne.

À partir du milieu du –IIIè millénaire, des musiciens furent liés au palais. Ces musiciens de rangs variés travaillaient pour le roi, se livraient à des prestations lors de fêtes ou de cérémonies, et pouvaient accompagner le roi dans ses voyages. Manifestement, ce fut le but du pouvoir politique et religieux de promouvoir des artistes, le but de la manœuvre étant le renforcement de l’image du souverain parmi la population (pour ce qui est des grandes maisons, on sait que les nobles avaient également chez eux des musiciennes).

 

Les corpus des chants d’amour sumériens les plus anciens et les plus poétiques datent de l’époque de Shulgi (-XXIè siècle), se dernier se vantant d’être lui-même poète et musicien. Dans ces chants, et dans des textes similaires, Dumuzi et Inanna sont décrits comme les amoureux exemplaires. Il est à noter que les belles-lettres des Sumériens et des Babyloniens ne connaissaient pas encore de lyrique profane, dans laquelle l’habitant d’une ville pouvait faire l’éloge de sa bien-aimée, mais uniquement des chants qui se situent dans un contexte officiel. Les « chants de poitrine » ne mentionnent que le roi comme protagoniste des actes sexuels : on n’évoque ou ne nomme que le représentant de la cité, le roi, qui tenait la place des dieux dans la communauté des humains ; ces chants ont un contexte rituel et constituent une demande de fertilité pour tous les humains. Tous les hymnes ont été composés dans les cours princières, sur ordre du roi, avec l’intention d’ancrer la royauté dans la sphère sacrée.

Quand, à l’époque paléo-babylonienne, les noms des amoureux sont mentionnés dans les textes, il s’agit toujours du roi en place et d’une femme ou d’une déesse. Dans ces textes, on attribue au roi le rôle du dieu-berger Dumuzi. Ces textes font la louange de sa partenaire bien-aimée, « avec laquelle il s’entretient » et « dont le giron le ravit » (le giron, dans le sens de pans de vêtement, est l’espace qui s’étend de la ceinture aux genoux d’une personne assise, au figuré il signifie le sein d’une mère), en lui donnant le nom de la déesse de l’amour Inanna/Ishtar. Le dieu-berger Dumuzi, époux de la déesse sumérienne Inanna, appartenait déjà à cette époque aux divinités des Enfers. Dans le mythe de « La descente d’Inanna aux Enfers », il est banni dans le royaume des morts en remplacement de la déesse Inanna, qui doit revenir sur terre pour accomplir son rôle de déesse fertilisatrice. Dumuzi doit régner une partie de l’année (automne et hiver, les saisons de mort végétale) sur ce territoire sombre et infertile. Ainsi, lui et la déesse sont très liés à la mort et aux Enfers : dans ce rôle, ils aident les vivants à supporter les maladies ainsi qu’à recouvrer la santé et la fertilité.

À partir du –IIè millénaire, Dumuzi prend un nom d’apparat, Ama-ushum-galana. Cette appellation est liée à la situation rituelle particulière de la fête du Nouvel An. À ce moment-là, le destin du pays était à nouveau fixé. La vie et la fertilité du pays étaient évoquées par des chants (notamment les « chants de poitrine », irtum, dédiés à Inanna) et des représentations rituelles : le dieu-berger, remplacé symboliquement par le souverain, devait s’accoupler rituellement avec la déesse. En effet, la raison d’être de ces chants était le désir d’amour au printemps : « Allons nous aimer l’un l’autre, ne dormons pas de toute la nuit ! Criant d’allégresse, je veux jubiler avec toi ! Que la déesse nous unisse tous deux dans le lit ! Lève les « fruits » et réveille les « chéris » à la vie : que ton feu soit en abondance pour moi ! ». Pour information, le terme jubilé signifie « bélier », premier signe zodiacal – lié au feu, symbole sexuel – puisque le « premier point du Bélier » est le point vernal, point de l'équinoxe de printemps du 21 mars. Le jubilé (le verbe signifie « éprouver une grande joie, une satisfaction profonde, se réjouir » autant que « chanter dans l'allégresse »), anniversaire joyeux d'un évènement dont les effets se prolongent dans le temps (mariage, règne, naissance d’un prince) ou année spéciale qui a lieu périodiquement, était traditionnellement annoncé à l’aide d’un chofar, instrument à vent fabriqué avec une corne de bélier. Dans d’autres contextes, « jubiler » signifiait d’une manière retenue, avec le mot akkadien siâhum (« rire joyeusement, flirter »), l’infidélité conjugale. « Rire » était d’ailleurs un doux euphémisme pour l’union procréatrice et l’amour physique, « se réjouir » ou « pousser des cris joyeux » servant également à décrire des jeux amoureux. Il faut dire que le langage de l’amour et des amoureux était (souvent, pas toujours) retenu et soigné, plein de métaphores ou d’allusions discrètes, l’union charnelle n’étant évoquée que de manière indirecte : les amants ne s’expriment que par des images (mais suffisamment claires pour que nous puissions encore aujourd’hui les comprendre par association d’idées, comme langage universel de l’amour). Ainsi, les parties génitales de l’homme (Dumuzi, le roi) ou de la femme (Inanna/Ishtar) sont comparées à des fruits ou à des végétaux. Pour décrire l’acte sexuel, on se promène dans un jardin fleuri, plein d’arbres fruitiers, ou au milieu d’une abondance de légumes : les amants « fleurissent » comme un « jardin de pommiers » (la pomme étant le symbole d’Inanna/Ishtar : sa forme sphérique rappelle la poitrine féminine, tandis que son cœur coupé en deux est censé rappeler la vulve – on parle ainsi de l'acte sexuel comme « croquer la pomme » ; la forme sphérique de la pomme faisait aussi d’elle un symbole cosmique, c’est pourquoi les empereurs et les rois étaient représentés tenant à la main, à côté de leur sceptre, un globe impérial en forme de pomme, qui est censé symboliser le monde), il ou elle est comme une « salade bien arrosée », pleine de jus et d’abondance, « je suis prêt pour tes fruits », « elle cherche le jardin de ton opulence amoureuse ». De même, Inanna souhaite de la part de Dumuzi : « Ma nudité, la terre humide est bien arrosée, qu’elle soit labourée ! » ce à quoi un chanteur répond « Jeune dame (ou Inanna), que Dumuzi le roi la laboure ! ». D’autres chants font la louange de l’attente du moment du jeu amoureux : « Pour cette nuit, pour ce soir … », « Aujourd’hui mon cœur est plein de jeu et de musique ».

 

Après qu’ils se soient courtisés, lors de fêtes officielles avec danses et chants dans les rues, les préparatifs du mariage débutent et mènent à l’union charnelle des deux amants. L’épouse divine est parée avec art, et chacun de ses atouts précieux est chanté en détail : son corps sans défaut, son collier de lapis-lazuli importé d’Afghanistan, ses ornements de chevelure dorés (l’or venant d’Égypte ou de Palestine) et les anneaux précieux qui entourent chacun de ses membres. On la baigne et l’oint d’huiles parfumées, on la revêt d’habits particuliers et précieux. Le lit nuptial et la chambre sont préparés. Après cela, l’époux entre dans la pièce et s’unit à la déesse. Le jeu amoureux entre le roi (Dumuzi) et la personne sacrée (prostituée du temple ou la reine) ou la statue de la déesse de fertilité, est évoqué sous forme d’une représentation scénique pleine de symbolisme, qui se déroulait dans le sanctuaire devant une assistance très réduite (les hauts dignitaires, prêtres et nobles du royaume). L’accouplement rituel était ainsi un symbole pour l’éveil de fertilité, de tous, humains, animaux et végétaux. Le pays en retirait comme bénéfice bien-être, santé et fertilité pour la population, ainsi que bénédictions et abondance pour le bétail et pour les champs dans l’année nouvelle. L’union amoureuse entre la déesse et le roi en était la signification métaphorique : on dit lors de l’union charnelle d’Inanna et de Dumuzi que « le lin s’est levé, l’orge s’est levé avec elle (Inanna) ! La plaine s’est remplie grâce à elle comme un jardin fleuri ! ». L’union charnelle officielle était alors suivie par un banquet somptueux. En effet, les chants d’amour liaient fertilité et procréation, « se réjouir étant le fondement de la ville ! ».

 

Les chanteurs se produisaient lors de cultes, de banquets à côté de prêtres, de souverains ou d’autres personnages importants, les musiciens exerçaient leur art dans les temples ou à la cour royale. Un mythe sumérien relatif aux fondements de la civilisation sumérienne mentionne le nam-nar (musicien) comme un cadeau du dieu Enki (dieu de l'eau douce et de la prospérité, la « source génératrice de vie », le dieu de l'intelligence, de la création et de la destinée ; troisième dieu de la triade mésopotamienne, il y représente l'intelligence et la sagesse ; ses attributs sont la chèvre et le poisson ; il est accompagné d'arbres symbolisant les aspects mâles et femelles de la nature, représentant ses capacités créatives) à la déesse Inanna/Ishtar (déesse de l’amour physique et de la guerre, régissant la vie et la mort ; elle est, comme étoile du matin, la déesse de l’Élan du guerrier et, comme étoile du soir, celle de l’Éveil de l’amour ; elle a un aspect hermaphrodite). Les hymnes divins et royaux constituaient les obligations les plus importantes des musiciens–nar.

 

Les désignations les plus importantes pour le prêtre-lamentateur (poète/chanteur poussant des plaintes accompagnées de gémissements et de cris) sont gala (sumérien)/kalû (akkadien), sachant qu’il était spécialisé dans les chants de lamentation (suite à une défaite, une catastrophe au sens large) ou de deuil.

Pour information, le chanteur-acteur est envisagé sur le même plan que le renard et le menteur, alors que le lamentateur (ou chanteur cultuel) est plutôt envisagé dans le même domaine que le bœuf (le chant des lamentateurs était large et tonnant comme un mugissement de bœuf, les Sumériens appréciant l'appel long de cet animal, symbole de fertilité et lié à Inanna/Ishtar) et le chien (on parle d’ailleurs des « hurlements prolongés des chiens lamentateurs », le chien étant considéré comme l’animal des Enfers puisqu’il gratte le sol et s’attaque aux carcasses d’animaux). Il est d’ailleurs à noter que le chien était le symbole de Gula, déesse de la médecine, sachant que la danse et la musique pouvaient servir dans le traitement des patients, la médecine ancienne ayant recours à la magie.

À Babylone, à Sumer et en Assyrie, certains types d'individus qui remplissaient un rôle religieux au service d'Inanna/Ishtar ont été décrits comme un troisième genre. Ils pratiquaient la prostitution sacrée (hiérodule), la danse extatique, la musique et le théâtre, portaient des masques et des caractéristiques des deux autres genres. Des hommes pouvaient avoir une relation sexuelle avec un des membres de l'équipe chargée du culte d'Ishtar, qui n'avaient pas de libido, soit par une caractéristique naturelle, soit suite à une castration. À Sumer, le nom qui leur était attribué était « chien/homme-femme » (kalû/keleb signifie « chien », mais aussi esclave ou serviteur ; chienne signifie « inverti sacré » : « Tu ne laisseras pas entrer dans la maison de YHWH le cadeau d'une prostituée zona ni le salaire d'une chienne keleb ») et ils étaient aussi décrits comme homme-femme. « Vivants comme des femmes », on utilisait aussi les qualifications d'hermaphrodites (les sinnisānu, littéralement « comme des femmes », reliés au dieu lunaire Sîn ; une des plus importantes divinités des panthéons du Proche-Orient ancien, on le vénérait alors comme le « Père des dieux » ou le « Créateur de toute chose », le « Seigneur du Savoir » ou le « Seigneur de la Vie ».), eunuques, homosexuels, travestis, hommes efféminés (entre autres).

 

De même, le mythe sumérien de « La Descente d'Inanna aux Enfers » raconte qu’Inanna/Ishtar fut tuée par sa sœur et ennemie jurée Ereshkigal et reposait aux Enfers. Enki confectionna deux êtres asexués, le kurgarrû, auquel il confie la « nourriture de vie », et le kalaturru, auquel il confie le « breuvage de vie ». Il les envoie aux Enfers, où ils se disent chargé de ramener le corps d'Inanna au Ciel. Ereshkigal accepte, et ces derniers ramènent la déesse à la vie avec la nourriture et la boisson confiées par Enki. Ainsi, ces acteurs du culte-kurgarrû (catalogués parmi les chanteuses), qui avaient leur place fixe dans les temples, sont à identifier avec des figurants qui dansaient, chantaient ou jouaient lors de cérémonies cultuelles.

À Ninive comme dans toute la Mésopotamie, le Peuple assistait à des processions de serviteurs du culte et de musiciens/musiciennes entonnant les « chants des colombes de la déesse Ishtar de Ninive » depuis le palais royal vers le temple d’Inanna/Ishtar. Ces festivités du Nouvel An correspondaient au retour des divinités dans leur temple, après avoir passé les saisons mortes (automne et hiver) au palais : étaient ainsi associés le retour des dieux et du roi.

Les musiciennes jouaient des cymbales et des tambours (quelques-unes des lyres à tête de bovin, animal sacré de la déesse de l’amour et de la fertilité Inanna/Ishtar – la lyre était d’ailleurs appelée par les Hittites, indo-européens voisins des sumériens et des akkadiens sémites, « le bois de la déesse Inanna »), les musiciens imberbes avec chapeau étaient des lamentateurs kalû. Il n’existait pas d’équivalent féminin pour les lamentateurs kalû, bien qu’au -IIIè millénaire ce métier ait pu également être exercé par des femmes.

 

Lorsque le roi convoquait à sa capitale pour les grandes commémorations tribales les membres de sa famille ainsi que ses serviteurs (ces derniers en faisant autant pour leur entourage), s’opérait alors de grands rassemblements populaires. Or on sait que ces derniers ont toujours été des moments où l’occasion religieuse de la fête se doublait de divertissements moins sacrés (notamment la prostitution) qui avaient leurs traditions propres et leur logique économique particulière (notamment concernant les marchandes de plaisir). Ainsi, on pouvait même voir des musiciennes gagner leur vie grâce à leurs charmes lors des grandes occasions sacrées, des foires qui y étaient liées ou lors de fêtes. En effet, les artistes (autant féminins que masculins) jouaient ou dansaient nus (seins nus pour les danseuses alors que les musiciennes portaient des vêtements égyptiens transparents). Il est à noter qu’il existe une plaquette en argile provenant de Larsa qui montre un homme nu jouant du luth faisant l’amour avec une femme tenant un tambour dans une main et le sexe de l’homme dans l’autre. Portant une robe fendue et ayant de longs cheveux bouclés, la femme peut être identifiée comme une kezertum, tant musicienne que prostituée.

 

Mari : Il y avait davantage de musiciennes que de musiciens (ces derniers vivant à l’extérieur du palais royal). De nombreuses musiciennes vivaient dans l’entourage royal, certaines pouvant avoir le rang de concubines (sur 600 femmes du harem, il y avait plus de 200 musiciennes ; on note des cas isolés de musiciennes-solistes de très haut rang qui vivaient à la cour des rois du –IIIè millénaire au –Ier millénaire) et recevaient régulièrement des allocations d’huile ou de céréales. De même, des listes de rations de plusieurs temples du –IIIè millénaire attestent que de nombreuses musiciennes et leurs enfants étaient engagés sur plusieurs années consécutives. Pour autant, il était également possible que ces engagements aient été à durée déterminée, car les musiciennes pouvaient ensuite se retrouver dans d’autres fonctions, par exemple dans des ateliers de tissage.

 

Le harem n’était pas uniquement le lieu de vie des femmes du palais, c’était aussi une institution servant au prestige du roi : posséder un harem important était synonyme d’être un roi puissant. D’ailleurs, les rois augmentaient le nombre des femmes de leur harem, et notamment des musiciennes, au fur et à mesure des guerres qu’ils gagnaient. De même, parmi les coutumes diplomatiques de l’époque, l’échange de cadeaux entre souverains tenait une place essentielle, les musiciennes étant des « présents » très recherchés. Ainsi, si l’on trouvait un grand nombre d’apprenties musiciennes dans le palais de Mari, c’est qu’une partie d’entre elles était destinée à être offerte à des souverains étrangers (ou à des hauts dignitaires pour services rendus). C’est ainsi que le premier ministre du roi d’Alep se déclara prêt à intervenir en faveur du dernier roi de Mari auprès de son souverain, si une musicienne lui était envoyée depuis Mari. Toutefois, on avait parfois du mal à se séparer des musiciennes de talent et, de ce fait, certaines requêtes se heurtaient à un refus, parfois motivé par des raisons religieuses.

Quoi qu’il en soit, le fait que des musiciennes furent échangées entre Hazor en Palestine et la cour de Mari, ou entre Mari et Alep (Syrie), Babylone et Karkemish, Eshnunna et Larsa (Irak), fait comprendre que ce jeu de dons et de contre-dons a contribué de manière significative à l’unification culturelle du Proche-Orient à ces époques anciennes.

 

La fonction principale d’un chef de musique, personnage de haut rang, consistait à gérer la vie musicale de la capitale et devait donc organiser les musiciens en ensembles (chœurs et orchestres). De ce fait, ils étaient en contact avec le monde du harem (les femmes liées à l’art musical n’étant jamais mentionnées en relation avec le « conservatoire », lieu de transmission des antiques traditions culturelles et atelier de réparation des instruments et des objets de culte). C’est pour cela qu’à plusieurs reprises des missions matrimoniales leur furent confiées.

Les musiciennes ne servaient pas qu’à égayer la vie profane du palais : elles jouaient aussi un rôle dans le culte et les rituels à Ishtar (déesse de l’Amour montée sur un taureau), où elles intervenaient à côté des musiciens et des lamentateurs. Tout ce monde faisait partie du personnel de base (à côté des personnes responsables de l’entretien quotidien du temple) et participait aux activités cultuelles quotidiennes, avec des prêtres, des joueurs de flûte ou des montreurs de serpents et d’ours.

 

Ebla : le personnel qui était impliqué dans la musique n’habitait pas le palais royal mais au contraire était en lien étroit avec le temple. Par contre, les chanteuses, et avant tout les danseuses, vivaient dans le palais royal.

La musique et la sexualité étaient très liées : à côté des musiciennes, concubines des rois et des nobles, de nombreuses catégories de femmes, notamment des « prostituées », pratiquaient également la musique. Pour les hommes, il existait deux catégories de musiciens : les barbus et les imberbes, ces derniers appartenant aux serviteurs royaux, les eunuques, la pratique de la castration ayant existé à toutes les époques du Proche-Orient ancien.


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Un culte se développa autour du phallus. Ce qui coïncide également avec l'abandon des cultes des déesses et le repli exclusif sur le culte d'un dieu de sexe masculin.

 

En matière de sexe, les Mésopotamiens semblent avoir tout pratiqué, les Égyptiens ne cachent pas leur sexualité parfois débridée, et les Grecs, qui vouent au corps un véritable culte, tiennent l’homosexualité pour la forme la plus raffinée de l’amour, même entre un homme adulte et un adolescent, la relation étant autant physique qu’intellectuelle (même les Romains, moins tolérants, n’y étaient pas opposés).

Les anciens Grecs donnaient une place importante aux dieux et plusieurs d'entre eux étaient connus pour leur activité sexuelle. Apollon, Aphrodite, Dionysos, Hermaphrodite, Narcisse, Priape... chacun était une métaphore de la sexualité humaine, réelle ou imaginée. À travers les récits de la mythologie, les Grecs apprenaient à différencier le bon du mauvais, la gestion des pulsions d'Éros.

Dans la foulée de l'expérimentation sexuelle, presque obligatoire pour être reconnu comme disciple d'Éros, nombreux sont les hommes et les femmes qui se retrouvent confrontés à des problèmes sexuels dont ils ne comprennent pas la cause. Affolés qu'ils sont lorsque le corps fait défaut.

Dans une rencontre sexuelle dé-sentimentalisée, ils découvrent avec stupeur les secrets profonds de l'homme ou de la femme. 

 

Excepté Inemes, la déesse de l’amour, les dieux de Chuuk n’interviennent pas souvent dans la vie des humains.

 

croyances irlandaises, il existait des figures féminines vierges et incarnant la royauté, comme Athéna ? Ou qu’à Rome, les Vestales étaient également vierges et entretenaient des relations avec les vestiges qui subsistaient de l’ancienne royauté

Le Point

 

Le monde naît du divin. Un dieu créateur sort de l’œuf, forme parfaite et réservoir illimité des possibles. Les dieux créateurs des premiers âges donnent naissance à des monstres, symboles des éléments naturels (eau, terre, feu, sécheresse, froid, etc.) : des dragons immondes en Mésopotamie, des Titans et des Cyclopes pour les Grecs. Ces monstres se disputent et s’entredévorent sous le regard agacé de leurs géniteurs, eux-mêmes repoussants. Le serpent est l’une des figures les plus fréquentes : à Sumer, c’est une femme qui à l’origine du monde, femelle reptilienne et sauvage, Tiamat.

Le créateur est un dieu solaire (Rê, Atoum, puis Amon et Ptah : Khépri le matin, Atoum le soir, Rê éternellement). Une fois émergé, le créateur se trouva dans un état de solitude absolue, obligé de tirer de lui-même les substances dont seraient issus les autres êtres : la divinité anthropomorphe pouvait faire germer sa semence dans sa main ou dans sa bouche : « Il a fait la totalité lorsqu’il s’accoupla avec son poing en jouissance ».

Amon-Rê le taureau, le maître de Thèbes.

Neith/Noun : « tu as dissocié pour nous la blanche aurore de la nuit, tu as séparé pour nous la nuit du jour ». Elle prit l’aspect de la vache-Ahet, la vache du Ciel.

Rê : force de maintien de l’ordre par son « œil » : terme féminin en égyptien, il désigne la déesse qui, sous forme de lionne (Hathor ou Sekhmet/Sakhmis) se déchaîne contre les fauteurs de troubles. C’est dans la féminité que les anciens Égyptiens reconnaissaient le parangon de la furie sanguinaire. Cet œil qui menaçait l’existence humaine était l’organe dont ils étaient issus.

La furie propre aux déesses est susceptible de s’apaiser dans la joie et la fête. La cruelle lionne Sekhmet devient la douce chatte Bastet. La déesse s’enfuit au fond du désert africain, plongeant dans l’affliction et le malheur les habitants de l’Égypte, humains et dieux confondus. Un messager, fils de Thot (un singe à tête de chacal) est envoyé pour la convaincre de revenir. Elle accepte son retour en Égypte, auquel s’opposent les ennemis du soleil dont elle triomphe avec l’aide du messager. La déesse personnifie l’étoile Sirius, qui demeure invisible pendant environ soixante-dix jours avant de réapparaître dans le ciel, à l’aube.

Osiris, dieu de la civilisation, a donné la fertilité à la terre et à introduit la diversité des cultures. Il fit cesser le cannibalisme humain après qu’Isis eut découvert la culture du blé et de l’orge.

Il y a deux types de mort. D’une part, une mort qui est un retour au non-être, et donc un anéantissement total et irréversible. D’autre part, une mort qui n’est qu’une phase de quasi-dormance dans le cycle biologique et, en tant que telle, passage soit vers une régénération à l’identique (ainsi les végétaux et la lune), soit vers une transfiguration en un autre état (ainsi le défunt momifié qui devient compagnon des dieux).

Osiris, fils aîné des quatre enfants du deuxième couple primordial formé par Geb et Nout, est assassiné par son frère Seth. De « Celui dont la conscience est affaiblie », il devient « Celui qui se réveille dans l’intégrité de ses moyens », épithète qu’il illustre en engrossant Isis, ou en ressuscitant comme souverain du royaume des morts.

Membre viril dévoré par le lépidote, le phagre et l’oxyrhynque. Isis à sa place fabriqua une réplique et consacra le phallus, en l’honneur duquel les Égyptiens célèbrent des fêtes.

Seth : force indispensable au fonctionnement de la création, mais brutale et sans finalité, et Horus (faucon), principe organisateur qui tend à la juguler. Comme oncle (Seth) et neveu (Horus), ils partagent les mêmes contraintes et espérances, mais Seth étant plus âgé, une inévitable dynamique les conduits sans cesse de l’antagonisme violent à sa conciliation. Horus est le faible, la victime potentielle ; Seth est le fort et l’agresseur. Seth met en pièces l’œil d’Horus, lequel, en retour, lui arrache les testicules. Thot (dieu lunaire du savoir et de la sagesse) les apaise et permet à chacun de retrouver ses attributs. La reconstitution progressive de l’œil peut être interprétée comme l’origine de la réapparition progressive de la lune. L’enjeu est la fonction royale d’Osiris.

Le violeur violé : Seth invite Horus chez lui. Pendant la nuit, l’un allongé à côté de l’autre, Seth fit durcir son membre et le fit passer entre les cuisses d’Horus. Alors Horus plaça ses deux mains entre ses cuisses et il recueillit la semence de Seth. Alors Horus alla montrer à sa mère Isis ce que Seth avait fait à son égard. Elle coupa la main outragée d’Horus et la jeta à l’eau avant de lui en donner une tout à fait convenable. Puis, elle alla chercher un peu d’onguent doux qu’elle appliqua sur le membre d’Horus. Elle le fit durcir et le plaça contre une jarre ; elle y fit couler du sperme. Alors, Isis partit avec le sperme d’Horus vers le jardin de Seth. Elle l’appliqua sur des laitues, le seul légume de ce jardin que mangeait Seth. Ainsi, Seth se trouva enceint à cause du sperme d’Horus.

Tous les deux comparurent devant le tribunal, la Grande Énnéade. Seth dit : « Qu’on me donne la fonction de souverain, car en ce qui concerne Horus, j’ai fait à son égard action de mâle » (en jouissant entre les cuisses d’Horus). Alors, l’Énnéade poussa un grand cri et crachèrent à la face d’Horus. Suivant la défense d’Horus, Thot (le maître des paroles divines, le scribe de l’Énnéade) étendit sa main sur l’épaule d’Horus et dit « Sors, sperme de Seth ». Le sperme répondit depuis l’eau, dans un secteur de cucurbitacées, là où Isis avait jeté la main de son fils souillée par son frère. Thor étendit sa main sur l’épaule de Seth et dit « Sors, sperme d’Horus ». Celui, ayant été ingurgité par le biais d’une laitue, demanda d’où sortir. Sur la proposition de Thot de sortir de l’oreille de Seth, le sperme d’Horus s’offusqua en rappelant qu’il était un liquide divin. Toujours suivant Thot, le sperme sortit finalement du front de Seth, sous forme d’un disque d’or. Seth entra alors dans une très violente colère et l’Énnéade dit : « Horus est dans son droit et Seth à tort ! ». Ce fut donc Horus qui récupéra la place de son père, contre son oncle, sur le trône de roi de la Terre.

La créativité mythologique exploite ces potentialités en multipliant les anecdotes censées expliquer l’origine des éléments naturels, culturels et cultuels qui constituent le monde.

 

Serpent : nuit élémentaire de laquelle surgit la lumière.

 

Amon : bélier ou oie : symbole de la paternité, de la fertilité, il personnifiait l’air et le souffle créateur.

Mout : épouse d’Amon, elle est figurée sous les traits d’un vautour et symbolise elle aussi la fonction maternelle. Elle protège les grandes épouses royales.

 

Hathor : successivement déesse de l’Amour, de la danse, de la joie et de l’ivresse, elle est représentée en vache ou sous les traits d’une femme à tête de vache portant le disque solaire entre ses cornes. Elle peut devenir violente et redoutable quand vient la nouvelle lune. C’est elle qui est à l’origine des transformations du ciel, inspirant tour à tour quiétude et déchaînement.

 

Horus : grand dieu du ciel, parfois même du soleil, il devient le modèle divin des pharaons.

Nephtys : n’ayant pas vocation à devenir mère du fait de son alliance avec son frère Seth, roi des terres stériles, on la compte parmi les nourrices d’Horus. On lui attribue pourtant un fils, Anubis (dieu à tête de chacal qui participe au jugement des âmes en présidant au rite de l’embaumement des morts, puis en tant que conducteur des âmes en introduisant le défunt dans la salle de jugement), fruit d’une liaison légitime avec Osiris.

 

Isis : elle est d’abord représentée sous les traits d’une femme seule ou allaitant son fils, avant de porter les mêmes cornes qu’Hathor (même à la différence d’Hathor, qui incarne la dimension biologique de la maternité, Isis est adorée en tant que mère universelle, à la fois grande magicienne et consolatrice).

 

Khnoum : dieu de la fertilité, il incarne la puissance créatrice. Homme à tête de bélier, il aurait façonné chaque être ainsi que l’image royale sur son tour de potier et transmis à toutes les femmes le don de savoir manier cet instrument.

 

Khonsou : dieu lunaire apparaissant sous l’aspect d’un homme à tête de faucon (comme Horus) surmonté d’un disque solaire, d’un être momifié ou encore d’un enfant. On l’invoquait contre les esprits malfaisants.

 

 

 

 

 

La naissance des éléments

La formation des éléments constitutifs de l’Univers apparaît ensuite comme une œuvre gigantesque de l’énergie vitale qui, par accouplements monstrueux des principes de vie issus du néant, ou par autogenèse, donne naissance à des générations de dieux aux fonctions et aux pouvoirs de plus en plus distincts et harmonieux. Ainsi c’est de l’union d’Apsou et de Tiamat que quatre générations de dieux sont issues : d’abord Lakhmou et Lakhamou, monstres à tête de serpent, à l’identité mal définie ; puis le ciel Anshar, et la terre Kishar, encore simples principes ou prototypes, esquisses des éléments. Ces dieux engendrent trois fils : Anou, roi du ciel, Ea, roi des eaux, Enlil, roi de la terre. Désormais, le cosmos est constitué. On sait aussi comment, en Grèce, les embrassements monstrueux d’Ouranos, dieu du ciel, et de Gaïa, déesse de la terre, ont donné le jour aux Titans, Cyclopes et Hécatonchires (aux cent bras), êtres gigantesques et destructeurs, symboles de la prolifération encore désordonnée de l’énergie vitale. Lorsque le démiurge est issu des eaux primordiales par autogenèse, il crée en se divisant lui-même pour donner vie aux éléments dont la forme se fixe peu à peu. Du sperme et de la salive de Rê naîtront les autres éléments : c’est le couple Shou, l’air, et Tefnout, l’humidité, êtres encore mal différenciés, d’où naîtront à leur tour Geb, la terre, et Nout, le ciel. Geb et Nout, étroitement unis à l’origine, sont ensuite séparés par Shou, selon la volonté d’Atoum-Rê : Nout fut élevée haut dans les airs, où son ventre étoilé forme la voûte céleste.

 

Dieu crée l’Univers comme le dieu Ptah, par le Verbe. Dans la mythologie grecque, Amour (Eros) peut être rapproché du souffle créateur, indispensable à l’animation des formes issues de la division des éléments. On rencontre ainsi, dans la mythologie sumérienne, un être à l’identité mystérieuse, Moumou, omniprésent dès les origines et qui semble associé à toute création.
Ainsi l’Univers est-il né selon un principe d’auto-engendrement où le démiurge, assimilé au Chaos, se divise de lui-même pour donner vie et forme, par étapes successives et mystérieuses, aux éléments. Seul le Créateur de la Bible crée d’emblée l’Univers. Dieu unique, Créateur absolu, il ne saurait être soumis au temps, au devenir personnel, à travers des métamorphoses successives et conflictuelles, comme c’est le cas dans les cosmogonies païennes.

 

Les dieux civilisateurs

L’harmonie du monde, telle que les récits des origines la relatent, résulte d’un combat permanent entre les forces contradictoires que sont les éléments et contre la dualité inhérente à toute manifestation de la vie. Cette dualité interne à l’être est manifeste dans l’identité paradoxale des dieux, créateurs et dévorateurs comme Ouranos et Cronos, dans les attributions célestes et chthoniennes de Zeus, dans la double personnalité de Rê, dieu solaire qu’on représente aussi en serpent, symbole des couches profondes et mystérieuses de la terre.
Cet avènement du monde n’est, en effet, que le début d’une longue épopée où les dieux, à peine sortis de l’indistinct, s’emploient à conquérir leur existence propre, à l’assurer contre leurs concurrents, frères et descendants, pleins d’énergie et de convoitise, contre leurs propres monstres aussi. La violence et la fougue avec lesquelles les dieux conquièrent le territoire où ils exerceront leur puissance, l’accès à l’ordre dans les cieux, qui est la condition de l’équilibre de l’Univers et de sa pérennité, suscitent des drames célestes à rebondissements. Il en sortira des modèles de civilisation, c’est-à-dire des « programmes » d’existence : selon un système de hiérarchies conquis de haute lutte sur les excès et désordres, par lesquels la vie cherche à s’anéantir dans le néant originel, l’être peut exercer ses facultés et vivre ses légitimes aspirations.

 

La quête de l’équilibre

Les êtres issus de la création primordiale constituent la génération des grands dieux ou dii otiosi. Puissances redoutables mais démiurges passifs, ces dieux semblent se désintéresser de leurs créatures, quand ils ne les détruisent pas, comme Ouranos et Cronos ou Apsou, par caprice ou par monstrueuse cruauté. Ainsi les dieux des générations suivantes livrent-ils leurs premiers combats pour échapper à la force dévoratrice de leurs géniteurs.

En Égypte, c’est entre Osiris et Seth, les frères nés du couple Geb-Nout, que se déclare la lutte pour la suprématie. Osiris, premier héritier du trône d’Égypte, dieu des ressources et des éléments, apporte l’abondance et la prospérité : il abolit l’anthropophagie, enseigne aux hommes l’agriculture, instaure le culte des dieux, bâtit les premiers temples ; il est respecté des dieux et règne sur le ciel. Mais Seth, monstre à tête d’animal sur un corps d’homme, dieu maléfique, est jaloux et le tue. Cependant, Osiris, grâce aux pouvoirs magiques d’Isis, sa sœur-épouse, la féconde avant de s’en aller régner sur l’autre monde, maître de l’éternité. Horus, né de cette union, détrônera à son tour son oncle Seth et prendra un juste pouvoir sur l’Égypte.
Gaïa, la Terre en Grèce, persuade son fils Cronos de la délivrer des ardeurs de son époux. On sait comment celui-ci émascule son père avec un silex. Le sexe d’Ouranos, jeté dans la mer, engendre encore des monstres, les Érinyes, mais aussi la déesse Aphrodite. Cronos gouverne, mais, répétant les erreurs de son père, il dévore lui-même ses enfants de peur d’être détrôné à son tour. Son épouse, Rhéa, réussit à sauver Zeus, qui, adulte, force son père à restituer les enfants avalés ; puis il le vainc après une guerre de dix ans. Les dieux règnent désormais sur un Univers en paix où l’équilibre et la justice sont instaurés.

 

L’amour créateur en Mésopotamie

•Récits de créations: naissance du monde grâce à l’activité sexuelle des divinités, l’Amour primordial entre le Ciel et la Terre

•Eté et Hiver : résultats d’un acte sexuel entre le dieu Enlil et les hautes Montagnes

 

Au commencement était Nammu, déesse de la Mer Primordiale.
Une montagne cosmique vit le jour dans la mer, issue de l'union parfaite et indifférenciée du dieu du ciel, An, et de la déesse de la terre Ki (Ninhursag).
An et Ki engendrèrent Enlil, le dieu de l'air et de l'orage. La naissance d'Enlil fut ce qui déclencha la séparation du ciel et de la terre et ce qui donna à chacun de ses deux éléments sa forme et sa fonction respective. An le père se réserva le ciel, tandis que Enlil s'appropria sa mère la terre.
Avec l'aide de sa mère et d'Enki, le dieu des eaux, Enlil produisit les plantes et les animaux.

 

http://www.systerofnight.net/religion/html/mesopotamie.html

 

Enlil, Li ou Ellil en akkadien, est l'un des dieux principaux de la religion de Sumer et d'Akkad. Son temple terrestre principal, l'Ekur, se trouve à Nippur. Il a également un palais au Ciel, l'Esharra. En sumérien, son nom est expliqué comme en-líl, ce qui signifie « Seigneur du Vent ». Il est en effet au départ le dieu du vent du printemps, période de retour de la végétation dans les campagnes. En fait, son nom n'est probablement pas sumérien à l'origine, mais pourrait remonter à des temps très reculés, et son sens initial nous est de ce fait inaccessible. D'après les mythes les plus anciens, il est considéré comme le roi des dieux.

 

Enlil est le fils d'Anu et le frère d'Enki. « An » se trouve en composition dans beaucoup de noms de divinités célestes et primordiales.

Enki et Ninki : « Seigneur-Terre et Dame-Terre », divinités d'un panthéon sumérien, géniteurs d'Enlil. Enki (Seigneur-Terre) n'a aucun rapport avec Enki / Éa.

 

Sa parèdre est Ninlil/Mullissu, et on leur attribue de nombreux enfants : Nanna/Sîn, Ishkur/Adad, Nergal, Ninurta, Urash pour les plus importants.

Enlil est très attiré par la jeune déesse Ninlil. Il la suit, et l'épie alors qu'elle se baigne. Ne pouvant résister, il la viole alors qu'elle est encore vierge. De cette union naît Nanna, le dieu-lune. Les autres dieux, scandalisés par cette attitude, ne peuvent pas laisser le crime impuni, bien qu'Enlil soit leur maître. Ils le condamnent donc à l'exil aux Enfers. Mais Ninlil, qui n'en veut pas à Enlil, mais est au contraire très attirée par lui, le rejoint en secret. Par deux fois, ils couchent ensemble, et la déesse met au monde deux autres dieux. Les dieux qui avaient exilé Enlil aux Enfers finissent par le pardonner, et ils le laissent reprendre sa place au Ciel, avec Ninlil à ses côtés.

Son nom, nin-líl, « Dame du Vent », est le pendant féminin de celui d'Enlil, son époux divin. C'est la fille de la déesse Ninshebargunu et du dieu Haya (peut-être le frère d’Enlil, Enki/É.A/Haya). De son union avec Enlil, elle a enfanté des divinités parmi les plus importantes du panthéon suméro-akkadien : Nanna/Sîn, Ninurta, Ningishzida, Ninazu, Urash et parfois on fait d'elle la mère d'Ishkur/Adad.

Ses attributs semblent être ceux d'une divinité de la fertilité, puisqu'on l'assimile à Ashnan, déesse du grain, et Nintur, déesse qui préside aux accouchements, ou encore avec Ninhursag, la principale déesse-mère des Sumériens.

 

Enki peut être traduit par « seigneur de la Terre » : le mot sumérien en signifiant « seigneur » et ki « la terre ». Enki est le dieu « de ce qui se trouve en-dessous », c'est-à-dire, selon la conception mésopotamienne de l'univers, des eaux douces qui jaillissent du sous-sol. Le nom akkadien d'Éa semble être d'origine sumérienne, et s'écrit à l'aide de deux signes signifiant « maison » et « eau » (É.A). Éa se prononçait /haya/ ou /ħayya/ (se rapprochant du mot vie en sémitique), nom évoquant à la fois le caractère vital de l'eau pour l'agriculture et l'océan inférieur dont le dieu était le maître.

Enki est le dieu de l'eau douce et de la prospérité, la « source génératrice de vie », le dieu de l'intelligence, de la création et de la destinée. Troisième dieu de la triade mésopotamienne, il y représente l'intelligence et la sagesse. Ses attributs sont la chèvre et le poisson. Il est accompagné d'arbres symbolisant les aspects mâles et femelles de la nature, représentant ses capacités créatives.

Frère d'Enlil, il est tout d'abord marié à Ninhursag, dont il a une fille, Ninsar. Concernant le tempérament incestueux d’Enki, une légende raconte que celui-ci poursuivait de ses avances sa fille Ninsar. La mère, Ninhursag, s'en étant aperçu, elle demanda réparation auprès de Utu, dieu de la justice (avec sa fille Ninsar, Enki conçut Ninkurra, cette dernière donna ensuite naissance à Utu) et obtint, en échange de la défloration, huit graines avalées par Enki. Ninhursag furieuse condamna Enki à souffrir d'une maladie par graine mangée en huit endroits du corps. Enki, mourant, supplia Ninhursag et lui demanda pardon, celle-ci cédant à sa demande décida de le guérir en retirant chaque graine pour en faire une déesse. Parmi les huit graines, l'une d'elle lui fut retirée de la côté (ti en sumérien) pour donner la déesse Ti (celle qui donne la vie).

 

Ninhursag est une divinité sumérienne de la Terre et la Déesse-Mère. Son nom signifie Maîtresse des collines, mais elle possède d'autres noms : Nintur (Dame naissance), Ninmah (Dame d'Aout). Elle est la sœur d'Enlil et la sœur-femme d'Enki. Sa place dans la société, assignée par Enki, est d'être « face au roi ». Son mari étant volage, Ninhursag, particulièrement jalouse, déclenche des sècheresses à chaque incartade de son époux.

Elle présente un corps n'ayant ni organes génitaux mâles, ni organes génitaux femelles. Enki demanda à Nintu, la déesse de la naissance, d'établir une troisième catégorie de personnes, en addition aux hommes et aux femmes, qui comprendrait les démons qui volent les jeunes enfants, les femmes infertiles et les prêtresses qui n'ont pas le droit d'être enceintes. À Babylone, à Sumer et en Assyrie, certains types d'individus qui remplissaient un rôle religieux au service d'Inanna/Ishtar ont été décrits comme un troisième genre. Ils pratiquaient la prostitution sacrée (hiérodule), la danse extatique, la musique et le théâtre, portaient des masques et des caractéristiques des deux autres genres.

 

 

En akkadien elle était souvent invoquée sous le nom de Mama. En tant que femme et contrepartie féminine d'Enki, elle était appelée Damkina. Son prestige diminua à mesure que celui d'Ishtar augmentait, mais son aspect sous Damkina, mère de Mardouk, dieu suprême de Babylone, lui réserva une place dans le panthéon divin.

 

D'après la mythologie sumérienne, c'est elle qui créa le héros Enkidu à partir d'un morceau d'argile. Au début de l'épopée Enkidu représente l'archétype de l'homme-sauvage. Enkidu vit avec les bêtes sauvages et les protège en détruisant les pièges. Mais ses actions irritent un chasseur. Celui-ci se confie à son père qui lui conseille d'aller trouver le roi Gilgamesh : « Il te donnera la Courtisane Lajoyeuse... Elle dévoilera ses charmes... Alors sa harde, élevée avec lui, lui deviendra hostile ! » (une harde est un troupeau d'ongulés sauvages, notamment de ruminants. Ce terme est souvent utilisé pour évoquer un groupe de cerfs mais, selon les pays, pour multiples animaux : une harde de chevaux est un groupe, un troupeau, de chevaux sauvages, une harde désigne également les liens attachant les chiens quatre à quatre ou six à six. Attention à ne pas confondre « harde » et son cousin « horde », ce dernier terme s'appliquant uniquement aux groupes humains). Le chasseur va donc trouver Gilgamesh qui lui donne Shamat pour « corrompre » l'homme sauvage. Elle civilisera Enkidu en l'initiant aux rites sexuels de la déesse Ishtar, en tant que prostituée du temple, prêtresse de la déesse Ishtar. Enkidu est immédiatement séduit. Après six jours et sept nuits passées avec Shamat, il veut repartir, mais sa harde le repousse et il n'a plus la force de la suivre. Enkidu a perdu en force mais il s'éveille à l'intelligence.

Après un songe défavorable, Enkidu commence à dépérir. Il maudit le chasseur et la courtisane envoyée pour le civiliser. Peu avant sa mort, suite aux paroles du dieu Utu/Shamash, il finit par la réhabiliter.

De bien des façons, la métamorphose d'Enkidu peut représenter la puissance de séduction exercée par les ville-États de Mésopotamie. Ses origines (la steppe) et sa vie au milieu des bêtes sauvages suggèrent le chasseur-cueilleur vivant en marge du territoire des premiers fermiers de l'Irak méridional. Sa transformation et l'acceptation de la vie citadine représente la lente assimilation de cette population nomade par la civilisation agricole. Mais dans certaines versions, le terme de catin est employé pour désigner Shamat. L'utilisation de ce mot apporte à son rôle une connotation très différente. Il véhicule peut-être l'idée que la transformation d'Enkidu ne lui a pas été totalement salutaire.

 

Nanna ou Sîn sont les noms les plus courants du dieu mésopotamien de la Lune. Il s'agit d'une des plus importantes divinités des panthéons du Proche-Orient ancien. On le vénérait alors comme le « Père des dieux » ou le « Créateur de toute chose ». Vers -2150, les Sumériens eux-mêmes n'étaient plus certains de la véritable origine du nom de Nanna, bien qu'ils se soient expliqués son étymologie en le décomposant en NA.AN.NA, « pierre du ciel » ou « homme du ciel ». Partout ailleurs au pays de Sumer, jusqu'aux environs de -2600, le nom du dieu-Lune s'écrivait initialement avec les signes cunéiformes  dingirUD. dingir est le signe déterminatif pour la catégorie des noms de divinités, tandis que UD (sumérogramme) désignait à l'origine tout autant la lune que le soleil. On s'accorde à le traduire simplement par « luminaire ». Vers -2600 une légère modification du signe UD permit de créer le signe ID pour désigner plus proprement la pleine lune et le mois. Vers -2150 Gudea de Lagash louait aussi le dieu Lune sous le nom de Zu-en, étrangement écrit dingirEN.ZU, littéralement « Seigneur du Savoir », sur le modèle d’Enki et d’Enlil. Dans un de ces jeux de mots purement graphiques courants dans l'écriture cunéiforme, il lui accolait aussi l'épithète Enzi, « Seigneur de la Vie ». Sous sa forme inversée, nous obtenons Zi-en, d’où la contraction : Sîn.

 

On dit de lui qu'il est le fils d'Enlil et de Ninlil. Il était l'époux de Ningal (la « Grande Dame »), et on attribue à leur couple la descendance du dieu Utu/Shamash, le « Soleil » et de la déesse Inanna (déesse de l'amour et de la guerre associée à la planète Vénus). Certains textes lui attribuent aussi la paternité d'Ishkur, le dieu de l'orage.

 

d’Ishkur (en akkadien Adad), dieu de la pluie. Adad est le dieu de l'Orage de la Mésopotamie ancienne. Il représente d'une manière générale les éléments climatiques, dont la pluie. A ce titre, il apparaît comme un dieu de la fertilité. Cet aspect est marqué par son animal-symbole, le taureau. En Basse-Mésopotamie, il est assimilé au dieu sumérien Ishkur, qui a cependant un aspect destructeur plus marqué. Le dieu de l'Orage est d'une manière générale le grand dieu des peuples antiques de Haute-Mésopotamie, de Syrie et d'Anatolie.

Du point de vue généalogique, Adad est le fils d'Anu - le Ciel - et de Ki - la Terre - et sa parèdre est Shalla.

 

 

Dans la hiérarchie divine, le dieu de la Lune (nombre « trente ») est plus important que celui du Soleil (nombre « vingt ») et que la déesse de Vénus (nombre « quinze »), sachant qu’on attribuait le nombre « cinquante » à Enlil). Avec ses deux enfants Utu/Shamash et Inanna/Ishtar, Nanna/Sîn forme l'une des deux grandes triades divines du panthéon mésopotamien. Le dieu Lune est représenté comme un vieil homme pourvu d'une longue barbe. Il pouvait être ailleurs montré chevauchant un taureau ailé, ou naviguant sur une barque céleste. Comme tous les grands dieux mésopotamiens, le dieu-Lune est comparé à un taureau, symbole de force, de fécondité, mais surtout, en tant que « porteur des cornes puissantes », du croissant lunaire. Ses symboles sont le croissant de lune (croissant orienté vers le haut, évoquant tout à la fois la nouvelle lune, des cornes de taureau ainsi qu'une embarcation), le taureau et le trépied (peut-être un support de lampe). Le dieu-Lune voyage sur sa barque-magur, le « navire céleste », créée pour Nanna par An, Enlil et Enki.

Inanna/Ishtar est considérée tantôt comme la fille du dieu-Lune Nanna, tantôt d’Ishkur (en akkadien Adad), dieu de la pluie. Cette déesse est appelée Inanna chez les Sumériens, Ishtar chez les Akkadiens et Babyloniens, Astarté ou Ashtart à Ougarit et en langue punico-phénicienne, et elle semble avoir comme descendance Aphrodite en Grèce, Turan en Étrurie et Vénus à Rome. Elle doit sa renommée à son activité culturelle et mythologique jamais égalée par une autre déesse du Moyen-Orient. À son apogée, elle était déesse de l’amour physique et de la guerre, régissait la vie et la mort. Elle est, comme étoile au matin, la déesse de l’Élan du guerrier et, comme étoile du soir, celle de l’Éveil de l’amour. Ish signifiant « homme mâle ».

Elle a un aspect hermaphrodite (Ishtar barbata), comme beaucoup de déesses de ce type.

La Vénus armée qu'on trouve en plusieurs peuples de l'Asie relate le fait qu’on attribue à cette déesse un sexe équivoque. De ce fait, ces peuples avaient coutume de faire assister à son culte des hommes en habits de femmes et des femmes en habits d'hommes.

À Babylone, à Sumer et en Assyrie, certains types d'individus qui remplissaient un rôle religieux au service d'Inanna/Ishtar ont été décrits comme un troisième genre. Ils pratiquaient la prostitution sacrée (hiérodule), la danse extatique, la musique et le théâtre, portaient des masques et des caractéristiques des deux autres genres. Des hommes pouvaient avoir une relation sexuelle avec un des membres de l'équipe chargée du culte d'Ishtar, qui n'avaient pas de libido, soit par une caractéristique naturelle, soit suite à une castration. À Sumer, le nom qui leur était attribué était « chien/homme-femme » (kalû/keleb signifie chien, mais aussi esclave ou serviteur, chienne signifie inverti sacré : « Tu ne laisseras pas entrer dans la maison de YHWH le cadeau d'une prostituée zona ni le salaire d'une chienne keleb ») et ils étaient aussi décrits comme homme-femme. « Vivants comme des femmes », on utilisant aussi les qualifications d'hermaphrodites (les sinnisānu, littéralement « comme des femmes », reliés à Sîn), eunuques, homosexuels, travestis, hommes efféminés (entre autres).

 

Vénus est la fille de Jupiter et de Dione. le pavot est un fruit voué à Venus. Ce sont évidemment les nombreuses graines qui connotent la fertilité. Pour le myrte, il est associé à Vénus (Aphrodite chez les grecs) Cet arbre sacré, symbolisant l'amour et la pureté. Il est associé aux femmes guerrières, car tout comme le Laurier, le Myrte est emblème de gloire.

 

e sais qu'on a souvent expliqué le nom de Vénus Uranie comme une indication de l'amour pur et éloigné de toute sensualité. Je sais que Pausanias explique ainsi le nom de la statue de bois érigée à Thèbes, par ordre d'Harmonie, et qu'il ajoute que la Vénus Pandémos consacrée par la même princesse signifie l'amour vulgaire et sensuel, signification qu'y attacha aussi Solon, lorsqu'il fit bâtir un temple en l'honneur de la même déesse à Athènes. Mais nous n'avons qu'à jeter les yeux sur le culte de Mylitta à Babylone , d'Astarlé en Phénicie et de Vénus Uranio à Paphos, pour nous convaincre que l'épilhète d'Uranie , que l'on donnoit à cette déesse en considération de son origine asiatique, ne désigne rien moins qu'un amour platonique. D'ailleurs nous verrons bientôt que cet épilhète avoit une origine bien différente de l'explication qu'en ont donnée quelques philosophes grecs. Encore, Vénus Pandemos signifioit aussi peu la déesse de l'amour sensuel, par excellence, que Vénus Uranie celle de l'amour pur et spirituel. C'est Pau- sanias lui-même qui nous en fournit la preuve. Selon lui Thésée donna cet épithète à Vénus en commémoration de la réunion du peuple entier sous un seul et même gouvernement (77).

Mais, quoiqu'il me semble prouvé que la Vénus des Grecs soit d'origine asiatique , je ne prétends pas nier qu'elle est devenue une déesse absolument différente sous la main des peuples qui adoptèrent son culte. En effet, l'aimable fille de Dione , rayonnante de jeunesse et de beauté, aux yeux brûlants de volupté , au sein palpitant d'amour et ornée de sa ceinture magique

 

 

 

est un symbole pour :

la planète Vénus : Vénus est la 2e planète du système solaire en partant du Soleil. Son orbite autour du Soleil dure 224,7 jours. C'est le 3e objet le plus brillant du ciel avec une magnitude apparente de -4,6, après le Soleil (-26,73) et la Lune (-12,6) ; donc très facile à repérer parmi les étoiles. Vénus est une planète magnifique à voir à l'œil nu. Sa magnitude visuelle minimum est de -4,4. C'est donc l'objet le plus brillant après la lune, bien avant les autres planètes et les étoiles. Elle brille le matin, assez longtemps avant le lever de Soleil, ou le soir après son coucher, au moment où les bergers sortaient et entraient les bêtes. Comme Vénus est sur une orbite plus petite que celle de la Terre, elle ne semble jamais loin du Soleil. On peut observer des phases comme pour la Lune. Les cultures chinoise, coréenne, japonaise et vietnamiennetigre blanc, ouest, automne, cheval). place importante dans leur conception du cosmos et du temps. On l'appelle aussi l'« étoile du berger », car elle peut être visible dans le ciel du matin, avant le lever du Soleil ou dans le ciel du soir, après le coucher de notre étoile. Le pentagramme fut aussi utilisé comme symbole. Vu de la Terre, les positions successives de Vénus forment approximativement un pentagramme autour du Soleil, tous les 8 ans. Vénus est une planète dite intérieure et tellurique, la 2e en partant du Soleil. Elle est de taille comparable à celle de la Terre. Vénus a longtemps (jusqu'en 1960 à peu près…) été considérée comme la sœur jumelle de la Terre. En effet, les deux planètes sont très similaires par certains aspects, autant physiques qu'orbitaux. Vénus est la planète la plus proche de nous. Du fait de ces similitudes, on a longtemps pensé que, sous ses nuages denses, Vénus pourrait être très similaire à la Terre et peut-être même abriter de la vie. Vénus tourne autour du Soleil dans le sens direct, comme toutes les autres planètes du système solaire, et la durée de sa révolution est de 224,7 jours terrestres (224,70096 jours précisément). désignent Vénus sous le nom d'« étoile d'or » (

La vitesse de rotation de Vénus est très faible : cette rotation s'effectue en 243 jours terrestres (243,0185 jours précisément). De plus, elle s'effectue dans le sens rétrograde (à l'envers, par rapport à la Terre et à la plupart des autres planètes). Les jours solaires vénusiens sont tels que Vénus nous présente la même face lors de chaque conjonction inférieure : Vénus dans l'axe Terre-Soleil ; la Terre en opposition vénusienne. synchronisation Terre-Vénus (des deux principales planètes telluriques). Transit de Vénus [modifier]

Article détaillé : Transit de Vénus.

C'est le passage de la planète Vénus entre la Terre et le Soleil, où l'ombre de Vénus apparaît devant le disque solaire. Du fait de l'inclinaison de l'orbite de Vénus par rapport à celle de la Terre, ce phénomène est extrêmement rare à l'échelle humaine, se produisant deux fois à huit ans d'intervalle, ces doubles passages étant séparés les uns des autres de plus d'un siècle (105,5 ou 121,5 ans). Leur périodicité est de 8 ans, 121,5 ans, 8 ans, 105,5 ans, et le cycle recommence.

 

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symbole représentant le miroir de Vénus, un cadeau de mariage de Zeus dans lequel étaient renfermées les grâces, les attraits, le sourire engageant, le doux parler, le soupir le plus persuasif, le silence expressif et l'éloquence des yeux.


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