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L'attitude à l'égard du sexe résulte de l'interaction complexe des développements physiques et mentaux.

 

 

Si l'on entend par inceste le fait d'établir une relation sexuelle potentiellement reproductive avec un proche parent, cette pratique est en règle générale évitée dans le monde animal. Les stratégies d'évitement diffèrent selon les classes d'animaux et les espèces. Elles sont souvent sophistiquées.

Chez nos cousins germains chimpanzés et bonobos, la jeune femelle qui approche de la puberté s'écarte peu à peu du centre de gravité de sa troupe natale, puis s'en va rejoindre une autre troupe. Chez les macaques et bien d'autres espèces, c'est le jeune mâle qui s'en va. Le risque d'inceste est donc écarté. Il n'est pas complètement éliminé, cependant. Ainsi les jeunes mâles chimpanzés ou bonobos qui restent dans le groupe natal pourraient être tentés de forniquer avec leur mère ou leurs sœurs. Ils n'en font rien. Même chez les bonobos, où les relations entre la mère et son fils sont intimes, l'évitement de l'inceste s'établit tôt.

Chimpanzés et bonobos, tout comme les humains, évitent de forniquer entre parents proches. La raison d'être du tabou tient aux effets délétères de la consanguinité.

Dans la plupart des sociétés traditionnelles, c'est soit la fille, soit le garçon qui s'éloigne de sa famille natale. La règle la plus fréquente est le départ des filles, ce qui nous rapproche des chimpanzés et bonobos.

L'inceste reproductif entraîne un effet statistique appelé la dépression de consanguinité. Chez les êtres sexués disposant comme nous de deux jeux de chromosomes, le risque qu'un gène délétère récessif se retrouve sur les deux chromosomes et produise donc ses effets négatifs est d'autant plus grand que les partenaires sexuels sont proches parents. Pour prendre un exemple fourni par le livre d'Olivia Judson : « Un gène récessif tapi chez une personne sur cent a sept fois plus de chances de rencontrer son jumeau chez l'enfant fait avec un cousin germain qu'avec un partenaire pris au hasard dans une foule. Pour l'enfant d'un frère et d'une sœur, le risque est vingt fois supérieur. Du moins si le gène est commun. S'il est rare, disons présent chez une personne sur dix millions, le risque pour l'enfant d'une sœur et d'un frère est multiplié par 2,5 millions [3].» Face à ce genre de risque, la sélection naturelle a tranché.

Des actes incestueux étaient perpétrés avant la puberté.
Chez le bonobo, il n'y a pas d'inceste pour des individus pubères, néanmoins on a remarqué des attouchements, notamment de la mère envers ses petits avant qu'ils ne soient pubères.
Ce qui aurait tendance à faire penser que seul est considéré comme contre nature l'inceste qui pourrait avoir des conséquences sur l'évolution.

 

Protozoaires et vers utilisent la reproduction asexuée, quelques insectes la parthénogénèse (reproduction unisexuée), les animaux hermaphrodites l'autogamie (autofertilisation).

Ce qui frappe dans c type de reproductions, c'est leur caractère étonnamment inusité tant chez les végétaux que chez les animaux, confirmant la règle générale de la reproduction biparentale. La signification biologique d'une telle reproduction est l'accroissement de la variété au travers de la recombinaison du matériel génétique.

Or, l'exogamie apparaît comme un corollaire essentiel à l'utilisation positive de la reproduction biparentale dès qu'apparaissent des liens interindividuels durables, la reproduction consanguine aboutissant au niveau le plus bas d'autofertilisation : il s'agit moins là du risque négatif d'accroissement des tares au niveau des relations consanguines (non prouvé) que de l'avantage sélectif positif provoqué par le brassage génétique maximal.

Pour les espèces chez lesquelles il existe des liens d'attachement interindividuels stables, l'évitement de l'inceste est la règle, hormis dans les espèces où l'humain est intervenu (domestication et enfermement en zoo).

De plus, les régulations biologiques conduisant à l'évitement des relations consanguines sont polymorphes et relatives. Plusieurs variables interfèrent dans l'expression de l'inhibition ou de la levée de l'inhibition : la domestication, la promiscuité, la polygamie.

On constate un effet de seuil en deçà duquel les inhibitions sont levées, rendant l'inceste probable. dans d'autres cas, seule est libérée une des trois combinaisons possibles d'inceste : frère-sœur, mère-fils, père-fille. L'inceste père-fille est fréquent dans les groupes de primates polygames.

Complexité du problème quand on aborde les solutions concrètes trouvées par chaque espèce pour réguler la pratique de l'exogamie en fonction des particularités des liens interindividuels et sociaux de ses membres.

mécanismes de dissolution familiale : par une distanciation  définitive des individus familiers; par un changement de l'objet d'attachement sans rupture définitive des liens avec les familiers, mais inversion du schéma de l'enfance (rapprochement de l'objet familier/évitement des objets étrangers se transformant en rapprochement des objets étrangers/évitement de l'objet familier); par abduction de la femelle (dans toutes els structures où les deux sexes vivent ensemble dans un état conjugal permanent, le problème de l'inceste père-fille émerge : chez les animaux monogames, très rares, les femelles adolescentes s'émancipent activement comme les mâles, chez les animaux polygames, elles sont retirées du harem paternel par de jeunes mâles - avec ou sans conflit avec la mère, selon l'âge auquel elles sont retirées et selon l'espèce); par expulsion provoquée par les adultes familiers (le plus souvent l'adulte du même sexe).

suppression de la sexualité intrafamiliale : par la menace du mâle dominant contrecarrant les relations sexuelles des autres membres du groupe; par inhibition liée à une position basse dans la hiérarchie; par un phénomène de répulsion (chez les chimpanzés, alors que les jeux sexuels entre jeunes sont habituels, une jeune femelle venant d'atteindre la maturité sexuelle se mit à développer un intérêt sexuel aigu et varié pour les mâles occasionnels; à l'opposé, elle se mit à repousser frénétiquement les avances de ses frères alors qu'elle n'y faisait aucune objection quelques temps auparavant).

 

Chez l'humain, il existe des facteurs variés où jouent des tendances endogènes à la dissolution familiale lors de l'adolescence, ainsi que des mécanismes endogènes de suppression de la sexualité intrafamiliale.

Kibboutzim : 7 à 9 enfants sont réunis par groupes d'âges autour d'une seule et unique femme qui a rôle d'éducatrice et qui reste la même tout au long de leur évolution. Dès leur plus jeune âge, les enfants ont toute licence pour réaliser des jeux sexuels intensifs dont ils ne se privent pas. C'est seulement vers 10 ans qu'apparaissent spontanément les premières inhibitions sexuelles et les premiers signes de pudeur. Aucun couple ne se forme à partir de partenaires faisant partie du même groupe dans l'enfance, sauf si l'un des partenaires s'est absenté du groupe pendant un laps de temps suffisant, avant l'âge de 6 ans (une séparation survenue après 6 ans n'a jamais supprimé l'inhibition semblant jouer dans le choix d'un partenaire ultérieur).

Il s'agit là d'un phénomène d'empreinte sexuelle (comme chez les oiseaux ou d'autres)

L’émergence de l’instinct sexuel au cours de l'enfance s'accompagne de l'acquisition de la classe à laquelle devront appartenir le ou les objets sexuels ultérieurs, avec exclusion de l'objet précis sur lequel s'est réalisée l'empreinte.

Mais on peut toujours enfreindre une régulation biologique, ou de l'inhiber, certes au prix de plus ou moins grandes perturbations (ex : la future fiancée est prise par la famille du futur mari dès l'enfance, ils sont donc élevés comme frère et sœur; ce type de mariage aboutit à des mésententes sexuelles conduisant les partenaires respectifs à l'adultère, au concubinage ou au recours à la prostitution).

 

Émergence du désir sexuel, qui ne peut qu'être incestueux, non pas par rapport à une connaissance objective de liens de consanguinité, mais bien du fait d'une identité habituelle et suffisamment fréquente entre les individus consanguins et les individus côtoyés pendant l'enfance. Ici, le savoir-faire phylogénétique procède régulièrement de la sorte pour se repérer dans l'environnement. D'autre part, la reconnaissance de processus automatiques d'inhibition ne devient plus antinomique de l'hypothèse du déclenchement d'un instinct sexuel dans l'enfance, puisqu'elle le présuppose justement.

Cette inhibition survient au niveau de l'objet du désir, acquis dans l'ontogénèse (développement progressif d'un organisme depuis sa conception jusqu'à sa forme mature). De plus, l'édification de cette empreinte "négative" se constitue avant 6 ans, c'est-à-dire au moment de la phase phallique et de l'acmé (point extrême d'une tension) du conflit œdipien.

D’autres facteurs jouent dans l'apparition des désirs incestueux et dans leurs inhibitions. Les relations frères-sœurs, père-fille, mère-fils, ne s'organisent pas de la même manière, les faits de dominance intervenant dans l'inceste parental : la prohibition de l'inceste garçon-mère est beaucoup plus systématique que la prohibition père-fille. Importance de la dominance dans les relations incestueuses et leur inhibition chez certains primates. Phénomènes de rivalité dans le désir de conquête de l'objet incestueux.

La fille doit changer d'objet d'attachement amoureux au cours de son enfance.

Chez l'humain, les inhibitions peuvent déborder largement l'objet infantile, initial, du désir et se reporter justement sur des situations ultérieures vécues comme étant de nature incestueuse.

Il a été donné à l'individu de jouer dans l'enfance une partie essentielle de son désir sexuel en-dehors de ses géniteurs.

Oedipe-roi : deux ordres de référence qui vont cheminer dans le temps et dans l'espace, d'abord violemment séparés, puis violemment réunis.

La mère était souvent une femme jeune et par sa jeunesse même, la femme (mère) ne peut qu'être l'image naturellement désirée et donc naturellement interdite.

Si dans l'enfance les comportements d'appétence (appétit) surviennent tant au niveau de la conquête sexuelle que de la rivalité, le seul comportement consommatoire alors possible est la masturbation. Or, pour l'inconscient, les fantasmes de coït incestueux sont reliés au fantasme de meurtre du rival (le père), comme si ce rival se tenait en un lieu où il était indélogeable auprès de l'objet désiré. [les mouvements de pariade - État des perdrix, lorsqu’elles cessent d’aller par compagnies, pour s’apparier avec un congénère; Formation des couples qui précède la période de reproduction - sont souvent précédés de combats entre rivaux. ces comportements de conquête sexuelle apparaissent comme des réorientations ritualisées de ces comportements agressifs. habitude étonnante chez les petits chimpanzés de ne pas supporter l'accouplement des adultes et de les importuner en tentant de les séparer. chez l'humain, les équivalents de ces mouvements instinctifs sont mis en scène au niveau des représentants psychiques (angoisse de la "scène primitive"].

L’inconscient ne connaît ni père ni mère : ce qu'il perçoit c'est un rival parental et un objet d'amour parental vis-à-vis desquels il régit selon les lois du processus primaire.

L’enfant n'éprouve encore rien de cet orgueil propre à l'adulte culturel qui trace une ligne de démarcation nette entre lui et tous les autres représentants du règne animal. Il considère sans hésitation l'animal comme son égal.

Si l'angoisse de castration est bien la connotation subjective du stade phallique où se fondent l'expression du désir et l'exclusion fondatrice de l'objet visé initialement, elle n'est pas la cause de l'origine (chez la fille) ou de la terminaison (chez le garçon) de ce stade.

Loin de dissoudre l'Œdipe, la crainte de la castration signifie la fixation au stade phallique, la permanence de ses effets.

La constatation de la différence anatomique entre les sexes ne se joue qu'au niveau de la présence ou de l'absence du phallus : le garçon ne voit chez la fille qu'absence (le phallicisme, au sens de croyance à l'existence d'un seul organe sexuel n'est que mieux maintenu, cette absence signifiant la castration [la fille qu'il observe, le garçon la désire déjà : il s'agit bien d'une expérience nouvelle, pas une expérience perceptive, mais expérience du désir]

A ce stade, l'expérience du désir passe par cette expérience perceptive, reliée, de plus, à la constitution de l'empreinte sexuelle qui, elle, fait appel à d'autres traits du corps que le pénis. La castration peut être tout à la fois réalisée et déniées à ce niveau

 

L’héritier du complexe d'Oedipe, dépositaire des interdits parentaux, qu'est le Surmoi n'est pas un simple résidu des premiers choix d'objets pour le ça : il a la signification d'une formation destinée à réagir vigoureusement contre ces choix.

Deux facteurs biologiques excessivement importants : l'état d'impuissance et de dépendance infantile, et l'interruption en elle-même du complexe d'Oedipe par la période de latence. Or, de la même façon que le complexe d'Oedipe est un phénomène déterminé par l'hérédité, établi par elle et qui conformément au programme doit passer lorsque commence la phase de développement qui lui succède, la période de latence est une disposition héréditaire à la culture.

Cela ne le dispense pas, bien au contraire, de suivre la façon dont ce programme inné est exécuté, et la manière dont les coups du sort tirent parti de la disposition. Or c'est à ce niveau qu'est perceptible l'extrême développement du Surmoi chez l'humain, qui déborde largement par ses effets les régulations élémentaires de l'empreinte sexuelle.

La loi de la prohibition de l'inceste peut avoir des niveaux de régulations divers, dont certains sont étroitement programmés, et d'autres dépendent de facteurs familiaux plus ou moins singuliers, ainsi que de faits de société et de civilisation, d'où le besoin de renforcement de la prohibition par une loi.

Il existe pour l'Oedipe des phénomènes de redondance et de démarcation dans ce que le programme génétique s'attend à trouver au contact de l'expérience et de ses lois.

 

 

Chez les mammifères, la différence de taille entre le mâle et la femelle (dimorphisme sexuel) est en général associée à l’organisation en harem (comme chez les lions, les loups, les cerfs, etc.). Les mâles combattent entre eux puis le vainqueur devient dominant et s’approprie toutes les femelles du groupe. Pour autant, les femelles opèrent un tri sélectif sur le ou les partenaires, et le ou les élus doivent déployer bien des atours, la force n’étant pas la meilleure vertu. Ainsi, les babouins, à la réputation de mâles dominateurs, se révèlent d’habiles séducteurs : un jeune adulte use de démonstrations physiques impressionnantes pour s’imposer auprès des autres mâles, mais déploie des stratégies d’approche particulières pour séduire une femelle.

Chez les gorilles ou les singes hamadryas, le dimorphisme sexuel est très prononcé et la structure en harem est la norme. Les gorilles forment des groupes polygynes composés d’un mâle reproducteur et de quelques femelles non apparentées. Ce mâle a souvent le dos argenté, signe de maturité sexuelle (un mâle au dos noir – souvent le fils du dominant – peut aussi être présent dans le groupe, mais il ne dispose pas des mêmes privilèges de reproduction que le dos argenté).

Chez les orangs-outans, les mâles adultes occupent un grand territoire qu’ils patrouillent à la recherche de femelles en période de fertilité, les relations entre les mâles et les femelles étant plutôt limitées à la reproduction. Le mâle possède un sac laryngé qui lui permet de faire entendre un long cri puissant. Les mâles subadultes qui habitent le même territoire ne développent pas de caractères sexuels secondaires (comme le long cri) tant que le mâle à qui appartient le territoire y demeure. On a ainsi vu chez cette espèce de jeunes mâles violer des femelles lorsqu’ils sont sans territoire.

 

Chez les chimpanzés, la vie est organisée en petites sociétés patriarcales et hiérarchisées, ils pratiquent également la chasse collective avec un sens aigu de la collaboration et du partage, ainsi que de la justice, de la consolation, de la réciprocité, de l’altruisme, etc. Pour autant, même si le dimorphisme y est moins fort, un mâle dominant s’assure un accès privilégié aux femelles du groupe. Lorsque les femelles sont fertiles, une période de quelques mois tous les quatre ou cinq ans, elles exhibent alors des enflures sexuelles qui signifient l’arrivée prochaine de leur ovulation.

Toutefois, le mâle chimpanzé dominant n’a pas toujours l’exclusivité sexuelle et, s’il s’efforce de contrôler l’accès aux femelles, celles-ci s’autorisent des comportements parfois audacieux qui, en d’autres circonstances, seraient réprimés. Ainsi, les femelles sexuellement réceptives s’arrangent d’une manière ou d’une autre pour donner des rendez-vous galants au mâle qu’elles désirent, copulant souvent avec plusieurs mâles successivement. La chimpanzé se cache pour tomber dans les longs bras du premier venu qui peut être un second ou un jeunot, pendant que les mâles (tous apparentés père-fils-cousin-oncle-grand-père-neveu) sont prêts à s’arracher les bourses pour devenir « alpha », le premier, le chef. Les femelles chez cette espèce sont généralement exogames, c'est-à-dire qu’elles quittent leur groupe lors de la maturité sexuelle (essentiellement pour éviter la tentation de l’inceste père-fille).

Chez les Australopithèques (il y a quatre millions d'années), le dimorphisme sexuel est encore fort et net, indiquant une organisation sociale proche de celle des grands singes (harem ou droit de cuissage prioritaire), avec vraisemblablement un mâle dominant et une grande importance donnée à la force physique.

Alors que le chimpanzé (Pan troglodytes), brutal et colérique, forme une société dominée par des mâles politiques et agressifs, le bonobo (Pan paniscus) vit selon d’autres règles, notamment parce que les femelles jouent un rôle central dans les groupes. Nos demi-frères bonobos, sensibles et nerveux, remportent ainsi la palme de la perception et de la communication sociale et possèdent, plus que tout autre primate non-humain, la capacité de se mettre à la place des autres. Ainsi, plus méthodiques dans notre brutalité que les chimpanzés et plus empathiques que les bonobos, l’humain est de loin le grand singe bipolaire par excellence, l’un des animaux les plus intérieurement conflictuels ayant jamais marché sur Terre, tel un Janus dont chacun des visages regarderait dans une direction opposé.

Les bonobos, ces « singes Kama sutra » (les plus proches représentants des premiers Australopithèques), font usage du sexe dans toutes les circonstances (beaucoup de comportements sexuels en dehors des périodes de réceptivité) et dans toutes les positions (de face – les seuls avec nous à faire ainsi – ou en acrobatie) pour réguler les tensions sociales. On observe ainsi une activité hétérosexuelle entre adultes, des actes de tribadisme (c'est-à-dire des frottements génitaux entre femelles : comme chez le chimpanzé, les femelles changent de groupe lorsqu’elles atteignent la maturité ; afin d’être acceptées dans un groupe, elles approchent une femelle dominante du groupe avec qui elles auront des comportements sexuels et se toiletteront), les mâles pratiquent des joutes de pénis ou de postérieurs, les adultes et les enfants font l'amour ensemble (en fait, les petits sont souvent initiés par leur mère, sachant que le seul tabou s'observe entre mères et fils de plus de six ans). Le sexe est une composante naturelle de l'enfance chez les bonobos, et il va de pair avec les jeux et les soins qui accompagnent la croissance. Le sexe chez les bonobos paraît être une activité rapide, fonctionnelle et décontractée qui sert de ciment social, sachant qu’on a pu observer une synchronisation des cycles menstruels pour que toutes les femelles soient réceptives en même temps, histoire de bien délimiter le sexe-plaisir et le sexe-reproduction. On a d’ailleurs constaté chez elles l'insertion d'objets variés dans le vagin en vue de provoquer le plaisir sexuel.

 

Concernant la sexualité du genre humain, la bipédie a joué un rôle prépondérant en permettant le face à face (la vision étant fondamentale et modifiant véritablement les comportements) et une première induction de la sexualité (déduire des lois par généralisation des observations).

Ayant quitté la protection des grandes forêts, les bandes de grands singes marchaient sans relâche dans les savanes. Cette bipédie entraîna beaucoup d’accouchements prématurés (néoténie : le petit naît juvénile, sans musculature, les os fragiles). Les femelles durent alors protéger et nourrir leurs chétives progénitures pendant des mois, des années. Elles s’installèrent dans des espaces protégés, cessèrent de chasser, devinrent dépendantes des mâles pour obtenir de la nourriture. Pour s’attirer leurs faveurs, attouchements génitaux répétés, sexualité de circonstance, devinrent peu à peu plus fréquents, hors cycle d’ovulation, bientôt quotidiens.

Pourtant, les premiers hommes chassaient peu, pratiquant le charognage et la cueillette en famille, femmes, enfants participant, disputant leur pitance aux hyènes et aux vautours.

Dans une savane infestée de grands carnassiers, la pacification des bandes des premiers Homo s’imposait : il fallait des guetteurs, une défense collective, une unité de groupe. Mais si les mâles passent leur temps à s’affronter dès qu’une femelle connaît les chaleurs, les prédateurs profitent de ces fautes d’inattention pour raison sexuelle, comme c’est le cas chez tous les autres primates. Les femelles durent s’adapter : la tendance à satisfaire plusieurs partenaires pour éviter les affrontements (comme chez les macaques de Barbarie, les babouins et les bonobos), puis à contenter un mâle habituel (essentiellement le dominant, ou un ayant-droit autorisé) avec des orgasmes réguliers, l’aurait peu à peu emporté. Cette « conjugalité nécessaire », mais relative, où mâles et femelles protègent ensemble les petits, se dispersent moins après les coïts, partagent la nourriture, survient d’ailleurs chez les chimpanzés en situation de menace. Quant aux gratifications sexuelles régulières, aux caresses continues, elles renforcent la cohésion sociale (comme chez les bonobos, dont nous sommes très proches). Au gré de ces contacts gratifiants, de cette sexualité inédite scandée par les décharges d’endorphines des orgasmes (qui nous accrochent au plaisir), un territoire Homo plus pacifié, car plus érotisé, serait apparu en même temps qu’une sexualité « toujours prête et disponible » se serait installée.

Concernant la morphogenèse corporelle et organique, rappelons que les lèvres vulvaires sont une innovation des primates les plus évolués, la vulve des quadrupèdes étant des plus « rudimentaire », faite au maximum de deux bourrelets bordant l'orifice vaginal. La position verticale de la femme bipède appelle ainsi le regard masculin sur le milieu de son corps, de dos comme de profil, la vision étant primordiale dans l'acte sexuel. Ni postérieur, ni totalement antérieur, l'organe sexuel externe féminin est donc à cheval sur le bas-ventre et l'entrecuisse dans une situation originale qui permet à la femme d'en montrer une partie tout en cachant le reste. Ainsi, les lèvres buccales des femmes seraient devenues aussi épaisses et colorées pour ressembler aux grandes lèvres sexuelles.

 

Quant aux petits tétons des femelles primates, ils auraient prospéré jusqu’à devenir de beaux seins féminins, enflant pendant le coït, afin d’offrir à la vue du mâle un second et excitant derrière. Les fesses elles-mêmes auraient pris volume et rondeurs, se seraient dégarnies de leur fourrure, pour préserver l’apparence du « cul rouge » chargés d’effluves des chimpanzés, escamoté aux regards par la station debout. La rotondité culière serait ainsi devenue un clignotant sexuel décisif : au code « je suis prête au printemps » des boursouflures saisonnières aurait succédé le code « je suis prête à tout instant » du fessier ballonné. Cette exacerbation érotique confirmerait la thèse de la sélection naturelle des femelles les plus attractives, condition de leur survie.

Les Vénus préhistoriques à la croupe imposante témoignent de cette érotisation générale de la lignée Homo.

Par comparaison avec l'humain moderne, les autres singes ont de minuscules organes génitaux mâles, les femelles n’ont pas de seins et sont velues. Mais ils sont facilement en mesure de distinguer les sexes parce que les mâles peuvent peser jusqu'à trois fois plus que les femelles.

L'humain, en revanche, est beaucoup moins facile à distinguer en fonction de la taille. Ainsi, les organes génitaux masculins et les seins féminins ont évolué pour faciliter la reconnaissance de l'autre sexe sur des créatures de taille et de forme similaires.

Si le pénis humain est plus grand et plus visible que celui des autres singes (sachant que chez eux ce sont les testicules qui sont plus gros), cela est dû à la pression féminine et à la volonté de virilité qui auraient permis l'allongement du pénis, mis en valeur par la bipédie et par la présence de poils principalement au niveau des organes sexuels.

 

 

La pilosité du sexe féminin (qui est propre à l'humain) est l'indice optique le plus flagrant chez la femme, sachant que le plaisir visuel, facilité par la bipédie, tient un rôle majeur dans les comportements sexuels.

 

L'évolution morphologique entre Singes et Humains, est également marquée par une nouvelle répartition des poils. Si leur perte est un désavantage, car elle induit une déperdition thermique, elle serait compensée par les vêtements de peaux (les premiers humains ont vécu nus tant que le climat le permettait ; il y a 60 000 ans environ, le refroidissement du climat obligea les humains de nos régions à protéger leur corps du froid et, constatant que les animaux qu'ils chassaient étaient mieux protégés par leur fourrure, ils eurent l'idée d'utiliser cette dernière pour en couvrir leur corps), et serait surtout la conséquence de la sélection sexuelle, qui dépend de l'avantage que certains individus ont sur d'autres de même sexe et de même espèce, sous le rapport exclusif de la reproduction. La sélection sexuelle serait à l'origine de la perte des poils chez la femme, dans un premier temps, car en l'absence de poils l'attirance des hommes pour les femmes est supérieure. Dans un second temps, les hommes auraient perdu leurs poils, à moindre mesure, à l'image des femmes. Une pilosité peu développée permet de prouver plus facilement à un partenaire que l’on n’est pas – ou peu – victimes des parasites (poux, puces, sachant que l’épouillage est une activité sociale marque de respect, d’amitié, de hiérarchie et de services rendus), et que l’on incarne de ce fait un reproducteur en bonne santé (la présence de parasites dénotant une mauvaise hygiène ou un manque de partenaires attentionnés à notre égard). Cette évolution ne fut possible que grâce à l’émergence de l’intelligence : l’humain étant capable de résister au froid en faisant du feu ou en se vêtant des peaux de ses proies, sa fourrure avait perdu de son utilité. Sauf en certains endroits précis : les poils pubiens ont survécu car ils servent à transmettre les odeurs à caractère sexuel émises depuis une zone moite et chaude, très riche en glandes émettrices de sueur.

On évoque également un système de reconnaissance du partenaire spécifique par perte des poils, sauf au niveau des organes sexuels (imberbes chez les autres singes), dans le but de faciliter cette reconnaissance. En ce qui concerne les attributs sexuels toujours, la bipédie, en masquant la turgescence (gonflement d'un organe dû à un afflux de sang) de la région génitale chez la femme, aurait induit le développement d'un signal sexuel compensatoire par la nudité des seins et des fesses. Le développement des fesses permettrait, de surcroît, le stockage d'énergie en grande quantité, sans gêner les mouvements bipèdes, le pouvoir reproductif de la femme étant lié à la quantité de graisse dans le corps. Les seins auraient par la suite « imité » les fesses devenues des objets sexuels.

 

Chez les babouins de savane, comme chez toutes les espèces, les relations sexuelles se limitent aux périodes d’ovulation des femelles, les exceptions étant très rares, comme chez les chimpanzés et les bonobos (ils règlent leur sexualité par leur mode de vie ; néanmoins, leur sexualité est davantage de l'ordre de la civilité).

Ce qui fait la spécificité de la sexualité humaine par rapport à celle des autres grands singes, c'est la perte de l'œstrus (état hormonal de réceptivité sexuelle commun à tous les mammifères). Cette disponibilité des humains a aussi ses limites car, bien que parmi les primates anthropoïdes l'homme soit doté du pénis le plus volumineux et long (le pénis humain est un peu plus important, relativement à la masse corporelle, que celui des autres mammifères), il est le seul à ne pas disposer d'un os périnéal ou pénien (l’anatomie du pénis humain se distingue de celle du pénis de la plupart des autres mammifères par l’absence de baculum, un os qui sert à ériger le pénis, ainsi l’homme – comme les étalons – ne peut pas rétracter son pénis dans son corps), et la femme est la seule anthropoïde à connaître une ménopause. Le sexe, dont l'exercice permanent dans notre espèce fut un jour rendu possible par les caractéristiques de la sexualité féminine, a permis la régulation des comportements, rendant possibles d'autres activités (dont le travail).

Les bonobos sont assez pacifiques, leur sexualité, très développée, leur servant à surmonter les crises dans une communauté commandée par les femelles. Chez les chimpanzés, qui passent leur temps en luttes de pouvoir qui se traduisent par des conflits violents, ce sont les mâles qui commandent.

 

Les premiers couples de courte durée sont apparus avec la nécessité de s’occuper ensemble de la progéniture pendant au moins quatre ans.

Avec la marche debout (plus de 3 millions d’années), les mères ont dû porter leurs enfants dans les bras plutôt que sur le dos. Leurs bras occupés, former un couple temporaire leur serait devenu indispensable. Puis l’évolution s’en est mêlée : le cerveau grandissant, les bébés sont nés plus tôt pour que l’accouchement soit possible, les petits ont été assistés plus longtemps, et le temps de l’adolescence s’est allongé, de quoi inciter à rechercher des partenaires à plus long terme. Chez les autres mammifères, dans la plupart des cas, la femelle est instinctivement attachée au rejeton, le nourrit et s’en occupe jusqu’à l’autosuffisance. Un pas de plus dans l’évolution : le mâle entre en jeu et assume des responsabilités. Dans des sociétés sans médecine efficace, plus qu’à la dispersion sexuelle, le succès reproducteur était lié à la survie des enfants à laquelle la présence du père contribue ! De plus, l’œstrus (période de fécondité) n’étant pas visible chez la femme, la plupart des rapports sexuels n’étaient pas fécondants ! Ceux qui restaient avec les femmes avaient alors plus de chance de les féconder ! Ce qui était avant tout instinctif pour la mère devient maintenant éthique pour le père et le fruit d’un jugement plus ou moins conscient portant sur l’obligation de responsabilité. Nos fonctions psychiques représentent un saut existentiel et qualitatif. La reconnaissance de la responsabilité du mâle se traduit alors par un engagement contractuel et une forme de famille. Il fallait évidemment pour en arriver là comprendre le rapport entre la copulation et la génération, ce que l’homme a saisi assez tôt et a tendance à oublier. L’être humain est polyvalent et a un goût prononcé pour les extrêmes : pour se dépasser, il est près à conquérir l’espace et percer les secrets les plus profonds de la nature. Une fois qu’on eut compris et donc qu’on eut pu couper tout lien entre sexualité et fécondité, tout était permis. On n’eut plus à tenir compte des sexes. La course aux trésors du plaisir était lancée. L’espèce s’est prêtée à ce petit jeu de la versatilité à partir de son agressivité, de son instinct de possession, de son goût de la domination. La pulsion sexuelle, dont il est ici question, n’y échappe pas. La copulation ne suffisant pas, l’humain inventa la sodomie et la fellation, voire tenta ponctuellement la zoophilie. L’exploration est au cœur de l’espèce, pas toujours à son honneur.

Voyant qu’elle semblait plus prolifique, l’homme institutionnalisa assez tôt la copulation. L'acte sexuel avait un caractère spirituel pour le préhistorique, soumettant ainsi le commerce des sexes à de véritables rites, donnant naissance au contrat marital social avec serment, bénédiction, festivités, formes de famille et de mariage. L'idée même d'une réglementation (spi)rituelle exclut l'idée contraire de la promiscuité, du tout mélangé et indifférencié. Le refoulement de la sexualité, qui nous impose ainsi de renoncer à certaines formes de satisfaction pulsionnelle et d’abandonner nos premiers objets sexuels, constitue la mutilation la plus sanglante imposée au cours du temps à la vie amoureuse de l'être humain.

De nécessité, le couple est devenu chez nous modèle social, mais il n’en est pas pour autant un stéréotype obligatoire !

Pour certains, l’homme serait volage car ses ancêtres préhistoriques devaient courir les jupons pour répandre leurs gènes, tandis que les femmes s’attachaient à un mâle protecteur qui subvienne aux besoins de sa progéniture. En réalité, hommes et femmes sont tout aussi volages, toujours dans cet esprit de survie et d’amélioration génétique de l’espèce, mais les hommes aiment croire qu’ils sont plus infidèles que les femmes, et celles-ci sont bien contentes qu’ils y croient !

D’ailleurs, l'adultère aurait constitué un levier puissant d'évolution de l'espèce humaine. La démonstration est à peu près la suivante : si l'on considère dans une société officiellement monogame par exemple trois groupes de fitness (disons par exemple les beaux et forts, les moyens, et les peu gâtés et faibles), chaque groupe, pour des raisons de choix mutuel, pratiquera l'endogamie interne, et ces groupes se perpétueront plus ou moins à travers le temps. Si en revanche une tendance à l'adultère se manifeste vers les groupes jugés à tort ou à raison comme plus enviables selon divers critères (goût du risque, modération, raisonnement), alors leurs gènes se répartiront mieux dans la société en question ! De fait, la communauté sera plus équilibrée en beaux forts intelligents, en moyens multidisciplinaires ainsi qu’en peu gâtés faibles mais explorateurs.


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