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·   Honneur aux dames, même si… Alors Ulla, sans être grossier, tu as grossi depuis la dernière fois où nous t’avons vue !

·   Ulla : Oui, mais c’est de nouveau Virginie à présent que je vais devenir maman !

·   Autant pour moi !

·   Virginie : Il n’y a pas de mal, ça fait si longtemps que tu me connais avec ce prénom-là, mais tout est différent maintenant !!! Si je ne rejette absolument pas mon passé, il n’en reste pas moins que j’ai enfin trouvé la stabilité ! Je suis vraiment contente d’avoir aidé beaucoup de gens à redevenir les hommes qu’ils n’avaient jamais cessé d’être, mais à présent je veux me concentrer uniquement sur mon Andy chéri !!! Même s’il n’y a pas que ça, comme il a à nouveau pu prendre son pied, il m’a confié son corps tout entier pour que j’en fasse ce que bon me semble … et il m’a demandé en "échange" ma main ! Il est vraiment tout ce que j’ai recherché chez un homme, gentil, prévenant, patient, et surtout il n’a aucun jugement par rapport à mon métier passé (même s’il en a aussi profité, il aurait très bien pu me considérer à jamais comme une "simple" prostituée) ! Ce n’est d’ailleurs pas lui qui voulait que j’arrête, mais moi car j’avais plus ou moins fait le tour de la question pratique et je ne voulais pas d’un bébé « fils/fille de pute », même si cette image restera pour toujours attachée à ma personne et encore plus à mon corps !!! Maintenant, j’ai tourné la page du terrain pratique pour le laisser à d’autres, mais je n’ai pas complètement abandonné le métier et les filles qui continuent ou les nouvelles qui prennent la relève ! J’ai fondé le premier syndicat des travailleuses/travailleurs du sexe, reconnu d’utilité publique s’il vous plaît, tenu par des filles et des hommes de joies qui connaissent ou on connu ce milieu à mille lieux des stéréotypes ! Je mène donc des actions de sensibilisation auprès des clients pour qu’ils respectent les personnes qui se cachent derrière les corps qui sont "mis à leur disposition" et je développe des plans de communication pour attirer l’attention des politiques et autres personnes influentes pour vraiment prendre en considération le choix ou la détresse des prostitué(e)s, le tout dans un cadre concerté avec les riverains et les forces de l’ordre afin de limiter les débordements et les nuisances inhérentes à l’exercice de cette action sociale très spéciale !!!

·   Félicitations pour ta nouvelle vie et bravo pour la reconversion ! Quant à toi Faudel, tu as aussi une grosse surprise à nous annoncer !

·   Faudel : « Pour sûr ! En fait, j’ai "juste" enfin trouvé la clé de mon comportement de prédateur envers la gente féminine !!! Comme mon père était venu travailler en France alors que le reste de la famille était resté au bled, vu que j’étais le petit dernier, ma mère m’a beaucoup choyé ! Ayant deux garçons et trois filles dans le peloton de tête, de tribu matriarcale, elle a eu tendance à être une mère castratrice ! C’est en parti pour ça que j’ai eu mon retard à l’allumage et que ma première fois, très intimidé par le sexe dit faible mais plus que fort dans ma famille, a été un fiasco !!! Avec le recul des années je me suis rendu compte que si j’avais été un chasseur de femmes c’était sûrement par "vengeance" inconsciente envers le trop lourd poids moral de ma mère ! Ainsi, chaque quête/conquête de con et coup de quéquette était un moyen de me valoriser en tant qu’homme, qui en a !!! Pour autant, lors de ma première expérience homosexuelle dans les douches du club de rugby (sport recommandé par mon père qui à mon arrivée en France trouvait que j’étais trop efféminé), je m’étais rendu compte qu’il y avait quelque chose de "louche" dans ma sexualité en cours de construction : si j’avais été content que mon sexe arrive enfin à pénétrer, j’avais ressenti plus de plaisir encore en tant que receveur ! Par la suite, si je suis rentré en religion dans la femme pour la changer comme pour en user et abuser, je m’étais trompé de seins et au final ce sont elles qui m’ont changé ! D’ailleurs on me disait que j’avais mauvais genre ! Et pour cause : je vivais dans le déni/le refoulé de ma nature profonde. À rechercher l’âme sœur désespérément,  je l’ai trouvé avec un frère : après cette soirée trioliste mémorable, véritable coup de maître qui reboosta le prématurément vieux Faudel que j’étais devenu à cause des travers de porc de Giacomo, je suis tombé amoureux du jeune disciple, lui-même autant fasciné par la dextérité du maître que par ses charmes inhérents et son vécu. Même si je commençais à rationnaliser les passions/pulsions et à maîtriser les excès pour les transformer en extase – le besoin physique s’exprimant surtout quand on a peur, quand on a besoin d’être rassuré par une présence corporelle –, je me demandais toujours « C’est quand le bonheur ? » ! En effet, on m’envisageait, on me dévisageait, comme un gars que je n’étais pas : pour dire les choses crûment, c’est moi qui faisais la femme car mon homme n’est pas tout à fait homo (il est aux deux-tiers bi, mais plutôt dans son penchant hétéro) ! Tout ça pour dire que, dès le départ, j’étais jaloux et envieux des femmes, de leurs charmes et irrésistibles capacités d’attraction (même si j’ai surtout connu des chiennasses, belles d’un jour, putes d’un soir) : de fait, sans contrefaçon culturelle, je n’étais pas un garçon et je ne voulais plus faire avec ce que la Nature m’avait donné ! Alors que pour moi il était évident qu’hétérosexualité et homosexualité, davantage que des identités figées, sont des rôles que l’on peut échanger, j’appréhendais tout de même l’annonce à mon homme de mon envie de changement physique ! C’est la peur qui m’a fait fuir, c’est son Amour qui m’a fait revenir car lui aussi préférait me voir comme une femme, d’autant que je serais alors simplement fidèle à moi-même !!! Pour autant, je tiens à préciser que si je rejette mon passé masculin dans ses aspects machos, je n’ai pas de problème avec cette identité d’avant ! C’est d’ailleurs pour ça que j’ai choisi le prénom de Camille, le plus joli prénom de fille pour un ancien garçon (et vice-versa, mais la version masculine est douze fois moins nombreuse), sachant que je ne me refuse pas, de temps à autre, des triolismes avec mon homme et une autre femme, tantôt en version homo/lesbienne, tantôt en mode hétéro où je redeviens le temps d’un instant un homme grâce à un gode ! Si ce n’est certainement pas une sexualité modèle, c’est en tout cas un des modèles de sexualité, le mien !!! ».

·   Alors Camille, concrètement, comme s’est déroulé ta "mutation", ton changement de peau ?

·   C : J’ai fait une chirurgie de réattribution sexuelle MtF (Male to Female) ce qui a donné ce joli corps sage actuel, avec un sacré passé où je suis passé(e) sur tout le monde ! La première étape a été un traitement hormonal par œstrogènes pour développer une poitrine, adoucir ma peau et féminiser les contours de mon corps. Comme je trouvais que mes seins étaient trop petits, on m’a fait une mammoplastie en me posant des implants mammaires avec enveloppe en silicone remplie de sérum physiologique pour atteindre le 90C (en forme de pomme pour tout dire). Je ne le sais que trop bien : les garçons ont l’œil, mâle placé, et je suis ravie que mes seins leurs fassent tourner la tête ! Après un petit temps d’adaptation et de "travestissement", il m’était plus qu’évident que je ne pouvais pas m’arrêter comme ça, au milieu du gué ! Mon homme et moi avons alors opté pour aller à l’étranger, où l’on m’a fait une vaginoplastie par greffe scrotale (pour information, chez l’être humain, jusqu’à la neuvième semaine de grossesse, le fœtus mâle ou femelle ne présente encore que deux tubercules labio-scrotaux génériques qui donneront chez la petite fille les grandes lèvres de la vulve et le scrotum chez le petit garçon), combinée avec la peau pénil (du pubis) pour former la doublure vaginale et créer la profondeur du néo-vagin. L’intervention chirurgicale de transformation a duré trois heures, avec l’ablation des deux testicules et de la verge, puis la création d’un néo-vagin (tapissé par la peau des couilles et de la verge, relativement insensibles même s’il reste quelques terminaisons nerveuses). Dès la création des premières vaginoplasties modernes par le Dr. Georges Burou au milieu des années 1950, il a eu le souci de préserver la capacité de plaisir sexuel et même d’orgasme des personnes. Il existe donc un protocole qui conserve les nerfs et une partie du tissu érectile qui sont placés dans le corps, entre autre pour reconstituer un clitoris vivant en utilisant le gland et en préservant sa sensibilité (ceci permet de ressentir les mêmes sensations que les femmes jusqu’à celle d’atteindre l’orgasme, dans mon cas). Enfin, l’opération s’est terminée par une labiaplastie consistant à créer des lèvres, grandes et petites. Mais ce n’était que le début car, dans le but de favoriser la cicatrisation du néo-vagin, je suis restée clouée au lit pendant une semaine, avec régime sans résidus (pas de fruits, pas de jus de fruits, pas de légumes, pas de pommes de terre, pas de potages, pas de pain, pas de fromages frais ni fermentés), pansement qui maintient le vagin en place ("bourdonnet") et sonde urinaire. Ensuite j’ai porté jour et nuit pendant trois mois un conformateur vaginal souple, réalisé avec des compresses roulées de façon très serrées et entourées par un préservatif lubrifié par de la pommade de vaseline, afin de s’opposer à la rétraction naturelle qui accompagne les phénomènes de cicatrisation, celle-ci étant complète après un mois et demi. Les seuls problèmes que j’ai rencontrés, pendant les premiers temps, c’est que les urines ne s’évacuaient pas par un jet unique mais de façon dispersée et que la sensibilité du clitoris était très développée et ressentie de façon désagréable. Au final, je me suis retrouvée avec un vagin profond de dix-huit centimètres (une bonne taille pour un vagin, sachant que la moyenne du pénis masculin est de quinze centimètres) et une vulve on ne peut plus classique, du moins en apparence ! Il m’a fallu, et pour mon homme bien sûr aussi, prendre le temps de redécouvrir mon corps, mais aujourd’hui j’en jouis pleinement : le vagin étant tapissé de peau et non de muqueuse il doit être lubrifié lors des rapports sexuels, mais à part ça l’épanouissement est au rendez-vous car être pénétrée par le vagin change ma relation au sexe ! À présent, je suis épanouie et je vis une sexualité enfin apaisée !!! »

·   C’est donc sur ces bonnes nouvelles que nous rendons l’antenne ! Un grand merci à toutes les deux, grâce à vous nos téléspec-tâteurs ont pu voyager dans les méandres du large panel des possibilités offertes par la sexualité ! Nous avons bien vu parmi vos péripéties qu’il n’était pas toujours évident de trouver sa voie et que le sexe est une affaire sérieuse qui peut faire ressentir ses effets sur bon nombre d’aspects de la vie ! En tout cas, vous nous aurez beaucoup appris sur le fait qu’il n’y a que nous qui pouvons choisir, à chaque période de notre sexistence, comment nous voulons vivre notre sexualité : peu importe les pressions morales familiales et sociales, chacun est maître de son corps et l’important est de se sentir bien dedans, bien au chaud bien au fond !!!

 


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