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Un culte se développa autour du phallus. Ce qui coïncide également avec l'abandon des cultes des déesses et le repli exclusif sur le culte d'un dieu de sexe masculin.

 

En matière de sexe, les Mésopotamiens semblent avoir tout pratiqué, les Égyptiens ne cachent pas leur sexualité parfois débridée, et les Grecs, qui vouent au corps un véritable culte, tiennent l’homosexualité pour la forme la plus raffinée de l’amour, même entre un homme adulte et un adolescent, la relation étant autant physique qu’intellectuelle (même les Romains, moins tolérants, n’y étaient pas opposés).

Les anciens Grecs donnaient une place importante aux dieux et plusieurs d'entre eux étaient connus pour leur activité sexuelle. Apollon, Aphrodite, Dionysos, Hermaphrodite, Narcisse, Priape... chacun était une métaphore de la sexualité humaine, réelle ou imaginée. À travers les récits de la mythologie, les Grecs apprenaient à différencier le bon du mauvais, la gestion des pulsions d'Éros.

Dans la foulée de l'expérimentation sexuelle, presque obligatoire pour être reconnu comme disciple d'Éros, nombreux sont les hommes et les femmes qui se retrouvent confrontés à des problèmes sexuels dont ils ne comprennent pas la cause. Affolés qu'ils sont lorsque le corps fait défaut.

Dans une rencontre sexuelle dé-sentimentalisée, ils découvrent avec stupeur les secrets profonds de l'homme ou de la femme. 

 

Excepté Inemes, la déesse de l’amour, les dieux de Chuuk n’interviennent pas souvent dans la vie des humains.

 

croyances irlandaises, il existait des figures féminines vierges et incarnant la royauté, comme Athéna ? Ou qu’à Rome, les Vestales étaient également vierges et entretenaient des relations avec les vestiges qui subsistaient de l’ancienne royauté

Le Point

 

Le monde naît du divin. Un dieu créateur sort de l’œuf, forme parfaite et réservoir illimité des possibles. Les dieux créateurs des premiers âges donnent naissance à des monstres, symboles des éléments naturels (eau, terre, feu, sécheresse, froid, etc.) : des dragons immondes en Mésopotamie, des Titans et des Cyclopes pour les Grecs. Ces monstres se disputent et s’entredévorent sous le regard agacé de leurs géniteurs, eux-mêmes repoussants. Le serpent est l’une des figures les plus fréquentes : à Sumer, c’est une femme qui à l’origine du monde, femelle reptilienne et sauvage, Tiamat.

Le créateur est un dieu solaire (Rê, Atoum, puis Amon et Ptah : Khépri le matin, Atoum le soir, Rê éternellement). Une fois émergé, le créateur se trouva dans un état de solitude absolue, obligé de tirer de lui-même les substances dont seraient issus les autres êtres : la divinité anthropomorphe pouvait faire germer sa semence dans sa main ou dans sa bouche : « Il a fait la totalité lorsqu’il s’accoupla avec son poing en jouissance ».

Amon-Rê le taureau, le maître de Thèbes.

Neith/Noun : « tu as dissocié pour nous la blanche aurore de la nuit, tu as séparé pour nous la nuit du jour ». Elle prit l’aspect de la vache-Ahet, la vache du Ciel.

Rê : force de maintien de l’ordre par son « œil » : terme féminin en égyptien, il désigne la déesse qui, sous forme de lionne (Hathor ou Sekhmet/Sakhmis) se déchaîne contre les fauteurs de troubles. C’est dans la féminité que les anciens Égyptiens reconnaissaient le parangon de la furie sanguinaire. Cet œil qui menaçait l’existence humaine était l’organe dont ils étaient issus.

La furie propre aux déesses est susceptible de s’apaiser dans la joie et la fête. La cruelle lionne Sekhmet devient la douce chatte Bastet. La déesse s’enfuit au fond du désert africain, plongeant dans l’affliction et le malheur les habitants de l’Égypte, humains et dieux confondus. Un messager, fils de Thot (un singe à tête de chacal) est envoyé pour la convaincre de revenir. Elle accepte son retour en Égypte, auquel s’opposent les ennemis du soleil dont elle triomphe avec l’aide du messager. La déesse personnifie l’étoile Sirius, qui demeure invisible pendant environ soixante-dix jours avant de réapparaître dans le ciel, à l’aube.

Osiris, dieu de la civilisation, a donné la fertilité à la terre et à introduit la diversité des cultures. Il fit cesser le cannibalisme humain après qu’Isis eut découvert la culture du blé et de l’orge.

Il y a deux types de mort. D’une part, une mort qui est un retour au non-être, et donc un anéantissement total et irréversible. D’autre part, une mort qui n’est qu’une phase de quasi-dormance dans le cycle biologique et, en tant que telle, passage soit vers une régénération à l’identique (ainsi les végétaux et la lune), soit vers une transfiguration en un autre état (ainsi le défunt momifié qui devient compagnon des dieux).

Osiris, fils aîné des quatre enfants du deuxième couple primordial formé par Geb et Nout, est assassiné par son frère Seth. De « Celui dont la conscience est affaiblie », il devient « Celui qui se réveille dans l’intégrité de ses moyens », épithète qu’il illustre en engrossant Isis, ou en ressuscitant comme souverain du royaume des morts.

Membre viril dévoré par le lépidote, le phagre et l’oxyrhynque. Isis à sa place fabriqua une réplique et consacra le phallus, en l’honneur duquel les Égyptiens célèbrent des fêtes.

Seth : force indispensable au fonctionnement de la création, mais brutale et sans finalité, et Horus (faucon), principe organisateur qui tend à la juguler. Comme oncle (Seth) et neveu (Horus), ils partagent les mêmes contraintes et espérances, mais Seth étant plus âgé, une inévitable dynamique les conduits sans cesse de l’antagonisme violent à sa conciliation. Horus est le faible, la victime potentielle ; Seth est le fort et l’agresseur. Seth met en pièces l’œil d’Horus, lequel, en retour, lui arrache les testicules. Thot (dieu lunaire du savoir et de la sagesse) les apaise et permet à chacun de retrouver ses attributs. La reconstitution progressive de l’œil peut être interprétée comme l’origine de la réapparition progressive de la lune. L’enjeu est la fonction royale d’Osiris.

Le violeur violé : Seth invite Horus chez lui. Pendant la nuit, l’un allongé à côté de l’autre, Seth fit durcir son membre et le fit passer entre les cuisses d’Horus. Alors Horus plaça ses deux mains entre ses cuisses et il recueillit la semence de Seth. Alors Horus alla montrer à sa mère Isis ce que Seth avait fait à son égard. Elle coupa la main outragée d’Horus et la jeta à l’eau avant de lui en donner une tout à fait convenable. Puis, elle alla chercher un peu d’onguent doux qu’elle appliqua sur le membre d’Horus. Elle le fit durcir et le plaça contre une jarre ; elle y fit couler du sperme. Alors, Isis partit avec le sperme d’Horus vers le jardin de Seth. Elle l’appliqua sur des laitues, le seul légume de ce jardin que mangeait Seth. Ainsi, Seth se trouva enceint à cause du sperme d’Horus.

Tous les deux comparurent devant le tribunal, la Grande Énnéade. Seth dit : « Qu’on me donne la fonction de souverain, car en ce qui concerne Horus, j’ai fait à son égard action de mâle » (en jouissant entre les cuisses d’Horus). Alors, l’Énnéade poussa un grand cri et crachèrent à la face d’Horus. Suivant la défense d’Horus, Thot (le maître des paroles divines, le scribe de l’Énnéade) étendit sa main sur l’épaule d’Horus et dit « Sors, sperme de Seth ». Le sperme répondit depuis l’eau, dans un secteur de cucurbitacées, là où Isis avait jeté la main de son fils souillée par son frère. Thor étendit sa main sur l’épaule de Seth et dit « Sors, sperme d’Horus ». Celui, ayant été ingurgité par le biais d’une laitue, demanda d’où sortir. Sur la proposition de Thot de sortir de l’oreille de Seth, le sperme d’Horus s’offusqua en rappelant qu’il était un liquide divin. Toujours suivant Thot, le sperme sortit finalement du front de Seth, sous forme d’un disque d’or. Seth entra alors dans une très violente colère et l’Énnéade dit : « Horus est dans son droit et Seth à tort ! ». Ce fut donc Horus qui récupéra la place de son père, contre son oncle, sur le trône de roi de la Terre.

La créativité mythologique exploite ces potentialités en multipliant les anecdotes censées expliquer l’origine des éléments naturels, culturels et cultuels qui constituent le monde.

 

Serpent : nuit élémentaire de laquelle surgit la lumière.

 

Amon : bélier ou oie : symbole de la paternité, de la fertilité, il personnifiait l’air et le souffle créateur.

Mout : épouse d’Amon, elle est figurée sous les traits d’un vautour et symbolise elle aussi la fonction maternelle. Elle protège les grandes épouses royales.

 

Hathor : successivement déesse de l’Amour, de la danse, de la joie et de l’ivresse, elle est représentée en vache ou sous les traits d’une femme à tête de vache portant le disque solaire entre ses cornes. Elle peut devenir violente et redoutable quand vient la nouvelle lune. C’est elle qui est à l’origine des transformations du ciel, inspirant tour à tour quiétude et déchaînement.

 

Horus : grand dieu du ciel, parfois même du soleil, il devient le modèle divin des pharaons.

Nephtys : n’ayant pas vocation à devenir mère du fait de son alliance avec son frère Seth, roi des terres stériles, on la compte parmi les nourrices d’Horus. On lui attribue pourtant un fils, Anubis (dieu à tête de chacal qui participe au jugement des âmes en présidant au rite de l’embaumement des morts, puis en tant que conducteur des âmes en introduisant le défunt dans la salle de jugement), fruit d’une liaison légitime avec Osiris.

 

Isis : elle est d’abord représentée sous les traits d’une femme seule ou allaitant son fils, avant de porter les mêmes cornes qu’Hathor (même à la différence d’Hathor, qui incarne la dimension biologique de la maternité, Isis est adorée en tant que mère universelle, à la fois grande magicienne et consolatrice).

 

Khnoum : dieu de la fertilité, il incarne la puissance créatrice. Homme à tête de bélier, il aurait façonné chaque être ainsi que l’image royale sur son tour de potier et transmis à toutes les femmes le don de savoir manier cet instrument.

 

Khonsou : dieu lunaire apparaissant sous l’aspect d’un homme à tête de faucon (comme Horus) surmonté d’un disque solaire, d’un être momifié ou encore d’un enfant. On l’invoquait contre les esprits malfaisants.

 

 

 

 

 

La naissance des éléments

La formation des éléments constitutifs de l’Univers apparaît ensuite comme une œuvre gigantesque de l’énergie vitale qui, par accouplements monstrueux des principes de vie issus du néant, ou par autogenèse, donne naissance à des générations de dieux aux fonctions et aux pouvoirs de plus en plus distincts et harmonieux. Ainsi c’est de l’union d’Apsou et de Tiamat que quatre générations de dieux sont issues : d’abord Lakhmou et Lakhamou, monstres à tête de serpent, à l’identité mal définie ; puis le ciel Anshar, et la terre Kishar, encore simples principes ou prototypes, esquisses des éléments. Ces dieux engendrent trois fils : Anou, roi du ciel, Ea, roi des eaux, Enlil, roi de la terre. Désormais, le cosmos est constitué. On sait aussi comment, en Grèce, les embrassements monstrueux d’Ouranos, dieu du ciel, et de Gaïa, déesse de la terre, ont donné le jour aux Titans, Cyclopes et Hécatonchires (aux cent bras), êtres gigantesques et destructeurs, symboles de la prolifération encore désordonnée de l’énergie vitale. Lorsque le démiurge est issu des eaux primordiales par autogenèse, il crée en se divisant lui-même pour donner vie aux éléments dont la forme se fixe peu à peu. Du sperme et de la salive de Rê naîtront les autres éléments : c’est le couple Shou, l’air, et Tefnout, l’humidité, êtres encore mal différenciés, d’où naîtront à leur tour Geb, la terre, et Nout, le ciel. Geb et Nout, étroitement unis à l’origine, sont ensuite séparés par Shou, selon la volonté d’Atoum-Rê : Nout fut élevée haut dans les airs, où son ventre étoilé forme la voûte céleste.

 

Dieu crée l’Univers comme le dieu Ptah, par le Verbe. Dans la mythologie grecque, Amour (Eros) peut être rapproché du souffle créateur, indispensable à l’animation des formes issues de la division des éléments. On rencontre ainsi, dans la mythologie sumérienne, un être à l’identité mystérieuse, Moumou, omniprésent dès les origines et qui semble associé à toute création.
Ainsi l’Univers est-il né selon un principe d’auto-engendrement où le démiurge, assimilé au Chaos, se divise de lui-même pour donner vie et forme, par étapes successives et mystérieuses, aux éléments. Seul le Créateur de la Bible crée d’emblée l’Univers. Dieu unique, Créateur absolu, il ne saurait être soumis au temps, au devenir personnel, à travers des métamorphoses successives et conflictuelles, comme c’est le cas dans les cosmogonies païennes.

 

Les dieux civilisateurs

L’harmonie du monde, telle que les récits des origines la relatent, résulte d’un combat permanent entre les forces contradictoires que sont les éléments et contre la dualité inhérente à toute manifestation de la vie. Cette dualité interne à l’être est manifeste dans l’identité paradoxale des dieux, créateurs et dévorateurs comme Ouranos et Cronos, dans les attributions célestes et chthoniennes de Zeus, dans la double personnalité de Rê, dieu solaire qu’on représente aussi en serpent, symbole des couches profondes et mystérieuses de la terre.
Cet avènement du monde n’est, en effet, que le début d’une longue épopée où les dieux, à peine sortis de l’indistinct, s’emploient à conquérir leur existence propre, à l’assurer contre leurs concurrents, frères et descendants, pleins d’énergie et de convoitise, contre leurs propres monstres aussi. La violence et la fougue avec lesquelles les dieux conquièrent le territoire où ils exerceront leur puissance, l’accès à l’ordre dans les cieux, qui est la condition de l’équilibre de l’Univers et de sa pérennité, suscitent des drames célestes à rebondissements. Il en sortira des modèles de civilisation, c’est-à-dire des « programmes » d’existence : selon un système de hiérarchies conquis de haute lutte sur les excès et désordres, par lesquels la vie cherche à s’anéantir dans le néant originel, l’être peut exercer ses facultés et vivre ses légitimes aspirations.

 

La quête de l’équilibre

Les êtres issus de la création primordiale constituent la génération des grands dieux ou dii otiosi. Puissances redoutables mais démiurges passifs, ces dieux semblent se désintéresser de leurs créatures, quand ils ne les détruisent pas, comme Ouranos et Cronos ou Apsou, par caprice ou par monstrueuse cruauté. Ainsi les dieux des générations suivantes livrent-ils leurs premiers combats pour échapper à la force dévoratrice de leurs géniteurs.

En Égypte, c’est entre Osiris et Seth, les frères nés du couple Geb-Nout, que se déclare la lutte pour la suprématie. Osiris, premier héritier du trône d’Égypte, dieu des ressources et des éléments, apporte l’abondance et la prospérité : il abolit l’anthropophagie, enseigne aux hommes l’agriculture, instaure le culte des dieux, bâtit les premiers temples ; il est respecté des dieux et règne sur le ciel. Mais Seth, monstre à tête d’animal sur un corps d’homme, dieu maléfique, est jaloux et le tue. Cependant, Osiris, grâce aux pouvoirs magiques d’Isis, sa sœur-épouse, la féconde avant de s’en aller régner sur l’autre monde, maître de l’éternité. Horus, né de cette union, détrônera à son tour son oncle Seth et prendra un juste pouvoir sur l’Égypte.
Gaïa, la Terre en Grèce, persuade son fils Cronos de la délivrer des ardeurs de son époux. On sait comment celui-ci émascule son père avec un silex. Le sexe d’Ouranos, jeté dans la mer, engendre encore des monstres, les Érinyes, mais aussi la déesse Aphrodite. Cronos gouverne, mais, répétant les erreurs de son père, il dévore lui-même ses enfants de peur d’être détrôné à son tour. Son épouse, Rhéa, réussit à sauver Zeus, qui, adulte, force son père à restituer les enfants avalés ; puis il le vainc après une guerre de dix ans. Les dieux règnent désormais sur un Univers en paix où l’équilibre et la justice sont instaurés.

 

L’amour créateur en Mésopotamie

•Récits de créations: naissance du monde grâce à l’activité sexuelle des divinités, l’Amour primordial entre le Ciel et la Terre

•Eté et Hiver : résultats d’un acte sexuel entre le dieu Enlil et les hautes Montagnes

 

Au commencement était Nammu, déesse de la Mer Primordiale.
Une montagne cosmique vit le jour dans la mer, issue de l'union parfaite et indifférenciée du dieu du ciel, An, et de la déesse de la terre Ki (Ninhursag).
An et Ki engendrèrent Enlil, le dieu de l'air et de l'orage. La naissance d'Enlil fut ce qui déclencha la séparation du ciel et de la terre et ce qui donna à chacun de ses deux éléments sa forme et sa fonction respective. An le père se réserva le ciel, tandis que Enlil s'appropria sa mère la terre.
Avec l'aide de sa mère et d'Enki, le dieu des eaux, Enlil produisit les plantes et les animaux.

 

http://www.systerofnight.net/religion/html/mesopotamie.html

 

Enlil, Li ou Ellil en akkadien, est l'un des dieux principaux de la religion de Sumer et d'Akkad. Son temple terrestre principal, l'Ekur, se trouve à Nippur. Il a également un palais au Ciel, l'Esharra. En sumérien, son nom est expliqué comme en-líl, ce qui signifie « Seigneur du Vent ». Il est en effet au départ le dieu du vent du printemps, période de retour de la végétation dans les campagnes. En fait, son nom n'est probablement pas sumérien à l'origine, mais pourrait remonter à des temps très reculés, et son sens initial nous est de ce fait inaccessible. D'après les mythes les plus anciens, il est considéré comme le roi des dieux.

 

Enlil est le fils d'Anu et le frère d'Enki. « An » se trouve en composition dans beaucoup de noms de divinités célestes et primordiales.

Enki et Ninki : « Seigneur-Terre et Dame-Terre », divinités d'un panthéon sumérien, géniteurs d'Enlil. Enki (Seigneur-Terre) n'a aucun rapport avec Enki / Éa.

 

Sa parèdre est Ninlil/Mullissu, et on leur attribue de nombreux enfants : Nanna/Sîn, Ishkur/Adad, Nergal, Ninurta, Urash pour les plus importants.

Enlil est très attiré par la jeune déesse Ninlil. Il la suit, et l'épie alors qu'elle se baigne. Ne pouvant résister, il la viole alors qu'elle est encore vierge. De cette union naît Nanna, le dieu-lune. Les autres dieux, scandalisés par cette attitude, ne peuvent pas laisser le crime impuni, bien qu'Enlil soit leur maître. Ils le condamnent donc à l'exil aux Enfers. Mais Ninlil, qui n'en veut pas à Enlil, mais est au contraire très attirée par lui, le rejoint en secret. Par deux fois, ils couchent ensemble, et la déesse met au monde deux autres dieux. Les dieux qui avaient exilé Enlil aux Enfers finissent par le pardonner, et ils le laissent reprendre sa place au Ciel, avec Ninlil à ses côtés.

Son nom, nin-líl, « Dame du Vent », est le pendant féminin de celui d'Enlil, son époux divin. C'est la fille de la déesse Ninshebargunu et du dieu Haya (peut-être le frère d’Enlil, Enki/É.A/Haya). De son union avec Enlil, elle a enfanté des divinités parmi les plus importantes du panthéon suméro-akkadien : Nanna/Sîn, Ninurta, Ningishzida, Ninazu, Urash et parfois on fait d'elle la mère d'Ishkur/Adad.

Ses attributs semblent être ceux d'une divinité de la fertilité, puisqu'on l'assimile à Ashnan, déesse du grain, et Nintur, déesse qui préside aux accouchements, ou encore avec Ninhursag, la principale déesse-mère des Sumériens.

 

Enki peut être traduit par « seigneur de la Terre » : le mot sumérien en signifiant « seigneur » et ki « la terre ». Enki est le dieu « de ce qui se trouve en-dessous », c'est-à-dire, selon la conception mésopotamienne de l'univers, des eaux douces qui jaillissent du sous-sol. Le nom akkadien d'Éa semble être d'origine sumérienne, et s'écrit à l'aide de deux signes signifiant « maison » et « eau » (É.A). Éa se prononçait /haya/ ou /ħayya/ (se rapprochant du mot vie en sémitique), nom évoquant à la fois le caractère vital de l'eau pour l'agriculture et l'océan inférieur dont le dieu était le maître.

Enki est le dieu de l'eau douce et de la prospérité, la « source génératrice de vie », le dieu de l'intelligence, de la création et de la destinée. Troisième dieu de la triade mésopotamienne, il y représente l'intelligence et la sagesse. Ses attributs sont la chèvre et le poisson. Il est accompagné d'arbres symbolisant les aspects mâles et femelles de la nature, représentant ses capacités créatives.

Frère d'Enlil, il est tout d'abord marié à Ninhursag, dont il a une fille, Ninsar. Concernant le tempérament incestueux d’Enki, une légende raconte que celui-ci poursuivait de ses avances sa fille Ninsar. La mère, Ninhursag, s'en étant aperçu, elle demanda réparation auprès de Utu, dieu de la justice (avec sa fille Ninsar, Enki conçut Ninkurra, cette dernière donna ensuite naissance à Utu) et obtint, en échange de la défloration, huit graines avalées par Enki. Ninhursag furieuse condamna Enki à souffrir d'une maladie par graine mangée en huit endroits du corps. Enki, mourant, supplia Ninhursag et lui demanda pardon, celle-ci cédant à sa demande décida de le guérir en retirant chaque graine pour en faire une déesse. Parmi les huit graines, l'une d'elle lui fut retirée de la côté (ti en sumérien) pour donner la déesse Ti (celle qui donne la vie).

 

Ninhursag est une divinité sumérienne de la Terre et la Déesse-Mère. Son nom signifie Maîtresse des collines, mais elle possède d'autres noms : Nintur (Dame naissance), Ninmah (Dame d'Aout). Elle est la sœur d'Enlil et la sœur-femme d'Enki. Sa place dans la société, assignée par Enki, est d'être « face au roi ». Son mari étant volage, Ninhursag, particulièrement jalouse, déclenche des sècheresses à chaque incartade de son époux.

Elle présente un corps n'ayant ni organes génitaux mâles, ni organes génitaux femelles. Enki demanda à Nintu, la déesse de la naissance, d'établir une troisième catégorie de personnes, en addition aux hommes et aux femmes, qui comprendrait les démons qui volent les jeunes enfants, les femmes infertiles et les prêtresses qui n'ont pas le droit d'être enceintes. À Babylone, à Sumer et en Assyrie, certains types d'individus qui remplissaient un rôle religieux au service d'Inanna/Ishtar ont été décrits comme un troisième genre. Ils pratiquaient la prostitution sacrée (hiérodule), la danse extatique, la musique et le théâtre, portaient des masques et des caractéristiques des deux autres genres.

 

 

En akkadien elle était souvent invoquée sous le nom de Mama. En tant que femme et contrepartie féminine d'Enki, elle était appelée Damkina. Son prestige diminua à mesure que celui d'Ishtar augmentait, mais son aspect sous Damkina, mère de Mardouk, dieu suprême de Babylone, lui réserva une place dans le panthéon divin.

 

D'après la mythologie sumérienne, c'est elle qui créa le héros Enkidu à partir d'un morceau d'argile. Au début de l'épopée Enkidu représente l'archétype de l'homme-sauvage. Enkidu vit avec les bêtes sauvages et les protège en détruisant les pièges. Mais ses actions irritent un chasseur. Celui-ci se confie à son père qui lui conseille d'aller trouver le roi Gilgamesh : « Il te donnera la Courtisane Lajoyeuse... Elle dévoilera ses charmes... Alors sa harde, élevée avec lui, lui deviendra hostile ! » (une harde est un troupeau d'ongulés sauvages, notamment de ruminants. Ce terme est souvent utilisé pour évoquer un groupe de cerfs mais, selon les pays, pour multiples animaux : une harde de chevaux est un groupe, un troupeau, de chevaux sauvages, une harde désigne également les liens attachant les chiens quatre à quatre ou six à six. Attention à ne pas confondre « harde » et son cousin « horde », ce dernier terme s'appliquant uniquement aux groupes humains). Le chasseur va donc trouver Gilgamesh qui lui donne Shamat pour « corrompre » l'homme sauvage. Elle civilisera Enkidu en l'initiant aux rites sexuels de la déesse Ishtar, en tant que prostituée du temple, prêtresse de la déesse Ishtar. Enkidu est immédiatement séduit. Après six jours et sept nuits passées avec Shamat, il veut repartir, mais sa harde le repousse et il n'a plus la force de la suivre. Enkidu a perdu en force mais il s'éveille à l'intelligence.

Après un songe défavorable, Enkidu commence à dépérir. Il maudit le chasseur et la courtisane envoyée pour le civiliser. Peu avant sa mort, suite aux paroles du dieu Utu/Shamash, il finit par la réhabiliter.

De bien des façons, la métamorphose d'Enkidu peut représenter la puissance de séduction exercée par les ville-États de Mésopotamie. Ses origines (la steppe) et sa vie au milieu des bêtes sauvages suggèrent le chasseur-cueilleur vivant en marge du territoire des premiers fermiers de l'Irak méridional. Sa transformation et l'acceptation de la vie citadine représente la lente assimilation de cette population nomade par la civilisation agricole. Mais dans certaines versions, le terme de catin est employé pour désigner Shamat. L'utilisation de ce mot apporte à son rôle une connotation très différente. Il véhicule peut-être l'idée que la transformation d'Enkidu ne lui a pas été totalement salutaire.

 

Nanna ou Sîn sont les noms les plus courants du dieu mésopotamien de la Lune. Il s'agit d'une des plus importantes divinités des panthéons du Proche-Orient ancien. On le vénérait alors comme le « Père des dieux » ou le « Créateur de toute chose ». Vers -2150, les Sumériens eux-mêmes n'étaient plus certains de la véritable origine du nom de Nanna, bien qu'ils se soient expliqués son étymologie en le décomposant en NA.AN.NA, « pierre du ciel » ou « homme du ciel ». Partout ailleurs au pays de Sumer, jusqu'aux environs de -2600, le nom du dieu-Lune s'écrivait initialement avec les signes cunéiformes  dingirUD. dingir est le signe déterminatif pour la catégorie des noms de divinités, tandis que UD (sumérogramme) désignait à l'origine tout autant la lune que le soleil. On s'accorde à le traduire simplement par « luminaire ». Vers -2600 une légère modification du signe UD permit de créer le signe ID pour désigner plus proprement la pleine lune et le mois. Vers -2150 Gudea de Lagash louait aussi le dieu Lune sous le nom de Zu-en, étrangement écrit dingirEN.ZU, littéralement « Seigneur du Savoir », sur le modèle d’Enki et d’Enlil. Dans un de ces jeux de mots purement graphiques courants dans l'écriture cunéiforme, il lui accolait aussi l'épithète Enzi, « Seigneur de la Vie ». Sous sa forme inversée, nous obtenons Zi-en, d’où la contraction : Sîn.

 

On dit de lui qu'il est le fils d'Enlil et de Ninlil. Il était l'époux de Ningal (la « Grande Dame »), et on attribue à leur couple la descendance du dieu Utu/Shamash, le « Soleil » et de la déesse Inanna (déesse de l'amour et de la guerre associée à la planète Vénus). Certains textes lui attribuent aussi la paternité d'Ishkur, le dieu de l'orage.

 

d’Ishkur (en akkadien Adad), dieu de la pluie. Adad est le dieu de l'Orage de la Mésopotamie ancienne. Il représente d'une manière générale les éléments climatiques, dont la pluie. A ce titre, il apparaît comme un dieu de la fertilité. Cet aspect est marqué par son animal-symbole, le taureau. En Basse-Mésopotamie, il est assimilé au dieu sumérien Ishkur, qui a cependant un aspect destructeur plus marqué. Le dieu de l'Orage est d'une manière générale le grand dieu des peuples antiques de Haute-Mésopotamie, de Syrie et d'Anatolie.

Du point de vue généalogique, Adad est le fils d'Anu - le Ciel - et de Ki - la Terre - et sa parèdre est Shalla.

 

 

Dans la hiérarchie divine, le dieu de la Lune (nombre « trente ») est plus important que celui du Soleil (nombre « vingt ») et que la déesse de Vénus (nombre « quinze »), sachant qu’on attribuait le nombre « cinquante » à Enlil). Avec ses deux enfants Utu/Shamash et Inanna/Ishtar, Nanna/Sîn forme l'une des deux grandes triades divines du panthéon mésopotamien. Le dieu Lune est représenté comme un vieil homme pourvu d'une longue barbe. Il pouvait être ailleurs montré chevauchant un taureau ailé, ou naviguant sur une barque céleste. Comme tous les grands dieux mésopotamiens, le dieu-Lune est comparé à un taureau, symbole de force, de fécondité, mais surtout, en tant que « porteur des cornes puissantes », du croissant lunaire. Ses symboles sont le croissant de lune (croissant orienté vers le haut, évoquant tout à la fois la nouvelle lune, des cornes de taureau ainsi qu'une embarcation), le taureau et le trépied (peut-être un support de lampe). Le dieu-Lune voyage sur sa barque-magur, le « navire céleste », créée pour Nanna par An, Enlil et Enki.

Inanna/Ishtar est considérée tantôt comme la fille du dieu-Lune Nanna, tantôt d’Ishkur (en akkadien Adad), dieu de la pluie. Cette déesse est appelée Inanna chez les Sumériens, Ishtar chez les Akkadiens et Babyloniens, Astarté ou Ashtart à Ougarit et en langue punico-phénicienne, et elle semble avoir comme descendance Aphrodite en Grèce, Turan en Étrurie et Vénus à Rome. Elle doit sa renommée à son activité culturelle et mythologique jamais égalée par une autre déesse du Moyen-Orient. À son apogée, elle était déesse de l’amour physique et de la guerre, régissait la vie et la mort. Elle est, comme étoile au matin, la déesse de l’Élan du guerrier et, comme étoile du soir, celle de l’Éveil de l’amour. Ish signifiant « homme mâle ».

Elle a un aspect hermaphrodite (Ishtar barbata), comme beaucoup de déesses de ce type.

La Vénus armée qu'on trouve en plusieurs peuples de l'Asie relate le fait qu’on attribue à cette déesse un sexe équivoque. De ce fait, ces peuples avaient coutume de faire assister à son culte des hommes en habits de femmes et des femmes en habits d'hommes.

À Babylone, à Sumer et en Assyrie, certains types d'individus qui remplissaient un rôle religieux au service d'Inanna/Ishtar ont été décrits comme un troisième genre. Ils pratiquaient la prostitution sacrée (hiérodule), la danse extatique, la musique et le théâtre, portaient des masques et des caractéristiques des deux autres genres. Des hommes pouvaient avoir une relation sexuelle avec un des membres de l'équipe chargée du culte d'Ishtar, qui n'avaient pas de libido, soit par une caractéristique naturelle, soit suite à une castration. À Sumer, le nom qui leur était attribué était « chien/homme-femme » (kalû/keleb signifie chien, mais aussi esclave ou serviteur, chienne signifie inverti sacré : « Tu ne laisseras pas entrer dans la maison de YHWH le cadeau d'une prostituée zona ni le salaire d'une chienne keleb ») et ils étaient aussi décrits comme homme-femme. « Vivants comme des femmes », on utilisant aussi les qualifications d'hermaphrodites (les sinnisānu, littéralement « comme des femmes », reliés à Sîn), eunuques, homosexuels, travestis, hommes efféminés (entre autres).

 

Vénus est la fille de Jupiter et de Dione. le pavot est un fruit voué à Venus. Ce sont évidemment les nombreuses graines qui connotent la fertilité. Pour le myrte, il est associé à Vénus (Aphrodite chez les grecs) Cet arbre sacré, symbolisant l'amour et la pureté. Il est associé aux femmes guerrières, car tout comme le Laurier, le Myrte est emblème de gloire.

 

e sais qu'on a souvent expliqué le nom de Vénus Uranie comme une indication de l'amour pur et éloigné de toute sensualité. Je sais que Pausanias explique ainsi le nom de la statue de bois érigée à Thèbes, par ordre d'Harmonie, et qu'il ajoute que la Vénus Pandémos consacrée par la même princesse signifie l'amour vulgaire et sensuel, signification qu'y attacha aussi Solon, lorsqu'il fit bâtir un temple en l'honneur de la même déesse à Athènes. Mais nous n'avons qu'à jeter les yeux sur le culte de Mylitta à Babylone , d'Astarlé en Phénicie et de Vénus Uranio à Paphos, pour nous convaincre que l'épilhète d'Uranie , que l'on donnoit à cette déesse en considération de son origine asiatique, ne désigne rien moins qu'un amour platonique. D'ailleurs nous verrons bientôt que cet épilhète avoit une origine bien différente de l'explication qu'en ont donnée quelques philosophes grecs. Encore, Vénus Pandemos signifioit aussi peu la déesse de l'amour sensuel, par excellence, que Vénus Uranie celle de l'amour pur et spirituel. C'est Pau- sanias lui-même qui nous en fournit la preuve. Selon lui Thésée donna cet épithète à Vénus en commémoration de la réunion du peuple entier sous un seul et même gouvernement (77).

Mais, quoiqu'il me semble prouvé que la Vénus des Grecs soit d'origine asiatique , je ne prétends pas nier qu'elle est devenue une déesse absolument différente sous la main des peuples qui adoptèrent son culte. En effet, l'aimable fille de Dione , rayonnante de jeunesse et de beauté, aux yeux brûlants de volupté , au sein palpitant d'amour et ornée de sa ceinture magique

 

 

 

est un symbole pour :

la planète Vénus : Vénus est la 2e planète du système solaire en partant du Soleil. Son orbite autour du Soleil dure 224,7 jours. C'est le 3e objet le plus brillant du ciel avec une magnitude apparente de -4,6, après le Soleil (-26,73) et la Lune (-12,6) ; donc très facile à repérer parmi les étoiles. Vénus est une planète magnifique à voir à l'œil nu. Sa magnitude visuelle minimum est de -4,4. C'est donc l'objet le plus brillant après la lune, bien avant les autres planètes et les étoiles. Elle brille le matin, assez longtemps avant le lever de Soleil, ou le soir après son coucher, au moment où les bergers sortaient et entraient les bêtes. Comme Vénus est sur une orbite plus petite que celle de la Terre, elle ne semble jamais loin du Soleil. On peut observer des phases comme pour la Lune. Les cultures chinoise, coréenne, japonaise et vietnamiennetigre blanc, ouest, automne, cheval). place importante dans leur conception du cosmos et du temps. On l'appelle aussi l'« étoile du berger », car elle peut être visible dans le ciel du matin, avant le lever du Soleil ou dans le ciel du soir, après le coucher de notre étoile. Le pentagramme fut aussi utilisé comme symbole. Vu de la Terre, les positions successives de Vénus forment approximativement un pentagramme autour du Soleil, tous les 8 ans. Vénus est une planète dite intérieure et tellurique, la 2e en partant du Soleil. Elle est de taille comparable à celle de la Terre. Vénus a longtemps (jusqu'en 1960 à peu près…) été considérée comme la sœur jumelle de la Terre. En effet, les deux planètes sont très similaires par certains aspects, autant physiques qu'orbitaux. Vénus est la planète la plus proche de nous. Du fait de ces similitudes, on a longtemps pensé que, sous ses nuages denses, Vénus pourrait être très similaire à la Terre et peut-être même abriter de la vie. Vénus tourne autour du Soleil dans le sens direct, comme toutes les autres planètes du système solaire, et la durée de sa révolution est de 224,7 jours terrestres (224,70096 jours précisément). désignent Vénus sous le nom d'« étoile d'or » (

La vitesse de rotation de Vénus est très faible : cette rotation s'effectue en 243 jours terrestres (243,0185 jours précisément). De plus, elle s'effectue dans le sens rétrograde (à l'envers, par rapport à la Terre et à la plupart des autres planètes). Les jours solaires vénusiens sont tels que Vénus nous présente la même face lors de chaque conjonction inférieure : Vénus dans l'axe Terre-Soleil ; la Terre en opposition vénusienne. synchronisation Terre-Vénus (des deux principales planètes telluriques). Transit de Vénus [modifier]

Article détaillé : Transit de Vénus.

C'est le passage de la planète Vénus entre la Terre et le Soleil, où l'ombre de Vénus apparaît devant le disque solaire. Du fait de l'inclinaison de l'orbite de Vénus par rapport à celle de la Terre, ce phénomène est extrêmement rare à l'échelle humaine, se produisant deux fois à huit ans d'intervalle, ces doubles passages étant séparés les uns des autres de plus d'un siècle (105,5 ou 121,5 ans). Leur périodicité est de 8 ans, 121,5 ans, 8 ans, 105,5 ans, et le cycle recommence.

 

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symbole représentant le miroir de Vénus, un cadeau de mariage de Zeus dans lequel étaient renfermées les grâces, les attraits, le sourire engageant, le doux parler, le soupir le plus persuasif, le silence expressif et l'éloquence des yeux.


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La période Solutréenne (-20 000 à -16 000), contemporaine au maximum glaciaire, voit apparaître une des cultures les mieux circonscrites dans le temps et l’espace (France et Espagne). Les lames de silex sont extrêmement fines (pièces bifaciales « feuilles de laurier ») et le silex est préalablement chauffé à 300°C. L’outillage osseux semble peu développé, mais ils ont inventé l’aiguille à chas (pour coudre plus facilement les vêtements) et le propulseur en bois de renne (pour envoyer plus loin et avec plus de force une lance/sagaie : ils ont provoqué des créations artistiques savantes parce que l’efficacité des propulseurs dépend du rapport entre la morphologie et le poids, et que la forme du bois de renne dont ils proviennent limite les volumes disponibles pour le décor). Il est à noter que nombre de propulseurs portent à leur extrémité une tête de cheval dont le toupet forme crochet. Les propulseurs apparaissent à la fin du Solutréen et disparaissent au Magdalénien supérieur.

 

Comme les humains ont, depuis les débuts du Paléolithique supérieur, autant fréquenté des cavernes que des sites de plein air, les parois des grottes ou abris-sous-roche ne sont pas les seules ornées. L'art solutréen fait exception dans le sens où il est souvent pratiqué en plein air (sculptures en bas-reliefs : la sculpture apparait sur des supports mobiliers au début du Paléolithique supérieur et gagne les supports pariétaux au Solutréen), sur des sites en Espagne, au Portugal et en Italie du Sud.

Sur un rocher de Penascosa à Foz Côa (Portugal), on trouve l’image profondément gravée d’un étalon à trois têtes chevauchant une jument, séquence comportementale exceptionnelle dans l’art paléolithique. À quoi correspondent ces trois versions de l’encolure et de la tête tracées par piquetage ? Il ne s’agit en rien d’une correction, car les trois versions sont exécutées avec sûreté (le piquetage est long à exécuter) et matérialisent trois positions distinctes, équidistantes, décomposant de manière éclatante le mouvement de haut en bas d’un animal excité redressant tour à tour l’encolure ou mordillant celle de sa partenaire comme on peut le voir chez les équidés qui copulent. Si on ne trouve des copulations que gravées en plein air, on peut se demander si cette expression de la vie, souvent détruite car exposée, n’est pas en opposition aux grottes, qui seraient alors consacrées à la mort !

Toujours est-il que ces personnes devaient penser comme des humains observant à longueur de journée leur environnement, les animaux qui les entourent et dont ils perçoivent le moindre mouvement. Une fois ces individus réunis, il leur était demander de représenter un animal observé dans la nature et non de copier un travail existant, de traduire une allure ou un comportement en décomposant son mouvement. On voit ainsi plusieurs dizaines de cas (52 figures) de décomposition du mouvement par superposition d’images successives. La multiplication des contours observée sur ces 52 figures traduit la quatrième dimension, à savoir le temps, et pas obligatoirement l’expression de maladresses ou de repentirs : la multiplication des contours des membres, en raison même de leur organisation, témoigne plutôt de la dextérité d’un artiste maniant avec sûreté son silex pour créer un véritable flou dynamique, reflet des limites de notre perception visuelle (persistance rétinienne) confrontée à l’observation des mouvements rapides (allures) dans la nature. On peut ainsi véritablement parler de « réalisme photographique », voire « cinématographique ».Bien des millénaires plus tard, les animateurs de dessins animés et les dessinateurs de bandes dessinées utiliseront le même procédé.

À une distance d'approximativement 25 km de la vallée du Côa, on trouve une gravure représentant un cheval mesurant 62 cm de longueur. Le complexe de la vallée du Côa est donc le troisième site d'art rupestre paléolithique connu au Portugal jusqu'à ce jour, avec la différence toutefois qu'il ne s'agit pas d'une roche avec une gravure isolée, mais de centaines, peut-être de milliers de gravures distribuées le long d'une vallée.

S'il est vrai que l'on connaît aujourd'hui près de 280 grottes ornementées de peintures dans toute l'Europe Occidentale, il est également vrai que l'on ne connaît que quatre autres sites d'art rupestre en plein air : Mazouco (Portugal), Fornols-Haut (Campôme, France), Domingo Garcia (Segóvia, Espagne) et Siega Verde (Ciudad Rodrigo, Espagne), dans la vallée du Águeda, à quelques dizaines de kilomètres de la vallée du Côa.

La découverte dans la vallée du Côa de centaines, voire de milliers de gravures, nous permet aujourd'hui de penser que l'art paléolithique était initialement représenté surtout en plein air. Cependant, étant plus exposées aux phénomènes naturels de dégradation, les représentations en plein air sont aujourd'hui minoritaires relativement aux gravures et peintures des grottes. D'un autre point de vue, la distribution des gravures le long de presque une vingtaine de kilomètres nous porte à croire que nous sommes en face d'un authentique sanctuaire en plein air. L'exposition préférentielle des gravures à l'Orient et la proximité des représentations d'animaux par rapport à l'eau, suggère une vénération de la rivière (mais surtout de l’eau), qui serait sacrée.

Le maximum de froid est atteint entre -23 000 et -13 000. A cette époque, une énorme calotte de glace s’étend jusqu’au centre de l’Écosse, au nord de l’Allemagne et au nord-ouest de la Russie en englobant la Scandinavie et la Pologne. A sa périphérie, les températures moyennes annuelles sont parfois inférieures de 10 à 15°C à celles d’aujourd’hui. Entre -23 000 et -13 000, la banquise descend jusqu’à Londres, les glaciers sont au maximum de leur extension (en France les glaciers pyrénéens et alpins descendent bas dans les vallées ; Lyon est complètement englacée), des vents glacés et secs provoquent un froid sibérien sur les zones périglaciaires. Chassés par ces langues de glace, les humains et les animaux abandonnent les latitudes septentrionales de l’Europe et les régions dont l’altitude dépasse 500 mètres. En Europe occidentale, les hivers sont longs et rigoureux (minimum -20°C en janvier) et les étés courts et doux (maximum 17°C en juillet). La mer est 120 mètres plus bas qu’aujourd’hui : la Manche et la mer du Nord disparaissent, la Méditerranée se résume à deux petits lacs. Ces nouveaux espaces libérés sont des zones de passage privilégiées des troupeaux lors de leurs migrations saisonnières.

Ces changements climatiques à l’échelle du continent ont influencé la végétation et les déplacements des herbivores, sensibles au froid et tributaires du couvert végétal. Les carnivores (dont les humains), pour survivre, ont dû suivre les grands troupeaux le long des axes fluviatiles et des vallées, de tout temps des voies de migration et de peuplement humain et animal.

 

Au Magdalénien (-16 000 à -9 500), l’outillage en silex est moins soigné, mais l’industrie sur os, ivoire et surtout bois de renne est abondante et variée. A l’aube du Magdalénien, on semble assister dans toute l’Europe a une véritable explosion démographique. Avec la dernière période de récession du froid (de -16 000 à -9 000), plusieurs écosystèmes successifs ont été mis en évidence, chacun avec leur propre biomasse d'ongulés. Du système le plus contraignant (autour de -16 000) au système le plus favorable (vers -11 000), la biomasse augmente dans un rapport de 1 à 23 ; elle chute brutalement ensuite. Il a été retenu que la densité des prédateurs humains a varié de la même façon partant d'une valeur proche de 0 vers -16 000, atteignant plus de 17 habitants par 100 km2 vers -11 000 et chutant fortement ensuite. L'effectif maximum de la population humaine d'Europe habitant le nord de l'arc alpin de la Pologne jusqu'aux confins ouest de la péninsule a pu être estimé à près de 250 000 individus.

Lors du maximum glaciaire, la densité de la population d’Europe centrale et du Nord a décru de façon marquée, plusieurs régions telles que l’Allemagne méridionale et la Grande-Bretagne (alors rattachée au continent) furent presque totalement désertées. Seules deux zones ont constitué des refuges avec une densité de population importante : la zone franco-cantabrique à l’ouest et l’Europe orientale périglaciaire. Les conditions rudes du maximum glaciaire étaient adoucies dans la zone franco-cantabrique par la présence de l’océan Atlantique, sachant que certaines régions de la plaine d’Europe orientale particulièrement bien pourvues de vallées fluviales et de lacs couverts de glace aux ressources variées attiraient davantage encore les animaux et les humains, d’où des migrations progressives de groupes d’humains modernes lors de la première étape du maximum glaciaire, depuis la haute Autriche et la Moravie en direction de l’Est. On assiste alors à une augmentation considérable dans la densité des sites ornés vers -16 000 ans (maximum principal) et -13/-12 000 ans, l’âge du maximum principal étant proche de celui du maximum de la dernière période glaciaire : le nombre de sites ornés décroit de façon considérable après -16 000 au début de l’amélioration climatique du dernier glaciaire, s’accroit à nouveau vers -13/-12 000 ans lors du stade froid Vespien (à partir de -13 000, le climat se radoucit, la calotte glaciaire fond et les glaciers reculent ; parallèlement à cela débute dans la chaîne des Puys en Auvergne, après une période de repos relatif jusqu’à -13 000, un second paroxysme volcanique – sachant qu’entre -43 000 et -8 000, on ne dénombre pas moins d’une trentaine d’éruptions), et disparaît complètement après -9 000, au commencement de l’interstade Allerod.

 

Ainsi, à l’époque du maximum glaciaire, la « nébuleuse aurignacienne » est interrompue : deux régions sont fixées, l’une au nord-est, qu’on appelle périglaciaire, et l’autre au sud, qu’on nomme méditerranéenne.

C’est à cette époque que l’humain invente le harpon à barbelures qui sert à la pêche et à la chasse. Les peintures et les gravures se comptent par milliers et sont souvent impressionnantes de réalisme. Quant à l’art mobilier, il est remarquablement diversifié, avec des milliers d’objets en os, ivoire, pierre. Par la découverte d’une flûte, on sait que les sociétés étaient organisées et les membres avaient le temps de pratiquer des loisirs ou de s’adonner à d’autres arts que graphiques (même s’ils devaient déjà utiliser des éléments naturels comme percussions).

Les armes et objets de la vie quotidienne sont souvent décorés de motifs géométriques ou de représentations figuratives. Il en est ainsi des bâtons perforés (servant de levier pour redresser les baguettes et sagaies extraites des bois de cervidés), apparus dès l’Aurignacien mais qui ne se sont enrichis de gravures complexes et de sculptures qu’à partir du Magdalénien (auparavant, on en connaît gravés de lignes simples et parfois avec le manche terminé en phallus). La forme particulière de cet objet, qui doit posséder un manche pour le tenir fermement et un trou dans la partie élargie pour y insérer les sagaies, offrait d’ailleurs des possibilités de décor bisexué.

 

Il est difficile de suivre le tracé des phallus dont peu sont réalistes. Les plus évidents sont les manches de bâtons percés et quelques sculptures mobilières, sachant que dans l’art pariétal les phallus réalistes sont encore plus rares.

Le bâton percé apparaît dès l’Aurignacien et persiste jusqu’à la fin du Magdalénien. Ces pièces sont taillées dans du bois de renne, le trou étant percé au niveau d’une enfourchure. Ils servaient à redresser à chaud le bois de rennes naturellement coudé, dont les chasseurs faisaient des sagaies. Leur décoration parfois absente ou rudimentaire devient, au Magdalénien, très élaborée parfois originale. Il s’agit d’animaux : chevaux, bisons, cerfs, rennes, bouquetin, mammouths, poissons…mais aussi souvent phallus et plus rarement vulves (bâton orné d'un triangle pubien gravé à Peyrie - Dordogne). Ces nombreux bâtons phalliques sont-ils de simples outils, des objets rituels, voire sont-ils destinés au plaisir sexuel de la femme (des godemichés) ?

 

Les représentations masculines globales sont relativement peu nombreuses, au paléolithique : il n’en existerait que 73. Il s’agit toujours de figures assez sommaires, incomplètes et sans caractère artistique bien affirmé. Le beau comme le vrai ne faisaient pas, à l’évidence, partie des préoccupations des artistes préhistoriques quand ils cherchaient à représenter l’homme, si tant est qu’il soit fondé de parler d’artistes dans ces cas. A l’inverse de ce qui existe pour les représentations féminines, les figurations partielles masculines, pariétales ou mobilières, n’appartiennent qu’à un seul type, le phallus, et ne sont pas très nombreuses. Elles n’en constituent pas moins un ensemble qui est loin d’être négligeable, l’aspect phallique étant plus marqué pour les sculptures magdaléniennes ou solutréennes semblables que pour le Gravettien. Ceci marque nettement l’intérêt exceptionnel porté au sexe masculin. Le fait que le pénis de l'homme soit parfois représenté de façon démesurée nous permet-il de parler d'obscénité ? Un point est très frappant : la fréquence de l’érection (28 cas soit 38%). A ces cas il faut maintenant ajouter les ithyphalliques de Saint-Cirq du Buge, de Pergousset et de Foz-Coa découverts plus récemment. Depuis la fin du paléolithique l'érection ne sera jamais plus représentée avec une telle fréquence. On ne saurait nier qu’il s’agit là d’une manière d’affirmer le caractère masculin d’une figure qui est en règle des plus sommaires, très souvent d’ailleurs il s’agit du seul indicateur de sexe retenu alors que les figures féminines sont en général surdéterminées. Mais ce choix exclusif n’est pas innocent, d’autres critères anatomiques auraient pu êtres employés, épaules larges hanches étroites ou thorax épais par exemple, ils étaient connus et ne posaient aucun problème technique. On note également le contraste frappant avec les représentations animales dont le sexe est en général éludé malgré leur extrême précision anatomique.

 

Depuis l’Aurignacien, la quarantaine de représentations masculines couvre tout le paléolithique supérieur sur la majeure partie de l’Europe : France, Espagne, Moravie, Autriche, Pologne. Il faut surtout noter l’existence de quelques pièces soignées, réalistes quand elles ne font pas preuve de créativité ou d’une surprenante fantaisie : petit phallus pendeloque de Saint Marcel (symétrique exact d’une minuscule pendeloque du même site dont la face gravée représente de façon schématique un périnée), Double phallus de Gorge d’Enfer, Phallus à tête humaine du Roc de Marcamps. Il faut également souligner la Vénus de Weinberg, taillée dans un calcaire dur, recouverte d’ocre, formée par une paire de fesses surmontée d’un phallus, la vue supérieure montrant nettement le méat urinaire. Cette pièce assez extraordinaire n’est cependant pas tout à fait unique. Plus que des célébrations de la maternité/paternité, ces sculptures expriment vraisemblablement une sorte de fascination pour le plaisir sexuel. Dans ce contexte, la Vénus de Weinberg cesse d’être vue comme une image sexuelle ambigüe, mais comme un condensé fort du point de vue des paléolithiques sur cette question, d’un côté le phallus, de l’autre les fesses.

 

On range traditionnellement dans la catégorie des pendeloques, des objets à suspendre dont la seule particularité est de n’être ni des contours découpés ni des rondelles.

On peut penser à certains objets traditionnellement identifiés comme des pendentifs en forme de seins de femmes (collection des terrasses gravettiennes de Dolni Vestonice/Pavlov en Moravie), ou à ces longs bâtons d’ivoire de Dolni Vestonice et du Placard, naguère donnés pour des figures stylisées de femmes lus comme des « symboles de fertilité », qui ont été récemment réinterprétés comme des figures stylisées d’organes sexuels masculins : suspendu de manière à être vu, cet objet apparait comme un pénis humain en érection avec ses testicules (la « Vénus » de Dolni Vestonice, petit objet en ivoire de mammouth, habituellement décrit avec les Vénus, est une pendeloque ; il présente au revers un anneau de suspension et a l’étrange particularité de se prêter à une triple lecture : deux cuisses, un triangle pubien et sa fente traditionnelle à l’époque surmontés par un torse minuscule ; deux seins et un torse ; enfin deux testicules surmontés d’un phallus).

 

Dans la grotte espagnol de Praileaitz I, on remarque plusieurs groupes de pendeloques, distribués aussi bien dans le vestibule (premier des ensembles sur le côté gauche du vestibule : situé près de l'entrée, à proximité du siège et du foyer, il se compose de trois éléments, aux faces et angles arrondis ; les formes dominantes allongées de deux d'entre elles contrastent avec la forme de la troisième, de tendance subrectangulaire ; la texture et la couleur de cette dernière, plus brillante et plus noire, est également différente de celles des deux autres. Seul l'une d'elles présente un décor) que dans un espace exigu situé derrière le siège et non loin de la galerie qui donne accès aux parties les plus obscures et les plus secrètes. Dans la salle intérieure, tout est encore plus exceptionnel. Presque magique. C’est comme si l’espace circulaire avait été balayé, éliminant os et ustensiles. Comme si tout ce qui n’est argile du sol et quelques pierres avait disparu.

Au centre de cet espace, une vingtaine de remarquables pendeloques de pierre noire, la plupart décorées, forment plusieurs colliers. En particulier, un collier d'un mètre cinquante de long formé de quatorze pièces de pierre noire, déposées intentionnellement sur l'argile. Ses pièces, pour la plupart décorées et de formes allongées, sont disposées d'une manière soigneusement ordonnée, équidistante. La symétrie, que l'on distingue parfois dans les décors des pierres, se retrouve dans leur disposition sur le collier : deux limonites discoïdes (coloration dans les tons verdâtres et rougeâtres, qui contrastent avec les couleurs plus uniformes du reste des pendeloques du collier) de forme et de dimensions très semblables, placées aux deux extrémités, dénuées de tout décor. Parfois, intercalés entre quelques uns de ces éléments, on peut également trouver insérées des verroteries de taille inférieure, ainsi que des graines, voire des plumes de différentes couleurs. En effet, on utilisait par ailleurs des plumes de différents oiseaux, des graines et des fruits des couleurs vives pour la parure des corps : plumes de pic vert, grive mauvis, canard colvert, bécasse des bois, geai des chênes et pie bavarde, gland de chêne, fruit du gui et fruit de rosacée. Dans cette même salle, à un peu plus de quatre mètres de l'ensemble précédent, on en trouve un autre, composé de deux pièces.

Au total, vingt-trois pendeloques groupées en cinq ensembles. Sans compter six autres, brisées par leur zone de perforation et localisés, pour trois d’entre elles, sur l’un des côtés de la salle intérieure.

Hormis trois incisives décorées de bouquetin, l’une présentant des taches d’ocre rouge (présence à l’occasion des rites funéraires, puisque traditionnellement sa couleur est considérée équivalente à celle du sang, de la santé et de la vie ; sa capacité à obscurcir est connue), toutes les autres pièces sont de pierre de couleur noire, et beaucoup sont de forme allongée. Dans la zone qui s’élargit en une salle intérieure, dans un espace d’environ quatre mètres carrés, délimité par des blocs, on trouve cinq autres pendeloques. Trois sont fabriquées dans des incisives de bouquetin et décorées. Elles apparaissent tout près les unes des autres. Mais considérant toutes les pièces, on ne peut qu’être frappé par la beauté de l’une d’elles, confectionnée à partir d’un fin galet de couleur noir sombre, troisième collier formé d'une seule pierre perforée aux courbes douces dont l’unique décor se réduit à plusieurs lignes parallèles transversales, dont la silhouette naturelle n’est pas sans rappeler diverses Vénus paléolithiques classiques (tout près de cette pendeloque, on en trouve une seconde, de couleur noirâtre, qui ressemble à s'y méprendre à une canine atrophiée de cerf, de forme phallique, quoique de dimension notablement supérieure ; elle est décorée sur toutes ses arêtes, ainsi que sur l'une ses faces latérales de traits transversaux disposés de manière régulière et compte également un décor sur le périmètre du grand côté de base).

Probablement furent-elles récoltées de manière sélective dans les eaux toutes proches du Deba. Pas forcément pour des motifs esthétiques mais au nom d’un symbolisme que devait revêtir certains de leurs volumes et de leurs contours. La douce texture du galet, ainsi que son aspect brillant, que lui procure l’humidification ou l’entrée en contact avec la transpiration de la peau, purent être également la cause de leur choix.

La personne qui les ramassa en décora la plupart. Sur plusieurs faces et sur les bords, cette personne entreprit de graver des incisions transversales de manière insistante. Toutefois, on apprécie sur chacun des rythmes différents, des groupes de traits, des espaces vides. Offrant de petites incisions plus ou moins profondes, la plupart des pendeloques sont décorées différemment (même si les petits traits parallèles sont pratiquement généralisés sur beaucoup de pièces). Parfois, de rares marques affectent l'un de leurs plus grands côtés; d'autres fois, la totalité d'un côté ou même les deux sont gravés à des distances quasiment égales. Fréquemment, les espaces vides, les rythmes ou les juxtapositions de lignes dessinent des dessins capricieux.

L’utilisation de pièces dentaires d’animaux herbivores ou carnivores pour la fabrication de pendeloques est courante au cours de la Préhistoire. On les perfore, on les décore de différents motifs. Les parallèles de ces dents à plus d’un orifice ne sont pas très abondants, quoique l’on ait connaissance d’incisives de cheval et de cerf, décorées et à double perforation (parfois même à quintuple perforation) à différents niveaux magdaléniens de la corniche cantabrique et du territoire situé au nord des Pyrénées comme à Ermittia (Deba, Gipuzkoa), Arenaza (Galdames, Biscaye), Isturitz (Izturitze-Donamartiri, Basse-Navarre), Mas d’Azil (Ariège) et Tito Bustillo (Ribadesella, Asturies). Effectuée avec une grande précision sur chacune des incisives, la double perforation devait servir à passer deux fines lanières parallèles confectionnées à partir de matières premières animales ou végétales, en fixant la position de la dent, de manière à rendre visibles les incisions décoratives. Une pendeloque est décorée sur toutes ses faces. Mais on en observe mieux sur l'une des faces principales le développement complexe. Des signes quadrangulaires cloisonnés ou bandes horizontales parallèles de différente largeur alternent en respectant un certain rythme. Les plus étroites ne sont pas décorées et s'intercalent par une ou deux entre les bandes décorées. Parmi ces dernières, celles des extrémités présentent des incisions en oblique très serrées, tandis que sur les autres est représenté un motif réticulé créé à partir de lignes obliques tracées dans les deux sens. Diverses pendeloques présentent sur une ou deux de leurs grandes faces de fines lignes parallèles formant des bandes, généralement symétriques. Ces lignes occupent souvent la plus grande partie de la surface. Contrairement aux côtés plus étroits, l'incision pratiquée est très superficielle.

Les canines atrophiées de cerf, ont été très appréciées dans les différentes cultures depuis les débuts du Paléolithique supérieur, même si toutes n’étaient pas transformées en pendeloques. Depuis le premier jour aussi, des imitations ont été réalisées en ivoire ou en pierres de couleurs plus ou moins vives (Gatzarria, El Pendo, etc). La plupart des exemplaires naturels ou imitations sont lisses, encore que certains sont décorés, en règle générale de traits courts.

Ces images trouvent leurs exacts correspondants du côté des images féminines sous la forme d’un intérêt soutenu pour la représentation de la vulve. Sur une des pendeloques, un losange aux fines incisions était représenté. Comportant parfois à l’intérieur un trait longitudinal, ce motif vulvaire se retrouve également sur des sagaies du Magdalénien. Dans ce même ordre d’idées il y a lieu de signaler une petite pièce, connue sous le nom de « coccinelle » de la Laugerie-Basse mais qui est généralement considérée comme figurant une vulve, ainsi que la pendeloque vulvaire d'Enlène.

La découverte d’une série de pendeloques brisées, dans la plupart des cas au niveau de la perforation, est un fait remarquable. Au cours de la Préhistoire, fréquents sont les objets brisés ou détruits localisés dans différents contextes d’habitats et de rites funéraires ; ces bris feraient partie de pratiques rituelles.

 

 

Du Solutréen (-20 000) au Magdalénien moyen (-14 000), la femme sera représentée de manière irrégulière, parfois spectaculaire.

Après l’Aurignacien et son cortège de triangles pubiens, après le Gravettien où les figurations féminines sont réalistes (ce sont les Vénus et les reliefs, et des symboles sexuels simples), une troisième étape s'individualise au Magdalénien avec la production de statuettes stylisées à forte charge symbolique. Les représentations féminines se limitent alors à la mise en relief de l'exubérance des fesses et deux petites proéminences symbolisent les seins, le reste de la statue étant plat et sans motif. La tête n'est plus représentée.

 

Les Vénus sont plus nombreuses à la fin du Magdalénien et dans le quart sud-est de la France, mais exprimées sous la forme de profils fessiers type Lalinde et claviformes (en forme de clé). Typiquement, des figurines de Vénus sont découpées dans de l'ivoire, de la serpentine, du schiste, de la pierre à chaux, de l'hématite, du lignite, de la calcite, de l'argile mis au feu, de la stéatite, de l'os, et de l'andouiller. Les excavations récentes de Wilczyce (Pologne, entre -12 et -14 000), ont également révélé une collection de silex travaillés interprétée comme des figurines de Lalinde/Gönnersdorf. Ces objets en pierre se rapprochent d’un outil long du paléolithique supérieur (silex à « lame étranglée »), mais clairement ces objets façonnés inutilisés soutiennent une ressemblance saisissante avec le modèle des statuettes d'os et d'ivoire (chacun a les fesses voluptueuses caractéristiques et le long tronc l'identifiant comme figurine de Lalinde/Gönnersdorf).

Pour information, on trouve dans l’art rupestre égyptien des dessins délibérément laissés incomplets qui, au regard du style et d’un certain nombre de particularités iconographiques, permettent d’affirmer que cet art rupestre du Paléolithique supérieur montre des affinités étonnantes avec l’art magdalénien récent en Europe. Ce constat est particulièrement évident en ce qui concerne les figures humaines. La plupart d’entre elles sont très similaires aux figures anthropomorphes du type Lalinde/Gönnersdorf. D’autre part, certains des bovinés les plus élaborés de Qurta rappellent les représentations d’aurochs du Magdalénien récent, comme ceux de la grotte de la Mairie à Teyjat (Dordogne, -9 000 : figure centrale de la composition, un aurochs est entouré de deux vaches, et en-dessous se trouve un cheval). Tant les figures de type Lalinde-Gönnersdorf que les bovinés susmentionnés sont datés d’environ -11 000/-10 000.

Les profils fessiers type Lalinde-Gönnersdorf sont la résurgence, au Magdalénien, de l’attrait pour les fesses qu’exprimaient déjà au Gravettien les statuettes Vénusiennes. En évoluant dans le temps, les Vénus devinrent stylisées, plus schématiques, et parfois seule la stéatopygie est marquée : au Magdalénien final, les fesses tendent à devenir le caractère sexuel féminin essentiel sinon unique. Plus l'art paléolithique évolue, plus l'image féminine (et masculine) est simplifiée, voire caricaturée.

 

 

Au Magdalénien tardif et final (-14 000 à -12 500), une nouvelle forme de représentation féminine correspond à l’émergence d’un nouveau message, un art de l’instant, pas fait pour être vu, pas élaboré pour être conservé puisque gravé sur des plaquettes de schiste.

D’assez nombreux sites produisent des plaques ou des plaquettes de dimensions variables, porteuses de décorations gravées. Les supports sont en calcaire, en grès ou en schiste pour les plaquettes, en quartz pour les galets. Trois sites ont produit ces pièces en nombre considérable, plusieurs centaines voire plus du millier : La Marche en Haute-Vienne, Enlène en Ariège, Le Parpallo en Espagne (Valence) qui détient le record de 5 000 pièces sur une période de 13 000 ans.

Les femmes sont représentées sans tête et les jambes ne se terminent pas. Les silhouettes ne présentent aucun embonpoint, les formes sont fines et ne laissent jamais supposer une grossesse. Pour autant, pour illustrer des accouchements en cours (dans un cas, la tête, le cou et les épaules d'un bébé émergent du fessier), plusieurs fines gravures existent à la Marche (Vienne) : ce sont des femmes assises, grasses et gravides, bras levés. L'ensemble évoque un accouchement avec une présentation de la tête, l'accroupissement étant bien la plus naturelle des postures d'accouchement.

Rarement représentées seules, les femmes sont en groupe pouvant compter jusqu’à une dizaine d’individus, le plus souvent en file indienne. Ces femmes ont des tailles différentes pour créer une perspective et rendre plus vivante la danse en forme de ronde. Toutes les femmes sont jeunes et ont la même attitude. Dans la frise sculptée sur la paroi de l’abri rocheux du Roc-aux-Sorciers à Angles-sur-l’Anglin (Vienne : les « Trois Grâces », -13 000), se lisent quatre silhouettes stylisées de femmes grandeur nature. Seule la partie médiane de leur corps est représentée. La sculpture est réduite à quelques traits stylisés et le relief naturel de la paroi a été utilisé pour figurer l’arrondi du ventre et le dessin du sexe. La frise inclut aussi des représentations animales : bouquetins, bisons, chevaux.

 

Nous supposons que les artistes paléolithiques ont dépeint des femmes (et des hommes) à partir de modèles autour d’eux. Si cette acceptation de représentations réalistes est correcte, leur art devrait montrer la diversité de leur vie, dépeignant les variations physiques des deux sexes et à chaque âge. L'art animal présente en effet une telle diversité (par exemple, les bouquetins du Panneau des Bouquetins de l'abri de Bourdois, à l’Angles-sur-l'Anglin, qui montre sept sujets, trois mâles et une femelle précédant son veau, puis un mâle suivant sa femelle).

Dans l'art paléolithique c'est une erreur que de maintenir l'image commune d’une représentation exclusive des femmes ou des mères obèses, parce qu’elles ne sont pas la règle générale. Si les représentations humaines sont rarissimes, tous les sujets (de tout âge) de la société sont représentés : on trouve un nombre significatif de sujets masculins, des enfants (et des humains au sexe indéterminé), des vieillards, des nouveau-nés et bien sûr beaucoup de représentations de femmes, sveltes ou obèses (certaines d'entre elles sont enceintes : l'adiposité est généralement lié à cette condition). Cette diversité est une caractéristique essentielle. L'art figuratif humain paléolithique (Gravettien ou Magdalénien) reflète ainsi la diversité morphologique vivante et est à cet égard réaliste. Cependant, on compte une majorité apparente de femmes et d'adultes et une minorité d'enfants (les enfants prépubères, indépendamment des organes génitaux, sont indifférenciés dans leur aspect : ainsi, il est probable qu'un certain nombre de sujets indéterminés soit des enfants).

 

L'art paléolithique supérieur a montré des femmes enceintes ou des parturientes, ainsi que des scènes de reproduction. Quelques scènes d’accouchement sont représentées, ou du moins on peut imaginer que cet état a voulu être représenté : on soupçonne une femme en train d’accoucher en ce qui concerne « les deux personnages tête-bêche » de Laussel, ou bien est-ce deux personnes qui font l’amour dans la position dite de « la carte à jouer » (face à face allongé, jambes imbriquées) ?

Logiquement, il doit y avoir eu des enfants. À Gönnersdorf, quatre figures sont l’une derrière l'autre, une petite forme tournée vers l'arrière est gravé derrière le dos de la seconde du côté droit : c’est la représentation d'un bébé porté et attaché au dos d’une femme. L'attention devrait être appelée sur un détail physiologique : seule cette femme, assumée pour être une mère, est dépeinte avec les seins arrondis, alors que les autres femmes, sans bébés sur leur dos, ont des seins pointus. Une deuxième plaquette montre une figure rudement anthropomorphe, sans membres ou organes génitaux, liée par des lignes à un fessier féminin voisin, avec un abdomen plat et de petits seins. Les préhistoriens voient ceci comme un fœtus attaché à sa mère par le cordon ombilical. À Brassempouy, à la « Grotte du Pape » (à une courte distance de l’endroit où le « Torse » avec l'abdomen enceinte a été trouvé) on a découvert un ensemble « berceau ». Il se compose de deux objets d'os, apparemment sans traces de travail et trouvés en association étroite, l’un ressemblant à un berceau, l'autre à un enfant reposant dedans. On voit aussi un « Nouveau-né » à La Marche : le contour « de doigt de gant » devant le genou était considéré comme un pénis semi-érigé, mais il s’agit plutôt d'un cordon ombilical ! Les membres inférieurs sont légèrement pliés, ce qui est la persistance d’une position de naissance en maintien fœtal. Nous le voyons encore sur le sujet de Fontanet (enfant nouveau-né fille : membres inférieurs fléchis et séparés, fente vulvaire linéaire et frontale, et grande largeur des membres comparés à leur longueur).

Sur une grande galette triangulaire rompue en trois morceaux assortis (La Marche), on trouve de jeunes individus, adolescents ou enfants (le premier a un visage de bébé). À la Laugerie-Basse et à Bruniquel, on voit une « jeune fille » : seuls les organes génitaux permettent l'identification en tant que femme, à moins qu'elle soit une jeune fille. En fait, ce sujet mince, sans marques de maternité ni seins, expose une fente vulvaire droite, étroite et verticale, ce qui est un dispositif infantile (même aspect sur la deuxième figure de Bruniquel). Dans les Angles-sur-l'Anglin, la deuxième figure (avec un abdomen très enflé) est classifiée parmi les jeunes et pré-reproductrices femelles.

Ces femmes doivent être considérées comme des femmes adultes qui ont des seins et/ou un abdomen enflé, et/ou un monticule pelvien en avant, puisque ces caractéristiques sexuelles apparaissent seulement après la puberté. Ce groupe, naturellement, inclut « les figures fessières » découpées ou gravées avec précision, les fesses prononcées étant un attribut féminin d'une femme en post-puberté.

Les femmes enceintes sont celles avec l’abdomen enflé (avec bien plus de certitude que lorsque l'adiposité est normale). Quand leurs seins ne fléchissent pas, elles auront eu quelques enfants (paucigestes : deux à quatre grossesses) et quand ils le font, elles ont probablement eu beaucoup d’enfants (mères multigestes : cinq à six grossesses).

Ces figures féminines ne sont pas des représentations de maternité, on trouve seulement 17% de sujets enceintes. En France, cependant, il y en a un plus grand nombre : 68% au Gravettien et 36% au Magdalénien. Ce pourcentage dépend de la période (c'est-à-dire un facteur chronologique) et également de l'endroit (facteur géographique) : à La Marche, datée du Magdalénien III, le pourcentage des femmes gravides égale toute la période du Gravettien. Il est possible, d'ailleurs, que le pourcentage des femmes gravides soit plus élevé que les abdomens enflés ne l’indiquent : la présence d'un geste abdominal (bras dirigé vers l'abdomen) peut être une attitude de remplacement et peut indiquer la grossesse. Ainsi, les femmes avec un abdomen plat doivent être considérées comme étant enceintes, si représentées dans un modèle descriptif ou schématique. L'importance du monticule pelvien devrait permettre la distinction entre les femmes pré-reproductrices et reproductrices. Ces femmes (particulièrement celles avec un bas ventre triangulaire) sont des mères si les seins tombent, principalement si leur adiposité est augmentée.

 

S’il n’y a qu’une vingtaine d’humains « entiers » (sur une centaine de figurations de bipèdes), très schématiques, bien plus nombreuses sont les figurations de segments corporels, avec un intérêt flagrant pour les parties sexuelles. Au total les figurations humaines paléolithiques montrent des humains nus, des hommes peu nombreux, maladroitement dessinés, chétifs mais souvent en érection, des phallus assez nombreux parfois décorés, des femmes en grand nombre, souvent élaborées ou schématisées, dont seule la partie centrale du corps est retenue (triangle pubien, seins, fesses, abdomen, cuisses). A côté de ce schéma existent des figurations féminines partielles, elles aussi sexuelles : triangle pubiens fendus à l’extrême (il serait presque plus juste de parler de fentes vulvaires entourées d’un triangle), multiples profils fessiers type Lalinde/Gönnersdorf ou claviformes soulignant la persistance à travers tout le Paléolithique d’un attrait majeur pour le massif fessier. Les préhistoriques éludaient tout ce qui était banal à leurs yeux (les mains, les pieds, les traits du visage, la ligne d’horizon ou la vie quotidienne etc.), et s’ils ont figuré des érections, des femmes réduites à la partie centrale de leur corps, des fentes vulvaires et des massifs fessiers, c’est bien parce que la sphère sexuelle était pour eux un centre majeur d’intérêt.

La grotte Cosquer abrite ainsi un phallus gravé dont le gland, marqué par un trait transversal, est rehaussé d’un autre trait perpendiculaire délimitant le méat (canal urinaire mais aussi spermatique) et deux cercles figurant les bourses. L’abri de la Ferrassie présente moult vulves (ou plutôt triangles pubiens féminins) gravées sur bloc, à la grotte de Bédeilhac on trouve la même intimité modelée en argile. Ce thème persistera d’ailleurs durant tout le paléolithique supérieur, jusqu’à l’extrême fin du magdalénien. Les triangles pubiens et phallus traités de façon réaliste sont plus fréquents dans les phases anciennes, aurignacienne et gravettienne, que plus tard. Les triangles pubiens acquièrent rapidement un contour simplifié en forme de triangle ou d’ovale enfermant un trait vertical, graphisme utilisé dans les nombreux cas de signes isolés, sans support du corps humain. Utilisé couramment par les aurignaciens sur les blocs gravés, il évolue rapidement vers des stylisations de plus en plus géométriques et rentre alors dans la catégorie des signes abstraits. C’est la magnification même de la fertilité et de la maternité.

 

Les organes sexuels masculins sont loin d’avoir la même signification que les organes féminins. Les caractéristiques des organes masculins ne semblent compter ni pour les hommes, ni pour les femmes (seule l’érection importe).

Depuis que les humains sont habillés pour l’hiver permanent, un plaisir très prisé (quoique interdit, même avec une femme consentante) est la vue des organes génitaux. Les organes génitaux féminins sont la source la plus précieuse du plaisir et sont le symbole du sexe.

 

Les organes féminins sont un objet de souci qui touche aussi bien les hommes que les femmes. Cette préoccupation se comprend aisément quand on découvre ce que cache cette partie du corps féminin. Pour les hommes, c’est la partie du corps des femmes la plus désirable. On peut même dire que c’est la seule partie auquel l’homme porte réellement son attention, sachant que la préférence pour cette partie n’est pas inconditionnelle : le désir des organes génitaux d’une femme dépend de plusieurs aspects, comme la taille des petites lèvres (il existe une technique pour les agrandir).

Ce fait est confirmé par le tabou de l’inceste. Les règles qui régissent la distance entre les gens qui doivent éviter toute relation sexuelle sont liées aux organes féminins. Le comportement général des femmes est conditionné par la continuelle préoccupation qui consiste à cacher cette partie de leur corps de façon à ne pas exciter les hommes de la famille. Si les organes génitaux féminins sont bien le symbole du sexe, ils représentent aussi l’identité de la femme sous deux formes opposées : premièrement, sous l’identité de la sœur, de la femme de la famille qui est en dehors du sexe (et sous le tabou de l’inceste) ; et deuxièmement, sous l’identité de la femme sexuée, de la femme qui est en dehors de la famille et qui n’est pas touchée par le tabou de l’inceste. Dans les deux cas, les organes génitaux peuvent être considérés comme le paroxysme des deux identités. Dans le premier cas, ils sont ce qui la définit en tant que sœur en l’obligeant à suivre certaines conduites vis-à-vis de son frère, comme à respecter une certaine distance sexuelle. Dans le second cas, ils représentent la partie du corps la plus prisée parce que la femme porte en elle le véritable symbole du sexe. Tout se passe comme si ces significations n’ont pas assez d’espace pour prendre place sur les organes génitaux de taille normale, raison pour laquelle les organes génitaux doivent être grands : leur grandeur témoigne de la place privilégiée qu’ils occupent.

 

Les élégantes silhouettes des « Dames de Gönnersdorf » (Allemagne), au corps de profil, à la cambrure bien marquée, se retrouvent dans d’autres figurations féminines pariétales de la fin du Paléolithique supérieur (voir par exemple les « femmes ployées » de la Roche de Lalinde). Cette posture évoque-t-elle des conventions culturelles, des choix esthétiques, ou des pratiques sexuelles ?

Dans l’art paléolithique, malgré la surreprésentation des femmes, et tout particulièrement des femmes opulentes et souvent enceintes (du moins au Gravettien), les allusions à l’activité sexuelle sont rarissimes et presque toujours discutables. Au premier tiers de l'époque préhistorique, l'érotisme et les scènes sexuelles y sont quasi inexistantes. Aucune scène d'accouplement humain n'est démontrée dans tout l'art de l'époque. Ce n'est qu'au deuxième tiers de la préhistoire que quelques scènes de coït sont représentées, la plupart étant dans la position de la levrette (homme derrière la femme). Cette rareté ne témoigne pas d’un manque d’intérêt pour l’acte sexuel car on sait que les scènes vraies sont rares dans l’art pariétal (les Paléolithiques n’ont tracé des scènes de chasse que de façon très exceptionnelle alors que la chasse aux grands mammifères, même si elle ne constituait pas la principale ressource alimentaire, ne parait pas avoir été pour eux une préoccupation secondaire).

Une seule représentation de coït est indiscutable, celle figurée sur la grande plaquette d’Enlène. Elle représente deux personnages, intimement mêlés, l'homme derrière, en position haute et dominante, enserrant la femme aux cheveux vers l'avant. Il s’agit là d’une position de mammifères tout à fait cohérente avec le rôle de zone érogène privilégiée que nous avons vu se dessiner pour le massif fessier. La femme tire la langue (signe d'extase ou de souffrance lors du coït ?), alors que deux traits verticaux tombant du gland de l'homme pourraient signifier une éjaculation.

Même si la sexualité dans l'art paléolithique est très rare, elle est néanmoins latente dans les esprits, et ses représentations sont le prélude à la douceur et à la tendresse pour certaines d'entre elles.

 

Étant donné le nombre, la qualité d'exécution et la situation des représentations ayant trait à l'humain et au sexe par rapport aux graphies animalières (les figures humaines sont peu nombreuses, justes esquissées, minimalisées, placées au fond des cavernes), on peut difficilement dire que les tabous sexuels n'existaient pas au Paléolithique Supérieur.

Toutes les sociétés ont créé des normes et des interdits dans le domaine de la sexualité, sources de limitations et fondements de structures de parenté. De plus, à partir de la puberté, la disponibilité sexuelle fait des humains des « amoureux permanents » (la fécondation, comme la grossesse et l'accouchement, peut se produire à n'importe quelle saison), ce qui donne tant d'importance à la sexualité, lato sensu (au sens large), dans notre vie de tous les jours, et ce à toutes les époques.

Quand le sexe demeure dans le monde auquel il appartient, c’est une force positive qui donne du plaisir et de la joie aux humains. Quoi qu’il en soit, l’acte sexuel est toujours exempt de tout jugement moral négatif. Ce qui peut être jugé négativement, c’est l’usage qui en est fait dans un contexte inapproprié. Ainsi, le jugement négatif est davantage lié au danger que représente le sexe, plutôt qu’à l’appréciation morale portant sur l’acte sexuel.

Le sexe équivaut au danger, il est une force destructrice qui peut menacer l’ordre social lorsqu’il envahit l’univers familial qui représente justement en grande partie l’ordre social. Le sexe doit être à sa bonne place, dans l’obscurité, dans le silence, il doit être caché et clandestin ; sinon il est danger, inceste et chaos.

En brisant le tabou de l’inceste, les frontières qui définissent les liens de parenté sont transgressées, parce que les liens de parenté sont définis par une absence de contact sexuel. L’inceste peut être perçu comme l’invasion d’une entité par son contraire : là ou règne la famille, il n’y a pas de sexe et, vice versa, l’intrusion du sexe annihile tout lien de parenté. Cet aspect du sexe n’est pas confiné à l’espace familial mais s’étend à tout le social (la sphère du social étant largement influencée par la parenté). Les frontières entre la famille et le sexe doivent être sérieusement préservées et cela n’est pas une tâche aisée. Le sexe devient censuré et confiné à la clandestinité, privé de toute expression socialement reconnue. C’est la raison pour laquelle le sexe, et même le sexe licite, doit être hors de portée de vue, il doit être clandestin. Le sexe représente une limite à la fois stricte et dangereuse mais aussi essentielle et nécessaire, puisqu’elle sert à définir les liens de parenté et l’ordre social. Il existe un parallèle entre la division de l’ici et de l’au-delà, du social et du clandestin (ce qui peut être accepté dans l’ordre social et ce qui doit être caché). Le monde humain, l’ordre social, la famille, l’espace domestique, le temps journalier et la vie peuvent être associés et opposés à l’au-delà, au clandestin, au sexe, à l’environnement, à la mort et à la nuit. Si le sexe appartient au dernier groupe, il est aussi présent dans le premier en tant que menace, danger, intrusion, mais aussi en tant qu’élément autorisant l’établissement d’une ligne frontière entre ce qui appartient à un monde ou bien à un autre. Le sexe devient alors un jeu, ce qui est bien représenté dans les mythes, avec des tours, des obstacles et des dispositifs surnaturels. Il est nécessaire de connaître les règles et de maîtriser le jeu pour en éviter les dangers et en profiter tout à la fois. C’est surtout la question de savoir et de respecter les limites qui définissent l’ordre social, ce dernier semblant pouvoir être perturbé par la seule présence du sexe.

La morale des mythes est alors de résister à l’attraction exercée par le joli vagin et de ne pas perdre sa raison (l’ignorance qui mène à l’inceste représente lui aussi un danger latent lié au sexe et duquel il faut se méfier).

 

Un comportement à connotation sexuelle est permis uniquement entre gens de même genre sexuel et de même âge, ou bien entre les amoureux. À l’exception de ces contextes, la simple allusion au sexe doit être évitée. Ce comportement est lié à la peur de l’inceste. En évitant toute connotation sexuelle, l’espoir est de ne pas réveiller les appétits sexuels entre gens incompatibles, en particulier entre les frères et les sœurs. C’est ce qui cantonne le sexe à la clandestinité, ce qui ne veut pas forcément dire à l’illicité, mais rend tout contact sexuel très difficile (même les épouses doivent se cacher). Les couples mariés, comme les amoureux, craignent d’être découverts, même s’il ne s’agit pas d’un adultère. Le sexe est toujours clandestin et les conditions doivent être arrangées pour que les gens soient bien cachés.

Le risque d’être découvert lors d’une rencontre sexuelle est ainsi vécu comme inhérent au danger du sexe.

Le sexe est dépeint comme une force irrésistible et lui succomber cache de grands dangers, sachant que les esprits peuvent utiliser le sexe comme un leurre pour éveiller la colère au sein du groupe. Le sexe implique aussi d’autres types de dangers qui ne sont pas toujours liés au monde surnaturel mais plutôt à des sanctions sociales ou à des troubles personnels. C’est le cas par exemple des femmes adultères et des maris qui sont confrontés à l’opprobre public à cause de leurs déviances.

 

Comme le sexe est clandestin, il n’y a pas d’espace ni de temps consacré au sexe. Les occasions doivent être capitalisées et cela requiert de l’intelligence, de la futilité et de la supériorité. Les endroits et le temps sont improvisés et les rapports sexuels se déroulent en secret, la nuit ou pendant de courts instants volés à la routine.

Les arguments développés dans les mythes érotiques sont en total accord avec les difficultés auxquelles les humains sont confrontés dans la vie réelle. Le sexe pré-marital est autorisé et largement pratiqué, si bien qu’il n’y a pas de transgression lors d’un rapport sexuel entre une femme et un homme célibataires, ce qui importe étant le consentement de l’un des partenaires (le plus souvent celui de la femme). Dans ce contexte où le sexe se bat pour se réaliser, les tours surmontent les difficultés (au moyen de la magie des esprits, ou des qualités humaines) et acquièrent une grande importance. Cet aspect clandestin du sexe, produit chez les hommes de l’anxiété : ils sont très concernés par « l’accès » à une femme désirée, par les obstacles qu’ils vont devoir surmonter (comme le fait d’être obligé de se faufiler dans une habitation la nuit sans être vu, entendu ou découvert) mais aussi tout particulièrement par le refus de la femme. Ce refus est sans doute l’obstacle principal et doit être résolu par n’importe quels moyens, notamment le « vol astucieux ». Ce qui compte, c’est le tour qui a permis d’accéder au corps désiré et le sexe des personnages présents ne varie pas : le rôle actif est tenu par un homme et l’objet sexuel est toujours une femme. Ce thème principal du tour qui rend possible l’accès à la femme désirée reflète l’une des préoccupations majeures des hommes qui essayent de la même façon de passer outre le refus ou la résistance de leurs femmes, ou qui évitent d’être confrontés à leur volonté.

Le terme de vol évoque ainsi le procédé qui consiste à aliéner quelqu’un par la séduction et/ou accéder à son corps sans son consentement.

Dans le domaine de la sexualité, on ne compte que deux ou trois scènes de préliminaires de coït véritable, ainsi qu'une demi-douzaine de femmes en train d'accoucher. Un petit bloc de calcaire de Terme Pialat (Dordogne) montre une femme de profil, fessue, au sein tombant, et un personnage de face, massif et semblant arborer un sexe masculin allongé, renflé à sa partie supérieure (au gland donc) « en bilboquet ou en massue ». Ce serait une des rares images de couple, avec celle d'un bâton percé de la Vache (Ariège), orné en bas-relief d'un homme mince à fort thorax, porteur de sagaies, d'une femme au fessier rebondi et d'un troisième personnage d'allure masculine. Cette discrétion fait partie du non-dit de ces graphismes qui en est le quatrième thème de l'art paléolithique, après les animaux, les humains et les signes.

Une question se pose à laquelle seule une réponse prudente et nuancée est possible. Il s’agit de tenter de faire la part entre le désir de reproduction et la recherche du plaisir sexuel, les images de maternité et les images de féminité.

Au départ, seule la première fonction a été envisagée par les préhistoriens, d’où l’hypothèse des déesses-mères et la recherche obstinée d’indices en faveur d’une éventuelle magie de la fécondité. En faveur de la reproduction, un argument fort : le nombre de grossesses représentées mais quasi-absence de représentation de l’accouchement. Rappelons qu'il existe une évolution dans le temps de ces représentations féminines et deux grands courants qui ont produit de nombreuses statuettes de femmes : le Gravettien, puis le Magdalénien. Au Gravettien, soixante-dix pour cent des femmes représentées étaient enceintes, avec d'importants dépôts graisseux ; plus que quarante pour cent au Magdalénien. De même, l'artiste insistait davantage sur la représentation des seins (de nourrice). Au Magdalénien, ce sont les figurations vulvaires et fessières qui prédominent.

Un important argument contre : tout au long du Paléolithique les fesses paraissent avoir eu une grande importance mais il s’agit, parmi les zones érogènes majeures, de celle qui est la moins concernée par la reproduction. Si la sexualité avait été centrée principalement sur cette fonction, les seins auraient dû occuper la première place. À cet égard, une évolution semble se dessiner : au Gravettien l’importance donnée aux seins et aux fesses est à peu près égale, au Magdalénien les fesses prédominent, tendant à devenir le caractère sexuel féminin essentiel sinon unique. On relève également une diminution des grossesses représentées.

Autre argument en faveur de la sexualité pour le plaisir : la rareté des représentations d’enfants et l’absence de toute scène associant mère et enfant, de figuration d’allaitement par exemple (la même situation se retrouve d'ailleurs pour les figurations animales). Les enfants isolés sont eux-mêmes très rarement représentés, ce point est d’autant plus remarquable que l’étude des empreintes de pas montre la présence d’enfants aux côtés des adultes dans les grottes ornées. Pourtant la pénétration en grotte profonde ne devait pas être une opération de tout repos et sans danger pour un adulte et encore moins pour un enfant. Dans cette perspective il faut également citer les mains d'enfants négatives de Gargas et les nombreuses sépultures d'enfants. Si les enfants que l’on sait par ailleurs très présents aux côtés des adultes sont éludés ce n’est pas sans raison : ils étaient hors sujet. Les enfants n’étaient pas, pour autant, négligés. Ils étaient de façon courante aux côtés des adultes. Mais banals à leurs yeux, ils n’étaient que peu ou pas représentés. Il est aussi possible que, comme dans les peuplades où la mortalité infantile est très élevée, les enfants n’aient commencé à exister réellement aux yeux des adultes qu’après avoir franchi le cap dangereux des premiers mois, voire des premières années.

 

Il paraît tout à fait possible que la reproduction n’ait pas été au Paléolithique une préoccupation de premier rang. La sexualité pourrait donc avoir été beaucoup plus largement tournée vers la recherche du plaisir. En témoignent les statuettes, dites Vénus, chez qui les éléments sexuels (triangle pubien, seins, ventre, fesses, cuisses) sont majorés alors que tout ce qui n’est pas sexuel est éludé sans pitié. En témoignent également les multiples représentations féminines partielles : triangle pubiens fendus, profils fessiers et claviformes, comme, sur le versant masculin, les ithyphalliques et les phallus sculptés ou gravés.

Les représentations humaines paléolithiques montrent ainsi clairement la place centrale qu’occupait la sexualité dans l’univers psychique des premiers sapiens. Si l’intérêt qu’ils portaient aux grands herbivores, bisons et chevaux, est toujours en grande partie mystérieux, leur traitement de l’image humaine est clairement dirigé par la pulsion sexuelle. Dans ce cadre, les fesses apparaissent assez nettement comme une zone érogène privilégiée. Plus que des célébrations de la maternité, ces images expriment vraisemblablement une sorte de fascination pour le plaisir sexuel.

La sexualité préoccupait fortement nos ancêtres : ainsi, le sexe était tout ce qui touchait particulièrement la vie de l'homme, celle de la femme et celle de l'enfant, mais la sexualité ne concerne pas que la vie quotidienne. Le sexe intervient également dans les religions de la Préhistoire, en positif ou négatif (toutes les sociétés ont créé des normes et des interdits, sources de limitations et fondements de structures de parenté). Rares sont les activités qui ne sont pas liées au surnaturel, qui ne requièrent ni rituels ni chants et qui n’invoquent pas les esprits ou la magie. Le sexe semble être une force de l’entre-deux : il est humain pas essence, mais son lien avec le monde surnaturel montre combien la nature humaine n’est pas suffisante à sa définition.

C’est, dans une certaine mesure, le point qui relie les habitants de la terre et ceux de l’au-delà, aussi bien les esprits que les ancêtres, une porte entre deux mondes complémentaires et opposés : l’ici-bas et l’au-delà. Si nous nous penchons sur l’ordre social mortel, nous trouvons que le sexe joue encore un rôle liminal (stimulus qui est juste au niveau du seuil du perceptible) entre deux sphères opposées (la famille et le groupe). Et si les tabous sexuels ont été et sont encore prescrits pour toutes ces actions, c’est bien parce que le sexe est considéré comme une force gênante qui peut venir gâcher les autres activités.

 

On assisterait au cours du paléolithique supérieur à une socialisation de la sexualité, notamment grâce à une meilleure compréhension de la relation qu’il y a entre le sexe et le monde surnaturel, ces forces non humaines qui font que le sexe est dangereux. Cette relation particulière modèle la conception de la sexualité où le sexe, aussi humain puisse-t-il être, est en quelque sorte enraciné dans un monde non humain.

Les esprits sont rendus responsables de très nombreuses maladies, et quand ils provoquent des maux, le sexe en est la cause première. Les gens qui s’approchent de lieux habités par les esprits après avoir eu des relations sexuelles, des pensées sexuelles, en chantant des chants d’amour ou en pensant à leur bien-aimé, sont des victimes toutes désignées.

Le sexe est comme une porte que les humains ouvrent sur un monde ténébreux.

Il existe des esprits dont le désir d’avoir des rapports sexuels avec les humains est grand, souvent les personnages les plus populaires des légendes, en particulier des légendes érotiques. Leurs relations avec les gens d’ici-bas n’ont pas toujours d’heureuses conséquences pour les humains. Il s’agit d’esprits escrocs, qui aiment montrer leur supériorité sur les gens et les autres esprits, en leur jouant des tours et en ayant un comportement malin. Mais ils apportent aussi aux gens de nouvelles techniques, comme le tatouage (nature sexuelle du tatouage, qu’ils considèrent être « un véritable leurre d’amour ») ou les aident pendant les périodes difficiles, lorsqu’une intervention surnaturelle est requise. C’est leurs relations avec le monde des humains qui les rendent si proches du sexe : c’est la meilleure représentation du sexe, qui peut être pensé comme à la fois enraciné dans le monde des humains et dans le monde surnaturel.

 

Les légendes érotiques nous donnent une représentation exagérée des idéaux du sexe. Deux aspects principaux dans les légendes érotiques sont intéressants si l’on veut comprendre la sexualité préhistorique : d’une part, le parallélisme ou la continuité qui existe entre le sexe des légendes et le sexe de la vie réelle et d’autre part, l’expression de la relation entre le sexe et le monde surnaturel. Je vais discuter de la continuité entre la vie et les légendes, où les aspects qui préoccupent les humains sont les plus représentés. Dans ces légendes, les solutions aux préoccupations des humains sont données par la magie. Ce sont des solutions auxquelles les humains n’accèdent qu’en rêve.

Dans ces légendes, il y a peu de romantisme lié à la séduction et le but principal est de supprimer toute résistance pour accéder aux demandes sexuelles. Les séducteurs utilisent la magie ou les pouvoirs surnaturels qui ont pour effet d’annihiler la volonté de la personne séduite ou qui permettent d’avoir accès à son corps sans être remarqué. Ces types de pratiques trouvent aussi une justification au simple fait d’avoir un rapport sexuel avec une femme. L’intérêt du mythe n’est pas d’éveiller le désir sexuel de ceux qui écoutent, mais de les amuser grâce aux tours astucieux qui ont été mis en œuvre pour provoquer la rencontre sexuelle illicite ou découvrir l’objet du délit. Les personnages féminins ne sont pas toujours les victimes des tours, il leur arrive d’être satisfaits des rapports sexuels autant que l’escroc lui-même. Le rôle joué par les femmes est alors un rôle passif, celui qu’on attend généralement de leur part. Elles peuvent désirer nouer une rencontre sexuelle, mais elles ne prendront pas (et ne sont pas supposées prendre) l’initiative pour autant.

Les légendes ne sont pas simplement un reflet de ce qui se passe dans le monde des humains. Elles sont, avec les mythes et les récits qui concernent les êtres surnaturels, une fenêtre sur le divin et le monde ténébreux. Dans ce cas particulier, ils nous permettent d’avoir un aperçu de ce que les humains ont imaginé à propos du sexe en dehors de la chair et de sa dimension non humaine. Ils nous renseignent aussi sur ce qu’ils pensent être implicite à propos du sexe. Le sexe semble toujours représenter une tension liminale entre deux sphères opposées. Le sexe est le point liant le monde des humains et le monde des non-humains : c’est ce qui attire les esprits et est un leurre pour les humains. Les esprits connaissent les secrets de la force du sexe et les humains ne le maîtrisent pas assez pour pouvoir y résister. La maîtrise des esprits peut seulement être comparée dans le monde des humains à la magie. Dans tous les cas de figures, une intervention surhumaine est nécessaire pour contrôler la force du sexe comme pour y résister. L’amour (l’amour sexuel) est considéré comme une aliénation, comme un sort magique, non comme étant de l’ordre de la nature humaine. Être attiré sexuellement par quelqu’un (de manière passionnée) ne peut pas être pensé sans faire référence à la manipulation de l’esprit de la victime par la magie.


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L’élément le plus marquant et le plus émouvant de l’art paléolithique est représenté par les célèbres Vénus, que l’on trouve sur une période de vingt millénaires et sur une étendue de neuf mille kilomètres (mais surtout au Gravettien, entre environ -29 000 et -19 000 ans). La plupart des Vénus sont sculptées en statuettes dans les matériaux les plus nobles (ivoire, os, pierre, argile ; pour créer l’une des Vénus de Moravie méridionale, les peuples d’il y a plus de 24 000 ans ont même inventé la technique de la terre cuite – uniquement dans le cadre des statuettes votives, jamais pour des ustensiles pratiques –, procédé qui sera perdu pour être redécouvert au Néolithique), mais certaines sont gravées ou sculptées en bas-relief.

 

Sur l’immensité du territoire russe, l’art paléolithique se manifeste en deux groupes géographiques distincts : la Russie européenne (c'est-à-dire la plaine russe) et la Sibérie orientale.

À Kostenki sur le Don vers -24 000 / -18 000 (Gravettien), les statuettes féminines sont généralement bien proportionnées et réalistes (bien que certains détails soient exagérés à outrance : seins volumineux et pendants, énorme ventre gonflé, des bourrelets de graisse dans la région du bassin et des hanches : femme-mère). Sans compter de nombreux fragments, on connaît actuellement près de trente figurines en ivoire complètes ou presque, ainsi qu’une dizaine en marne calcaire (une gravure sur une plaquette en marne calcaire). Les statuettes de l’Europe de l’Est portent deux ceintures, l’une au-dessus des seins, l’autre en-dessous du ventre. La lanière passée autour de la taille et des poignets a pu être interprétée comme un procédé pour faciliter l’accouchement. Les mains reposent souvent sur le ventre.

Sur le site de plein air de Zaraysk, à 155 km au sud-est de Moscou (site le plus septentrional connu), on a trouvé des œuvres qui, par leur beauté et leur qualité artistique, sont à relier à d’autres, plus au sud, dans les régions ukrainiennes d’Avdeevo et Kostenki, dans la vallée du Don. Au-delà de plaques d’ivoire gravées et de décorations géométriques, le site livra des statuettes de femmes aux hanches larges (taillées dans de l’ivoire de mammouth), des figurations de grands mammifères. Ainsi, une tête de bison sculptée avec grande maîtrise ainsi qu’un beau collier confectionné à partir de 41 dents de renard arctique furent déposés avec soin au fond de petites cavités intentionnellement creusées (dépôt de sable vers le sud, dépôt d'ocre rouge vers le nord), recouvertes par des os de mammouths.

 

En Russie occidentale, on signale des figurines humaines stylisées en forme de tiges, parfois couronnées d’une tête. On les suppose masculines (bien qu’elles soient dépourvues d’attributs masculins primaires ou secondaires), dans le sens où chacune de ces figurines se distingue à sa manière des statuettes nettement féminines. Il faut remarquer que des représentations masculines nettement marquées sont très rares dans l’art paléolithique.

 

Tandis que les statuettes de l’Europe de l’Est ressemblent à celles de l’Europe centrale (comme Willendorf et Dolni-Vestonice) et de l’Ouest (spécialement les spécimens de Brassempouy, Lespugue et le bas-relief de Laussel), celles de Sibérie en sont bien distinctes.

Alors que les statuettes européennes représentent des femmes aux formes opulentes (pour autant, la première statuette humaine découverte en France en 1864, la « Vénus impudique », a des formes assez loin des critères de Leroi-Gourhan : ses hanches sont peu marquées, la poitrine très peu développée...Filiforme, elle représente certainement une adolescente ou une jeune fille, dont la netteté du sexe lui a donné son nom de Vénus « impudique »), même quand il s’agit de statuettes allongées et assez sveltes, les statuettes sibériennes n’indiquent jamais ces formes d’une façon claire. Les seins sont le plus souvent marqués par un faible relief ou une rainure peu profonde, les hanches sont à peine accusées, les fesses ne s’élargissent pas, ni à l’arrière ni sur les côtés, mais en même temps elles sont relevées, parfois considérablement.

Quant à leurs proportions, contrairement aux statuettes européennes dont les têtes sont toujours réduites par rapport au torse, les figurines sibériennes ont une grosse tête (souvent ornée, mais le visage n’est jamais décoré), une petite cage thoracique, tandis que la partie inférieure du torse et les jambes sont parfois démesurément allongées.

 

Certaines des statuettes féminines ont un visage bien individualisé et, sans être de réels portraits, il existe des représentations concrètement différenciées, ce qui incite à y voir des femmes réelles plutôt que des déesses. Presque toutes les femmes représentées sont enceintes, quelques-unes au stade ultime de leur grossesse ; prêtes à accoucher, elles témoignent d’une symbolique forte de la femme-mère. Les statuettes féminines présentent le principe de la fertilité, le miracle de la naissance, la source de la vie : le centre du corps est privilégié, l’important est le ventre. La femme à la corne de Laussel ressemble aux statuettes : la corne portée dans la main peut représenter la lune ou la fertilité (bovine ?).

 

Les statuettes féminines gravettiennes, qu’elles soient françaises, rhéno-danubiennes, russes ou sibériennes, présentent presque toutes un corps plus ou moins complet. Les régions ou organes représentés répondent à un schéma unique et de ce fait significatif (organisation schématique avec inscription des seins, de l’abdomen et des fesses hypertrophiées dans un cercle, et de l’ensemble dans un losange à grand axe vertical). Cette formule si elle s’applique effectivement à nombre de statuettes ne peut pas être généralisée. Un certain nombre de caractères généraux peut cependant être dégagé : sur la partie centrale du corps, seins, abdomen et tissus adipeux de la ceinture pelvienne, fesses, cuisses et sexe sont toujours sur représentés (toutes régions ou organes dont le caractère sexuel ne fait aucun doute, le volume des seins, des fesses, de l’adiposité pelvienne est en outre souvent exagéré) ;·les mains, les pieds, les membres supérieurs et, à un moindre degré, les jambes sont négligés ; les traits du visage ne sont pas représentés (sauf deux exceptions : la Dame de Brassempouy et la tête de Dolni Vestonice). Dans la plupart des cas, la fente vulvaire n’est rendue visible que par une distorsion majeure, les artistes tenant à faire figurer le triangle pubien et à montrer la fente vulvaire, privilégiant la réalité fonctionnelle sur la vérité anatomique (montrant bien tout l’intérêt qui lui est attaché).

Les fesses paraissent un autre point à prendre en considération dans la mesure où, comme la fente vulvaire, elles ont retenu l’attention des Paléolithiques au delà de toute mesure (importance donnée au massif fessier ; vu par les premiers sapiens, il est plus que généreux quand il n’est pas franchement disproportionné).

Ce sont généralement des femmes enceintes, Vénus opulentes, aux formes généreuses (Vénus stéatopyges) à l’origine du supposé culte de la « déesse-mère » pratiqué par les Gravettiens et leurs descendants.

On peut distinguer deux types de figures féminines, presque aussi répandues l’une que l’autre. Les unes sont adipeuses, avec un bassin très développé, des hanches débordantes et donc une disproportion entre le haut et le bas du corps ; on utilise à leur propos le terme de stéatopygie (« à grosses fesses » : ces réserves se constituent dans l'enfance et atteignent leur niveau de développement maximal au cours de la première grossesse, pouvant s'accompagner d'une hypertrophie des petites lèvres ; ces formes pouvaient être considérées comme une marque de beauté et de fertilité). D'autres sont sveltes, ont la taille fine et les seins menus. Face à ces deux types de femmes, certains préhistoriens affirment qu'il ne s'agit pas de la réalité des femmes de l'époque, mais d'une exagération, de l'objet de fantasmes (masculins ?) et de rêves économiques (les femmes opulentes signifiant une richesse de l'alimentation et donc de la cueillette et de la chasse). Toujours est-il que les fesses constituaient au Paléolithique une zone érogène très privilégiée.

 

La réduction du corps humain aux parties médianes (privilège abdominal) conduit finalement à résumer l’individu à un sexe.

L’identité physiologique est essentiellement donnée par la région abdomino-pelvienne ; c'est en effet le moyen de déterminer le sexe d'un humain et de dire quelle a été l'histoire physiologique de cet individu : la femme a-t-elle eu plusieurs enfants, est-elle enceinte, quel est son âge ?... Les représentations féminines sont donc des représentations « fonctionnelles » (fonctions de génitrice, de nourrice, de partenaire sexuelle, ...).

Ce réalisme biologique est l'expression de l'identité biologique de la femme dans son vécu fonctionnel, dans les grandes fonctions du corps féminin : grossesse, accouchement, allaitement. Ces fonctions ont un retentissement sur la morphologie féminine (l'adiposité caractérise la féminité car la fécondité nécessite une certaine masse graisseuse).

 

 

L’art paléolithique, rupestre et mobilier, peut fournir les éléments d’une riche réflexion sur la place de la femme dans la préhistoire : reproduction sociale, fécondité, relations humaines, affectivité, valeurs exprimées incluses dans la notion de féminin. Les sites du Paléolithique supérieur ont livré des images de femmes d’une grande variété et souvent d’une grande beauté.

Dès ses origines, l’art pariétal donne une place aux figures féminines. La plus ancienne des grottes ornées aujourd’hui connues (la Grotte Chauvet, -30 000 ans avant le présent), livre en effet, à côté des thèmes habituels du bestiaire, des symboles et des images évoquant les formes féminines, et qui constitue comme une « matrice » des thèmes que l’on retrouvera, inlassablement répétés, tout au long de la préhistoire. Des vulves stylisées sur les parois des grottes, des silhouettes féminines gravées dans la roche, des corps graciles ou plantureux sculptés dans la pierre ou dans l’ivoire, modelés dans l’argile, sont connus depuis le début du Paléolithique supérieur. Les Vénus de Laussel, de Lespugue ou de Brassempouy en France, de Willendorf en Autriche, de Dolni Vestonice en Moravie, d’Avdeevo et de Kostienki dans la plaine russe, nous donnent sous la forme de statuettes d’ivoire, d’os ou de calcaire, les versions les plus anciennes de ces portraits de femmes (plus tard, ce seront les silhouettes gravées en bas-relief de Laussel, ou celles, plus lascives, de la Magdeleine et d’Angles sur l’Anglin). La plupart de ces figurations paléolithiques exhibent seulement la partie centrale de leur corps : les traits du visage, le dessin des bras, des mains ou de l’extrémité des jambes n’importaient pas.

Certains y ont vu l’expression de rites de chasse ou de fécondité, voire même l’expression sans détour de la libido masculine, l’équivalent préhistorique de notre pornographie. D’autres y ont vu la preuve d’un matriarcat primitif ou d’une religion de la Grande Déesse.

 

L’abbé Breuil voulut voir dans l’art pariétal paléolithique une expression religieuse et magique, liée au mode de vie des grands chasseurs. L’image de la femme (ou la vulve qui la représente) exprimerait la notion et le désir de la fécondité ou serait liée aux rites de la chasse, c’est-à-dire aux préoccupations d’une survie immédiate. Prenant pour point de comparaison les rites africains de fertilité et de fécondité, les coutumes des Esquimaux ou des Australiens, Breuil interprète les figurations d’animaux-bisons de Dordogne (aux bosses cervicales exagérées, mâles suivant de près les femelles, parfois gravides) comme traduisant une « magie de reproduction du gibier » ; la représentation particulière des figures féminines, qui magnifie les caractères sexuels, et qui figure parfois des femmes enceintes, serait elle aussi liée à la magie de fécondité.

Pourtant, cette hypothèse qui peut valoir pour les images des animaux, dont la reproduction est la condition inéluctable de la survie du chasseur, est discutable en ce qui concerne les figurations humaines : au point de vue économique, la multiplication des chasseurs accroit la concurrence pour la nourriture dans une plus large mesure, semble-t-il, qu’elle ne facilite la chasse par l’entraide, et d’ailleurs les enfants ne deviendront utiles comme chasseurs qu’à échéance lointaine et resteront pendant de longues années des bouches inutiles. Ainsi, pour le psychanalyste Henri Luquet en 1926 (idée d’abord émise par Freud en 1917) « ce n’est pas le caractère générateur de la femme, mais son caractère voluptueux qui avait éveillé les auteurs de ces œuvres ». Il y aurait selon lui dans ces représentations une forme d’érotisme gratuit (silhouettes de femmes aux attributs sexuels exagérés, femmes « ployées » ou lascives, innombrables vulves dessinées sur les parois des grottes), essentiellement masculin, peut-être lié à la frustration sexuelle, induite par la dureté de la vie et le manque de ressources alimentaires en certains moments de l’histoire humaine (l’époque glaciaire).

Les statuettes féminines du Paléolithique supérieur seraient l’extériorisation des besoins et des désirs des hommes de ce temps, les auteurs des figurations rupestres paléolithiques étant pour l’essentiel de jeunes chasseurs, de très jeunes hommes.

Des modèles ainsi proposés, il faudrait conclure que l’art paléolithique est dans sa totalité (et plus spécifiquement dans les figurations féminines qu’il propose), un art viril, fait par et pour les hommes, qui traduit la dominance mâle dans les tribus des grands chasseurs paléolithiques. La femme paléolithique serait ainsi une reproductrice dont seule la grossesse importe, ou un objet sexuel, incapable de subvenir à ses besoins, et dont les faveurs s’échangent contre le butin de la chasse.

 

Le caractère plus ou moins érotique d’une figure nue peut être en grande partie déterminé par le contexte et tel était le cas semble t-il au Paléolithique, en particulier pour les statuettes Gravettiennes. En outre une figuration féminine nue peut fort bien être érotique tout en étant belle (les premières sculptures de la femme sont des statuettes et statues exprimant la séduction de l'être désiré, la beauté de son corps, l'érotisme de ses attraits, la fascination de son sexe) et avoir pour les paléolithiques une résonance franche dans l’opposition humain-animal. En effet, la femme dans l’art paléolithique, souvent présente, se veut discrète et n’essaie pas de rivaliser avec les grandes fresques animalières des grottes : elle prend la forme de petites statuettes, de gravures, de bas-reliefs ou de peintures dans les endroits confidentiels des sanctuaires souterrains.

 

De fait, l’art est bien une expression des modes de vie et de la conscience sociale, d'où prédominance d'animaux (production) et de femmes (reproduction) de l'économie politique. La condition des femmes est toujours – plus ou moins, voire assez peu – inférieure à celle des hommes. Chez les chasseurs-collecteurs, tout ce qui met en jeu un écoulement de sang ou l’évoque relève du domaine masculin. Cet arrangement simple de division sexuelle du travail (ou de dichotomie sexuelle) est illustré par de nombreux exemples, un des plus démonstratif étant fourni par une scène de la caverne d'Addaura en Sicile, où un homme portant des armes sur son épaule est suivi d'une femme enceinte portant un fardeau sur ses épaules (un fardeau – baluchon de provisions – semblable fut être trouvé à Gönnersdorf, Allemagne). Il existe ainsi une division sexuelle du travail réservant la chasse active, sanglante (pour autant, les femmes participaient très souvent à la chasse mais le faisaient toujours sans employer aucune arme typique de la chasse, plutôt en rabattant le gibier, ou en le prenant dans des filets, voire mettaient à mort leur proie mais sans effusion de sang), et l'équarrissage, aux hommes, quelques heures par jour : force est alors de conclure que les grands peintres et graveurs étaient des hommes plutôt que des femmes. Et ils disposaient sans doute de plus de temps libre que leurs compagnes. Au Paléolithique le plus ancien, les activités féminines étaient sans doute liées au charognage, au dépeçage, à la transformation et au transport des animaux morts. Mieux que les autres singes, les humains vont pouvoir nourrir leur cerveau des acides aminés et du phosphore de la chair des animaux charognés ou chassés. Ces activités ne requièrent pas une force physique particulière et la femme a parfaitement pu y participer. Dans des environnements où la chasse et la cueillette sont à peu près d’égale importance, la répartition des tâches entre les sexes correspond exactement au partage animal et végétal. Il est à noter que les végétaux (graminées sauvages ou tubercules) représentent souvent la moitié de l’alimentation des chasseurs-collecteurs : la collecte est bien plus régulière et abondante que la chasse, risquée et à l’efficacité assez faible compte-tenu du temps passé. Bien que les femmes emmènent avec elles les enfants en bas-âge, les expéditions de cueillette conduisent les femmes à effectuer des déplacements beaucoup plus importants que ceux qu’effectuaient les hommes au cours de la chasse. Ces « compléments alimentaires » féminins devaient souvent être la seule source de nourriture pour le clan : l'apport végétal devait constituer de 20 à 50% des 3 000 kcal de leur ration énergétique quotidienne, suivant que le climat était froid ou tempéré. Chez l'adulte, les besoins réels en protides amenés par la viande sont en réalité assez réduits : moins de 200 grammes de viande maigre par jour (juste ce qu'il faut pour le maintien de la masse musculaire et des autres tissus, car nous n'avons pas de réserve en protéines, le rôle des protides est donc très secondaire). Le vrai rôle de carburant revient aux lipides, dont la chair du gibier n'est pas très riche, et surtout aux glucides des plantes, indispensables aux muscles et au cerveau (sachant que les chasseurs-collecteurs étaient plus sédentaires qu'on ne le pensait).

 

En Russie, sur la surface des sols d’habitation (ou plus souvent ensevelies dans des fosses de détritus et en partie brisées, figures abandonnées et retrouvées face tournées contre le sol), on découvrit nombre de figurines d’ivoire ou de calcaire sculptées. Ces statuettes féminines avaient les mêmes formes opulentes que certaines des Vénus Paléolithiques d’Europe occidentale.

Pour certains, les représentations féminines caractéristiques de cette époque incarnent à la fois le rôle social et économique de la femme, mais aussi son rôle spirituel, comme support iconique d’une idéologie dominée par les femmes-mères, au sein d’une organisation sociale de type matriarcal. Pour eux, l’image de la femme, fixée par les statuettes, montre le rôle important qu’avait la femme-mère dans la communauté du Paléolithique supérieur. Elle représentait à la fois la femme-maîtresse de maison, du foyer et du feu dynamique, et la femme-ancêtre à laquelle se rattache l’idée de la femme gardienne d’une puissance magique capable d’assurer le bon déroulement d’une des principales activités de subsistance, la chasse.

En Russie, les statuettes féminines sont toujours trouvées à proximité de grandes quantités d’ossements. Les figurines animales conventionnelles symboliseraient le besoin de chasse, base économique de l’homme préhistorique. La femme représenterait donc la structure sociale et les valeurs économiques d’une société où le mammouth joue un rôle à la fois économique et symbolique de premier plan.

Pour autant, il ne faut pas confondre matriarcat avec l’existence de groupes sociaux à transmission matrilinéaire ou pratiquant la matrilocalité, c'est-à-dire la constitution du foyer au lieu même de l’habitation des femmes. Le mythe du matriarcat primitif peut être un moyen de reléguer le pouvoir des femmes dans un passé perdu, d’inventer une mythologie dont la fonction n’est autre que de cautionner l’état présent des rapports de hiérarchie et de domination des femmes par les hommes. Le matriarcat primitif est maintenant abandonné au profit d'un système matrilinéaire : c'est par la femme que se créé la famille, sans pour autant lui donner un pouvoir hiérarchique ou politique. Beaucoup de peuples sont matrilinéaires (appartenance à un groupe, à un clan ou à un lignage en fonction de la mère et sans considération du père), mais la condition des femmes n’y est pas meilleure qu’ailleurs, les fonctions et les pouvoirs du père y étant tenus par l’oncle maternel. La seule situation qui confère un certain pouvoir, ou tout au moins une grande autonomie, aux femmes est celle de la matrilocalité, le fait que les femmes résident ensemble de mères en filles dans le même lieu où viendra s’installer le mari. Partout les hommes payent pour avoir une épouse, dot qu’ils payent au père de la future femme : les hommes font des transactions entre eux dont les femmes sont les enjeux. Les chasseurs-collecteurs, n’ayant en général pas de biens valorisés à fournir au beau-père, payent de leur personne en se mettant au service du beau-père pendant un certain temps (plusieurs mois voire plusieurs années).

Chez les Aborigènes australiens, une fille est promise à un homme et engagée vis-à-vis de lui dès avant sa naissance. La différence d’âge au premier mariage est en général d’une trentaine d’années et le taux de polygamies est extrêmement élevé (jusqu’à treize femmes). D’un autre côté, toute femme est libre d’avoir des amants pourvu que cela n’interfère pas avec son activité de cueillette dont le produit doit revenir au mari ; un enlèvement, au contraire, qu’il s’agisse d’une femme mariée ou d’une fille promise, déclenche la vendetta qui doit se solder normalement par mort d’homme ou, ce qui revient au même, remise d’une femme en tant qu’épouse. Les filles se marient à la puberté, quelques fois après des rites de puberté, improprement appelés rites d’initiation (même si les filles sont déflorées et violées par plusieurs hommes de la tribu).

 

Si beaucoup de peuples racontent dans leur mythologie qu’autrefois les femmes avaient le pouvoir et tenaient les hommes sous leur joug, si les mythes parlent d’un temps où les femmes avaient été les seules à connaître les secrets des objets sacrés, ce n’est que pour justifier la domination actuelle des hommes, liée au fait qu’ils soient les seuls, depuis toujours puisque les femmes ne sont jamais initiées au spirituel, à connaître et à manipuler ces objets sacrés. Étant séparées des armes, les femmes sont exclues de la guerre. Tout pouvoir politique étant en dernière analyse fondé sur la possibilité d’un recours à la violence, les femmes sont également exclues du pouvoir politique (au mieux elles n’ont qu’un pouvoir d’influence sur les décisions, même si celui-ci peut être important). Bien que les religions de chasseurs-collecteurs nomades ne mettent jamais en œuvre le sacrifice, elles sont centrées sur le sang symbolisé par les objets sacrés, d’où les femmes en sont totalement exclues.

Les conditions de vie étaient d'une telle dureté, aux temps préhistoriques, que toutes les ressources humaines devaient être utilisées et complémentaires. Cela n'induisait pas forcément un rapport de force entre les individus et les sexes, mais plutôt de la coopération. Même si l’on se limite aux conceptions traditionnelles qui assignent aux femmes les soins du foyer et des enfants, elles peuvent exercer, dans ce cadre, un certain nombre d’activités, à condition qu’il s’agisse de taches non dangereuses, qui n’exigent pas une grande mobilité, et peuvent être souvent interrompues. De fait, de nombreuses activités répondent à ces critères. Si l’on admet par exemple que les activités de tissage et de filage sont dans beaucoup de cultures le domaine des femmes, il se peut bien que ce soient elles qui aient inventé, il y a quelque 20 000 ans, la corde et l’art du tissage de fibres végétales, dont témoignent les parures et les vêtements qui ornent certaines statuettes paléolithiques : ainsi, la résille qui coiffe la « dame a la capuche » de Brassempouy, le « pagne » de la Vénus de Lespugue, les « ceintures » des Vénus d’ivoire de Kostienki, qui sont peut-être des moyens de portage des bébés. Contrairement aux idées reçues, les femmes préhistoriques ont pu être techniciennes, fabricatrices et utilisatrices d’outils : la gente féminine, moins mobile que les mâles chasseurs, pouvait se consacrer à des ouvrages manuels tels que la fabrication d'outils, d'armes ou le tissage (en fibres végétales : plusieurs statuettes anthropomorphes représentent des « vêtements » ou des parures).

 

L’étude des traces de pas dans les grottes ornées et des empreintes de mains positives ou négatives sur leurs parois, les techniques utilisées, ne permettent pas d’exclure que des femmes aient pu participer à l’élaboration des figures rupestres ou des objets de l’art mobilier.

La série des statuettes de Grimaldi, est plus convaincante (la station de Grimaldi près de la frontière française a produit une dizaine de statuettes féminines). Ces figurines sont toutes de petite taille, et certaines comportent un trou en anneau à la partie supérieure qui permet de les porter en pendentifs, tandis que d’autres, terminées en fuseau, pouvaient être tenues dans la main ou fichées en terre. Il pourrait s’agir d’amulettes destinées à protéger la grossesse ou l’accouchement : un usage féminin par excellence, qui ne fait pas intervenir l’idée d’une magie de chasse ou de fécondité, qui ne requiert pas plus la mythologie du matriarcat ou de la « grande Déesse », mais qui met en avant la nécessité pour les femmes de se protéger en un épisode de leur vie lourd d’émotions et de périls. On peut imaginer que ces objets ont pu être fabriqués par des femmes pour leur usage personnel ou pour celui de leurs semblables.

L’idée que l’art rupestre et mobilier préhistorique a pu être réalisé ou utilisé par des femmes trouve d’autres arguments dans le comparatisme ethnographique : chez les Aborigènes australiens, il existe un art sacré réservé aux femmes, qui ne peut être réalisé que lors de circonstances particulières, à un moment et dans un lieu particuliers. Si on admet que l’art paléolithique a pu avoir une fonction rituelle ou spirituelle, certaines images et certains objets étaient peut-être destinés aux femmes ou à l’initiation des adolescentes, plutôt qu’à un usage exclusivement masculin. D’autres analyses ont mis en évidence sur certains sites (par exemple dans le site mésolithique de Lepenski Vir) plusieurs formes artistiques de taille et de facture distinctes qui traduisent peut-être une expression féminine différente de celle des hommes, voire même peut-être opposée à elle. De même, les techniques de fabrication de la poterie pourraient révéler une distribution sexuelle des lieux et des rôles, selon que ces objets sont destinés à un usage domestique ou à des échanges à une échelle plus large, l’importance d’activités de production et de subsistance qui tout au long de la préhistoire pouvaient être pratiquées par des femmes : ainsi, la chasse du petit gibier, la cueillette, la fabrication d’outils de pierre sur éclats, le tissage ou la poterie, la production d’images, figurations gravées ou peintes, de figurines sculptées. On voit alors une femme productive, inventive, artiste ! En parallèle, du point de vue physiologique, les femmes sont les associées sexuelles, les mères de soins et les partenaires sociaux.

 

Il ressort de tout ceci des expressions directes et réalistes, sans pudicité ni interdit : la statuaire féminine séduisante, sexuellement désirante. C'est la sculpture première des humains, la première venue et la prédominante jusqu'à nos jours (sauf quelques interruptions). Nous devinons ici la tradition par excellence de la sculpture. Venue du fond des âges, précédée et attisée par la taille d'outils de plus en plus efficaces et beaux, elle rend clairement la femme et seulement elle, la femme désirée, la femme sexuée, et cela de préférence aux rendus sculptés d'hommes, d'animaux ou autres... Autant d'expressions de la vie, du goût de vivre, de l'espoir de vie. Autant de créations dans la terre, la pierre, le bois, puis le bronze, le verre… qui sont venues et qui viennent avec volupté aux mains des sculpteurs, avec goût d'excellence, avec désir de beauté. Autant de sculptures dont la vue et le toucher ont procuré et procurent du désir et de l'agrément sensible et qui, par là même, Vénus propice à la fécondité, furent probablement favorables aux générations humaines, en tous cas à leur bonheur sur terre (hormis le risque que la femme y soit réduite à un objet de plaisir, ou de culte d'idolâtrie). Le statut important accordé aux femmes peut s'expliquer par leur rareté liée à une forte mortalité infantile et maternelle, mais aussi par leur rôle dans la conception (et la méconnaissance de celui des hommes à cette époque). Ainsi, les représentations féminines préhistoriques ne seraient pas des femmes désirées, mais des femmes sublimées et mythiques. Les statuettes étaient finalement enterrées, souvent à proximité des foyers, lieu du feu et espace social par excellence. La fonction exacte de ces statuettes n’est pas connue. Quelques une présentent un trou de suspension au niveau de l’extrémité de membres inférieurs et ont été employées comme objets de parure. D’autres ont été trouvées dans un contexte archéologique évocateur de rituels. Il pourrait très bien s’agir d’objets de parure et/ou de culte.

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